Le
satellite Europe
Le vaisseau
spatial Galileo a fourni de belles images d'Europe, l'une des
lunes de Jupiter. En 1979 et 1980, la mission Voyager avait déjà
photographié Europe et montré que sa surface était recouverte
par de la glace entaillée de profondes crevasses. Les images de
Galileo montrent des blocs de banquise ayant pivoté sur eux-mêmes,
vraisemblablement sur un sous-sol fluide. Selon l'un des modèles
proposés, il y aurait un océan d'eau liquide sous quelques
dizaines de kilomètres de banquise. La chaleur nécessaire au
maintien de l'eau à l'état liquide serait apportée par les
fortes marées internes générées par les variations de
l'important champ gravitationnel de Jupiter. Un transfert de
chaleur du coeur planétaire vers la surface, semblable à celui
des évents hydrotherrnaux des océans terrestres, permettrait la
synthèse de molécules organiques.
Une chimie
organique prébiotique de type terrestre a donc pu se développer
dans l'océan sous-glaciaire et conduire àl' apparition de la
vie. Si Europe a maintenu une activité de marée et une activité
hydrothermale sous-glaciaire, la vie bactérienne y estpeut-être
encore active aujourd'hui. Europe apparaît de plus en plus comme
un lieu privilégié du système solaire pouvant héberger de
l'eau liquide et une vie bactérienne en activité. Des missions
vers Europe sont actuellement à l'étude. Le
satellite Titan
Titan, le plus
gros satellite de Saturne, possède une atmosphère dense de 1,5
bar constituée essentiellement d'azote (plus de 90 %) mais aussi
de méthane et d'un peu d'hydrogène. L'atmosphère renferme également
d'épais brouillards d'aérosols organiques.
Voilà une atmosphère " à la Miller" dont rêvent les
chimistes du prébiotique. En effet, les observations de la
mission Voyager et les mesures faites à partir de la Terre
indiquent clairement la présence de nombreux hydrocarbures et de
nitriles dans ce milieu. Parmi ces composés organiques figurent
l'acide cyanhydrique, l'acétylène, le cyanoacétylène, véritables
passages obligés de la chimie prébiotique. La modélisation des
processus physico-chimiques supposés se dérouler à la surface
de Titan suggère la présence d'océan(s) de méthane et d'éthane
liquide en équilibre avec les constituants de l'atmosphère.
Titan représente
un véritable laboratoire de production de composés prébiotiques
à l'échelle planétaire. Bien que des traces de vapeur d'eau
aient été récemment détectées par le satellite 150 dans la
haute atmosphère, la température très basse (- 180 0C) régnant
près de la surface interdit la présence d'eau liquide. Les molécules
ne peuvent donc 'pas évoluer vers une vie de type terrestre. Vers
quels systèmes complexes évoluent ces molécules en l'absence
d'eau? La mission NASA-ESA Cassini-Huygens lancée en octobre 1997
devrait apporter des éléments de réponse en 2004. La mission
comporte un vaisseau, Cassini, qui se mettra en orbite autour de
Saturne et une sonde, Huygens, larguée dans l'atmosphère de
Titan pour étudier la chimie qui s'y développe. La chimie de
Titan produit vraisemblablement des molécules carbonées asymétriques.
Si un système autocatalytique se met en place impliquant les aérosols,
les molécules atmosphériques et les océans, ce système devrait
rapidement privilégier des molécules carbonées homochirales. On
peut dès lors regretter qu'aucun instrument-mesure de la chiralité
n'ait été installé sur la sonde Huygens. Vers la
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solaire.
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