Le
schéma trinitaire de la révolution interne à l’histoire des
religions, celle de la logique monothéiste est le suivant :
-
Jésus, par les Évangiles et ses témoins, les Apôtres, universalise
la Torah (la Révélation de Moïse Egyptien étant elle-même une
origine différée de ce qui se condense de l’invention de l’écriture
par l’Egypte. Mère de toutes les sagesses d’Orient, ce lien
mythologique de l’Alliance déjà impossible à travers l’archigramme
de l’inconscient, les hiéroglyphes, ouvre justement comme éthique de
l’impossible, un autre espace laïque virtuel, qui distingue sans
opposer le régime de la parole poétique et le régime de la parole
prophétique.
-
En
universalisant la Descente du Coran, Muhamad accomplit la déterritorialisation
de la Loi juive, désétatise le droit issue de la « Parole »
et de l’ « Esprit » de Dieu et relie les deux prophéties
antérieures, Torah+ Évangiles, en leur donnant leurs places généalogiques :
1; 2, 3. Contrairement à une rumeur juive peu scrupuleuse, ni Moïse,
ni Jésus ne sont « oubliés »
par le Coran alors même que nombreuses sont les ratures, les lapsus, le
déni de l’annonce de Mohamad. Autre légende, la dénonciation des
impies, intransigeante dans l’Islam, n’est rien d’autre que la
reprise de l’antique vigilance juive et grecque, ontologique et théologique,
contre toutes formes de magies régressives, d’idolâtries. La somme
théologique, en-deçà et au-delà, de la révolution « catholique »
paulinienne qui siège en premier Concile à Jérusalem, transforme
cette Capitale impoliltique en Ville-Monde. « Ville-monde »,
non pas au sens médiéval de Braudel, mais au sens anthropologique de
ce lieu saint puisqu’il « condense », rassemble, met en
fonction « universelle » les trois Livres d’un seul et même
monothéisme, abrahamique et sémitique.
La
ville de Jérusalem ne marque-t-elle pas le hors lieu immémorial, du
lien imaginal qui joint, Athènes, la patrie terrienne des philosophes,
et les amis célestes du logos,
au-delà de lui-même, les amis du « tous-Un-vers-l’Un »,
d’où s’anticipent et se partagent la question de l'Etre, comme
l’interrogation éthique (irréductible à l’étant de la viande, du
biogénétique comme tel). C’est toujours dans le fond le nouage
politique et ontologique de l’Etre comme Sexe et du Temps comme
gouffre que le sujet se césure ou se fissure. Dieu dans le fond, la foi
en Dieu, en l’Autre est une garanti contre toute croyance de la
religion, notamment ce qui ne fait pas lien mais angoisse pour un sujet
(dasein), entre Etre et Temps, entre Origine et Destin, entre le Sexe et
la Mort.
L’antiphilosophie
comme fonction subversive de la religion non comme effet de la lettre,
du signifiant, du discours, mais hors du simple pathos de toute religion
où se forge finalement l’amour du censeur (Legendre) sous le signe
ventriloque du principe identitaire, du communautaire, voire
ethno-communautaire ou bio politique en ses pires avatars d’exclusion,
de destruction de l’Autre. L’apport en fait de la jeune tradition
psychanalytique, aux côtés de la fonction dogmatique monothéiste,
c’est d’aborder la question juive, la question chrétienne, la
question musulmane par l’Ecrit, la trace, la lettre… jusqu’à sa
plus stricte fonction de trace absente, de signifiant imprononçable en
sa dimension esthétique, liturale, littéraire?
Antiphilosophie :
fonction critique de l’intégrisme, du fanatisme, des ravages du «fondamentalisme
de la langue» issue d’une loi sans désir, ou d’un désir sans loi
qui, faisant de l’exception sa règle, fait de
la décision, décisionisme soit un idéal bio ethnique (annexion
territoriale sur la base d’un pur rapport de force réduisant le droit
au fait) ouvrant à une biopolitique pure.
Vers la
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Humaniser l’humanité
désormais en multitude.
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