L’affaire
du foulard ... la célébration de l’Un, de Dieu contre toute figure
du Tiers...
Et, l’affaire du foulard n’est rien d’autre que le retour prophétisé
par Lacan de la religion sous le trait rebelle de l’hystérie dont la
quête est plutôt la célébration de l’Un, de Dieu contre toute
figure du Tiers. Hystérie de la religion qui met, au nom de l’Autre,
tous les Créon au défi de rendre compte d’une cité des hommes plus
Juste.
Si
Abraham, figure de père réel des trois religions monothéistes est né
en Chaldée, l’actuel Irak, à Ur, dans la perspective de la théorie
des nœuds borroméens, l’Islam, se situerait en place de troisième
rond, celui qui donne consistance symbolique, non pas au Père comme
mythe supposé savoir la Loi divine, mais comme mise en « fonction »
scripturale (la Loi s’incarne dans le Texte coranique lequel récapitule
les précédents : Bible paléo et néo testamentaire) et du coup,
légitime les conséquences des deux tabous « laïques »
constitutifs de toute société, le meurtre du Père, l’inceste par un
lien social politiquement fondé sur la solidarité des frères.
Le
Coran est une théorie du lien social (religieux) qui ordonne, met en
place et à sa place chaque intervention divine : la révolution
mosaïque (interdit de la représentation), la révolution christique
voire paulinienne (universalité de l’impératif de la Loi dont le Père
est une variable imaginaire intégrée par le droit coranique (Charia/Fiq)
et dans le fond, ouvre en droit, virtuellement un espace d’universalité
qui situe la sphère du divin définitivement hors de la logique
patriarcale. Cette remarque vraie sur le plan doctrinal celui de la
dogmatique théologique s’avère faux selon le contexte historique des
régimes politiques où l’Islam a poursuivit la tradition patriarcale
monothéiste, aliénants en ce qui concerne la condition féminine,
interdite de visibilité sociale, politique, absente de tout magistère.
Une heureuse exception qui se propagera avec l’extension de l’éducation,
en Chine, des femmes imams!
Seconde aporie peu commentée, Raul Hilberg permet de penser
l’intensité de la culpabilité de la politique occidentale entre
juifs et chrétiens, musulmans lorsque dans La
Destruction des juifs d’Europe
l’une des références historiques à Hitler est assortie de l’exposé
du fait suivant : « La conférence anglo-américaine des
Bermudes fut un forum de débats inutiles… Au cours des mois qui
suivirent , deux plans de sauvetages avortés furent examinés à
Londres et à Washington. Le gouvernement britannique, par l’entremise
de la délégation suisse de Berlin, proposa de laisser entrer en
Palestine 5000 enfants juifs en provenance du Gouvernement général et
des territoires de l’Est occupés. Le ministère allemand des Affaires
étrangères accepta de remettre les enfants à la Grande Bretagne en échange
des prisonniers allemands. Les Britanniques refusèrent de libérer des
Allemands en arguant que les enfants en question n’étaient pas des
ressortissants de l’empire britannique. »
Sans
foi ni loi, autre que celle de l’exception devenue la règle (Carl
Schmitt), les nazis ont risqué le passage à l’acte de l’inhumain
au cœur de l’humain. Le crime nazi d’avoir visé le principe de la
filiation, «les fils d’Israel en tant que fils », a tenté la
destruction de la limite absolue entre l’humain et l’animal :
l’homo religiosus. Au-delà
du juif, ce crime rend l’humanité étrangère à elle-même. Ce que
A. Arendt expose comme la banalité
du Mal concerne la base de la croyance dès lors qu’elle
stigmatise un pôle phobique du Mal comme peur de l’Autre (communauté)
qui vient… Du coup, ce qui définit d’emblée l’obscénité réelle,
la pornographie virtuelle à la racine de toute croyance, c’est la
stupeur,
version primitive de la stupidité, de l’impératif territorial de
l’animal « pauvre en monde ». (Heidegger), véritable degré
zéro de la croyance. Traiter l’autre, l’autre homme en animal reste
obscène pour l’humain, pour l’animal, tant la confusion des genres
ouvre politiquement la voie à toutes le traitements zoologiques de
domestication des hommes. Il est indécent que l’instrumentalisation
politique de l’antisémitisme ou de la Shoah, puisse cautionner, le
maintien de l’un des plus grands camps où la « vie nue »
devient l’exemple de l’extrême « prolétarisation subjective »
(Legendre) à Gaza ou en Cisjordanie (encore nommée par la métahistoire :
Judée).
Remarque
préalable, dans le vocabulaire anthropologique, l’holocauste est un
sacrifice dont le sens est partagé par le bourreau, la victime, le
public. La croyance s'y trouve sollicitée. La « Shoah » (en
hébreux signifie « catastrophe insensée, imprévisible) est un
sacrifice fou, absurde qui n'ayant aucun sens met en acte un nihilisme
de masse pur... un "crime généalogique" (Legendre),
un "abîme insondable" (Agamben), un Réel au-delà de
lui-même (Lacan) . Dans le délire révisionniste, a
fortiori, du négationnisme, même la trace du déchet, du reste,
les nazis ont tenté de l'effacer!
La racine généalogique de ce crime de masse a visé la
"solution finale" du peuple juif comme Peuple de Moïse,
« ce grand homme » selon Freud, ce juif athée. L'œuvre
noire, exterminatrice des meutes nazies, forte de son intégrisme païen
devenu religion du Pire, faute du Père (le « sang », le
« sol »), était de liquider, de zigouiller toutes
manifestations de foi au nom de l'Autre, jusqu'au "musulman".
Le
"musulman" n'est pas l'aporie centrale d'Auschwitz mais son
aporie terminale. Ce qui nous reste à faire depuis Auschwitz, depuis ce
qui reste d'Auschwitz, c'est de reconnaître en Jérusalem, ville qui
n’appartient à aucune Nation, la capitale définitive du nouage théologique
des trois Textes, des trois grands prophètes, des trois grandes
multitudes qui irriguent, unifient la mondialité géopolitique, l’éthique
géophilosophique des étrangers.
Jérusalem,
après Thèbes, Athènes, Rome, la Mecque, est la grande « ville-monde »
qui en reliant les Trois Livres, les trois Peuples du Livre, les trois
feuillets d’Abraham, est non seulement le lieu saint, sacré qui noue
le "Saint des Saints" en
ce qui concerne la mémoire juive mais cette incroyable « ville-monde »,
icône vivante des religions du Livre.
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matérielles, pratiques spirituelles des hommes
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