° Rubrique philo-prepas > La croyance

La croyance prise à la lettre 
Par Jean Louis Blaquier, enseignant en philosophie, Doctorant en psychanalyse. 

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L’ordre imaginaire de la croyance...

L’axe généalogique de toute filiation (sexe, génération, rang, clan, classes…) qui définit l’ordre du Symbolique, (Nom, Parole, Verbe, Texte…)  scande tout fait de croyance issu de l’assujettissement imaginaire du sujet. L’ordre imaginaire de la croyance est un reste autant que signe distinctif de l’humain en proie à la question de la bestialité, de la horde (Freud), de la meute (Canetti) et donc exposé à l’interrogation inlassable de la vérité par la voie des images, du fantasme, des l’idéaux de soi, ou les idéaux de groupes, communautaires. Le premier acte de foi en rupture avec la croyance ne débute-il pas quand, par le reflet de mon image au miroir, « je me reconnais »? Le sujet au miroir de l’Autre comme « effet du signifiant » opère une assomption symbolique, préalable logique à la formation du Je.

De même, la moindre croyance s’expose à la vérité du Miroir absolu, cet autre nom imprononçable, de l’énigme du Langage ou de « Dieu ». Il en va de même pour ce que Freud épingle comme « l’énigme de la constitution libidinale d’une masse ». Si le plus grand danger de toute vraie foi, c’est la croyance, alors toute une tradition, depuis Aristote, Marx jusqu’à Blanchot, Derrida, Agamben… a raison d’interroger ce qui, du « lien social, concerne aussi la question du « crédit », de la « confiance », de l’« héritage » de la « rente », la « dette », la « transmission », la « culpabilité », de la « fidélité », de l’Alliance, ce signifiant-Maître de la Révolution monothéiste… le partage enfin d’une responsabilité dans le partage d’une impossible origine commune. Ainsi, un des enjeux de cette réflexion, c’est de voir en quoi les athéismes continuent à prolonger les dimensions des croyances et des incroyances alors qu’ils se détournent de la « foi » vivante comme si la totalité au sens politique pouvait forclore du « lien social » le « lien affectif », le sentiment social que la tradition analytique repère comme logique de l’identification. L’un des enjeux de la « révolution laïque » au côté, et cela sans paradoxe, de la « révolution dogmatique » des trois monothéismes n’est pas d’annuler la riche mémoire généalogique de l’empire dogmatique du religieux, c’est de le traiter dans la dignité critique du Logos philosophique. Socrate, Kant, Freud ne cessent d’interroger –et non d’annuler ou d’interdire!- l’écart entre Foi et Savoir.  

La véritable révolution laïque ratée les « chiffonniers du marxisme » vise la conciliation entre deux idéaux, l’un de la Raison irréductible aux simples connaissances scientifiques ou techniques (la transmission critique d’un savoir critique), l’autre de l’Amour, de la Foi (irréductible à une approche purement émotionnelle, elle relève d’une transmission au-delà de toute logique, celle de la preuve, de réfutation) qui nous introduit au respect évaluateur (axiomatique) du tabou, du sacré, de l’Imprescriptible dont la « » en tant que Réel, par exemple, reste une version de l’Universel hors de tout pathos théologique, philosophique, politique…
La mémoire de la croyance, entre sacré et profane, entre homo et sacer, entre Auschwitz et Jérusalem: c’est la Justice généalogique, celle qui interprète la fonction du Tiers, sagesse appliquée du Droit international, cet héritage direct et monumental de l’alliance objective des trois monothéismes.

           Est-ce la vraie sortie « interprétative » de la psychose au sein du Malaise dans la civilisation, le premier cran d’arrêt au délire archaïque, ethno-communautaire, biopolitique à la dérive violente vers la logique de sacrifice absurde des multitudes sociales que fut cette première « conception  bouchère de la filiation » (Legendre)?  

Vers la page 8 Le Texte sans corps des sociétés 
ne peut se confondre avec le texte vivant des sujets 

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