Deux
directions, deux orientations depuis la célèbre question : qu’appelle-t-on
penser?
La
notion de « croyance » est d’emblée non-philosophique
voire antiphilosophique tant son étrangeté au doute, à l’écart de
soi à soi est constitutif de ce que décline le régime assuré de ces
affirmations! La terre natale, géophilosophique de la croyance n’est
pas simplement l’Afrique, ni le biotope des premiers homme, ni
l’animisme mais l’hyper territoire des nationalismes
les plus modernes. La revendication, par exemple, pure et dure du
« sang », du « sol » au nom de langue-mère,
« fantasme matriotique » son inverse, ne cesse de porter
jusqu’à l’incandescence du nihilisme, la terreur aveugle de la
phobie de penser l’Autre, l’Etranger. Autre ou Etranger toujours déjà
à soi-même, en soi-même. Merleau-Ponty évoquant la « foi
perceptive » du sujet comme adhésion vitale à l’Autre, au
monde savait que ce monde naturel était désormais à la logique d’un
étrange arraisonnement dont la bio politique nazie fut un coup
d’essai absolument terrifiant. Sommes-nous sortis du nazisme
interrogent inlassablement les écrits de Pierre Legendre et de Gorgio
Agamben?
L’un
des points aveugles, selon Paul Ricoeur, de Heidegger, premier
cartographe avec Nietzsche, du divin grec sous les traits de la question
la plus fondamentale de la métaphysique, la question de l’Etre, du
« sens de l’être », c’est l’immense oubli du « roc
hébraïque ». Il ne verra pas venir ni la catastrophe liée au
lieu d’Auschwitz ou en hébreux au signifiant « ». En
revanche, attentif au péril de la montée en puissance du
fondamentalisme scientiste marqué par l’oubli de l’Etre, il verra
venir Hiroshima. Mais repérant ce danger extrême de l’oubli de
l’Etre, il ne verra venir ni le procès d’Eichmann à Jérusalem,
dont Anna Arendt, disciple et amante, fera un magistral commentaire, ni
l’émergence de Jérusalem comme l’un des « restes »
magistral de ce qui a fait objection au délire nazie d’éradication
de la racine sémite du monothéisme premier. Non seulement Jérusalem
précède Athènes, mais c’est aussi le régime de la parole prophétique,
(parole de l’Aure qui existe) qui précède la parole poétique
(parole de l’Autre qui n’existe pas). Avant la Révolution
philosophique qui est, à la lettre, l’invention de la laïcité, le
premier peuple de la Lettre, de la Trace, du Livre s’est constitué.
C’est seulement à partir de l’intervention philosophique de Gorgio
Agamben que s’établissent deux directions, deux orientations depuis
la célèbre question : qu’appelle-t-on
penser?
A
la croisée du Droit et de la psychanalyse, une théorie du Reste, de Ce
qui Reste depuis Auschwitz ouvre de nouvelle perspectives non
seulement sur ce Peuple de la Trace qui, contrairement aux sombres prévisions
nazies, ne s’est « pas-tout » consumé à Auschwitz, mais
sur cette Autre multitude absente la Modernité cartésienne, la
tradition des Gens du Livre en ses trois temps inséparables, liés et
progressifs : la Torah, les Évangiles, le Coran.
Notre
interrogation est donc Jérusalem comme Nom de ville, signifiant de
l’Autre, Cap, Autre cap du politique depuis le théologique. Jérusalem
comme Nom d’une place capitale absolue et vide qui relie trois Livres,
trois prophètes d’une seule et même tradition de cette autre
multitude que sont les Gens du
Livre. Notre analyse ne sera pas psychiatrique même si le « syndrome
de Jérusalem » est une catégorie de la tradition positiviste. Au
contraire, nous croisons deux champs, celui de la philosophie, celui de
la psychanalyse puisque, l’un et l’autre se définit comme critique
radicale des illusions.
Impliquée
dans ce qui constitue l’ordre du mythe, de l’idéologie, toute
croyance en sa logique, comme en son objet, interroge le grand écart
entre le sujet de la religion (celui des trois monothéismes) et le
sujet de la science. Ce dernier est identifiable par Descartes à partir
d’un sujet qui se découvre comme essentiellement pensant dès lors
que par la voie du doute radical puis méthodique, il peut dire « non »
à précisément ce qui voile la division des mots et des choses au seul
miroir de la vérité qu’est le langage.
Vers la
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L’ordre imaginaire de la croyance...
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