° Rubrique philo-prepas > La croyance

La croyance prise à la lettre 
Par Jean Louis Blaquier, enseignant en philosophie, Doctorant en psychanalyse. 

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Pratiques matérielles, pratiques spirituelles des hommes.

        Ce processus d’unification ne peut se confondre avec ce que l’on redoute tant, et que Henri Corbin inscrit au cœur du paradoxe du monothéisme : la pente entropique du totalitarisme, la volonté encore nihiliste d’écraser, d’uniformiser, sous l’Un infigurable et transcendant le multiple, les multitudes, ces communautés quelconques qui viennent et que personne n’attend. Legendre dans tout son enseignement étudie la fonction, la nature, le champ, le dispositif, les montages "dogmatiques" de ce qui s’institue dans l’humain dans ce qui s’agence du rapport du Désir à la Loi. Cela éclaire autant les pratiques matérielles que les pratiques spirituelles des hommes. Le désir s’en remet le plus souvent à l'ordre inconscient du symbolique, à la Loi que vectorialise l'imaginaire, au statut de la condition imaginale des hommes. Tel est l'enjeu, inlassable celui d'humaniser, sans fin contre deux caps régressifs qui menace par ce qui, justement de la place de l’autre, de Dieu, est refoulé, dénié, forclos. L’oubli de cette question immémoriale, celle de la Référence se payera d’un retour de la Horde, des meutes guerrières.

N’ayons aucune illusion sous le versant archaïque de la "bête" voici venu le versant ultramoderne du robot...

Vers une conclusion en chantier ouvert.

L’ordre non philosophique, et antiphilosophique de la croyance réside dans cette dimension, « hors représentation » du réel. Tel est le véritable opposé structural du «hors temps » fantastique des mythes religieux où l’immémorial se mire et se réfère comme simple version laïque de l’Universel. Le miroir de Dieu est double ; autant témoin citoyen de l’Unique (avec ou sans propriété!) qu’expression authentique de ce qui du monothéisme en son culte pur est conversion monothéiste. En fait, la débilité du « croire » peut aussi coïncider avec la myopie politique légendaire des philosophes : Platon mis en esclavage, Socrate mis à mort par une démocratie décadente, Heidegger qui n’entend pas rouler les wagons plombés. Par contre, le délire (révisonnisme ou négationnisme) est un cas de perversion en politique, tant son ressort sophistique expose autant qu’il creuse le principe de raison jusqu’à l’au-delà ce qui reste sans raison : la beauté de la rose des mystiques (Angelus Silecius in Le Pelerin chérubinique) ou les charniers d’Auschwitz. Impossible d’oublier que la perfidie des techniciens de la mort de masse a instrumentalisé l’identité de bourreau et de la victime. »[1]. Ainsi, la pascalienne « folle du logis » déploie-elle des ruses infinies pour déjouer le sanctuaire de l’« imaginal », la dimension sacrée du Tiers que constitue l’image à l’échelle sans nom des institutions dite « internationales » ?

Les aléas de la croyance qui, de l’angoisse devant l’Autre ou le Rien, témoignent de toute façon que le sujet confronté au néant qui le divise, nuage originaire du refoulement, est aussi bien le voyage virtuel de toute conversion qui, à propos de l’abîme que chaque humain doit habiter vérifie que la première immigration de l’homme est la subjectivité, le retour à soi (philosophie) retour à la division signifiante, l’écart de soi à soi (psychanalyse), à la double division de l’Autre de la Loi, de l’Autre de la jouissance (psychanalyse). En terme psychanalytique , l’objet de la croyance (« Dieu ») n’est rien d’autre que la célébration de l’objet perdu (La Mère, donc le Père, et l’au-delà du genre humain qui ne s’est pas crée lui-même! Dieu qui n’est pas le père mais le pur invisible de la loi visible.?)

 Méditons un poète, Jabès vérifiant, par d’autres voies, la parole des prophètes : "la réponse tue, seule la question sauve".  La croyance serait une réponse qui refermerait toute question tandis que la foi est l'énergie de l'ouverture à vivre, aux autres, au monde via la Référence invisible, indicible, innommable  dont les trois « feuillets d’Abraham » (Thora, Évangiles, Coran) ne seraient de l’Universel qu’une traduction, promise à l’entreprise de la sécularisation désormais mondiale.

Avec l’inventeur de la psychanalyse, le découvreur de l’inconscient, l’arpenteur de la science des rêves, Freud, nous sommes au milieu de notre interrogation sur la croyance : là où se cherche, pour un hypothétique point d’Archimède, le rêve, là réside, la théorie de la sublimation, orgue et cœur de toute croyance où se décide la logique du pire et du meilleur du destin pulsionnel de ce qui fonde l’Appel à l’Autre des religions.

Freud, dans son chef d’œuvre testamentaire : Moïse et le monothéisme, soutient qu’il y a une « part de vérité dans la religion » : vérité historique bordée d’une dimension immatérielle? Vérité de la « consistance » du signifiant (Lacan) ? Des « noms de l’histoire » Deleuze? La logique du (non) sens est aussi une superbe introduction la question de la Différence et de la Répétition en ce qui concerne l’Urstaat, Abraham, le Père confidentiel des trois religions qui ne cesse de structurer la césure laïque des mille plateaux des multitudes sociales où   et politique se distribue les grandes réserves symboliques, imaginaires et réelles de ce qui nouent les individus, les procès de subjectivation aux ficelles des institutions nationales ou internationales.

Vers la page 13 La question de l’Être.

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