° Rubrique philo-prepas > La croyance

La croyance prise à la lettre 
Par Jean Louis Blaquier, enseignant en philosophie, Doctorant en psychanalyse. 

- Page 1 - page 2 - page 3 - page 4 - page 5 - page 6 - page 7 - page 8 - page 9 - page 10 -
 - page 11 - page 12 - page 13 - page 14 -

Site Philagora, tous droits réservés

______________________________________________________

Deux directions, deux orientations depuis la célèbre question : qu’appelle-t-on penser?

La notion de « croyance » est d’emblée non-philosophique voire antiphilosophique tant son étrangeté au doute, à l’écart de soi à soi est constitutif de ce que décline le régime assuré de ces affirmations! La terre natale, géophilosophique de la croyance n’est pas simplement l’Afrique, ni le biotope des premiers homme, ni l’animisme mais l’hyper territoire des nationalismes  les plus modernes. La revendication, par exemple, pure et dure du « sang », du « sol » au nom de langue-mère, « fantasme matriotique » son inverse, ne cesse de porter jusqu’à l’incandescence du nihilisme, la terreur aveugle de la phobie de penser l’Autre, l’Etranger. Autre ou Etranger toujours déjà à soi-même, en soi-même. Merleau-Ponty évoquant la « foi perceptive » du sujet comme adhésion vitale à l’Autre, au monde savait que ce monde naturel était désormais à la logique d’un étrange arraisonnement dont la bio politique nazie fut un coup d’essai absolument terrifiant. Sommes-nous sortis du nazisme interrogent inlassablement les écrits de Pierre Legendre et de Gorgio Agamben?

L’un des points aveugles, selon Paul Ricoeur, de Heidegger, premier cartographe avec Nietzsche, du divin grec sous les traits de la question la plus fondamentale de la métaphysique, la question de l’Etre, du « sens de l’être », c’est l’immense oubli du « roc hébraïque ». Il ne verra pas venir ni la catastrophe liée au lieu d’Auschwitz ou en hébreux au signifiant «  ». En revanche, attentif au péril de la montée en puissance du fondamentalisme scientiste marqué par l’oubli de l’Etre, il verra venir Hiroshima. Mais repérant ce danger extrême de l’oubli de l’Etre, il ne verra venir ni le procès d’Eichmann à Jérusalem, dont Anna Arendt, disciple et amante, fera un magistral commentaire, ni l’émergence de Jérusalem comme l’un des « restes » magistral de ce qui a fait objection au délire nazie d’éradication de la racine sémite du monothéisme premier. Non seulement Jérusalem précède Athènes, mais c’est aussi le régime de la parole prophétique, (parole de l’Aure qui existe) qui précède la parole poétique (parole de l’Autre qui n’existe pas). Avant la Révolution philosophique qui est, à la lettre, l’invention de la laïcité, le premier peuple de la Lettre, de la Trace, du Livre s’est constitué. C’est seulement à partir de l’intervention philosophique de Gorgio Agamben que s’établissent deux directions, deux orientations depuis la célèbre question : qu’appelle-t-on penser?

A la croisée du Droit et de la psychanalyse, une théorie du Reste, de Ce qui Reste depuis Auschwitz ouvre de nouvelle perspectives non seulement sur ce Peuple de la Trace qui, contrairement aux sombres prévisions nazies, ne s’est « pas-tout » consumé à Auschwitz, mais sur cette Autre multitude absente la Modernité cartésienne, la tradition des Gens du Livre en ses trois temps inséparables, liés et progressifs : la Torah, les Évangiles, le Coran.

 Notre interrogation est donc Jérusalem comme Nom de ville, signifiant de l’Autre, Cap, Autre cap du politique depuis le théologique. Jérusalem comme Nom d’une place capitale absolue et vide qui relie trois Livres, trois prophètes d’une seule et même tradition de cette autre multitude que sont les Gens du Livre. Notre analyse ne sera pas psychiatrique même si le « syndrome de Jérusalem » est une catégorie de la tradition positiviste. Au contraire, nous croisons deux champs, celui de la philosophie, celui de la psychanalyse puisque, l’un et l’autre se définit comme critique radicale des illusions.

 Impliquée dans ce qui constitue l’ordre du mythe, de l’idéologie, toute croyance en sa logique, comme en son objet, interroge le grand écart entre le sujet de la religion (celui des trois monothéismes) et le sujet de la science. Ce dernier est identifiable par Descartes à partir d’un sujet qui se découvre comme essentiellement pensant dès lors que par la voie du doute radical puis méthodique, il peut dire « non » à précisément ce qui voile la division des mots et des choses au seul miroir de la vérité qu’est le langage.

Vers la page 7 L’ordre imaginaire de la croyance...

Retour à La croyance, page index

° Rubrique philo-prepas > La croyance

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express