Rubrique Épistémologie

Rubrique épistémologie

Épistémologie: les conditions, la valeur, les limites de la connaissance humaine

Et la matière devint vivante  
par André BRACK 
Directeur de Recherches.  Centre de Biophysique Moléculaire, Orléans.
 

Des collectes de poussières interplanétaires.

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Des collectes de poussières interplanétaires dans les glaces du Groenland et de l'Antarctique par le minéralogiste français Michel Maurette permettent d'évaluer à environ cinquante à cent tonnes la quantité de grains interplanétaires accrétés tous les jours par la Terre. Environ 99 % de cette masse est apporté par des micrométéorites dont le diamètre est compris entre 50 et 500 µm. Les micrométéorites sont apparentées aux météorites les plus primitives, celles du groupe des chondrites carbonées. Une analyse détaillée des teneurs en carbone de différents groupes de micrométéorites permet d'estimer à cent tonnes par an le flux total de carbone apporté à la Terre. La quantité livrée à la Terre pendant la phase active du bombardement terrestre entre -4,1 et -3,8 milliards d'années, quand le flux micro météoritique était vraisemblablement mille fois plus intense qu'aujourd'hui, est estimée à 30 000 milliards de tonnes. À titre de comparaison, cette valeur représente trente fois la valeur actuelle du carbone biologique recyclable à la surface de la Terre. Des acides aminés ont été détectés dans les micrométéorites. Enfin, ces grains renferment une forte proportion de sulfures métalliques, d'oxydes, d'argiles qui sont autant de catalyseurs. Au contact de l'eau liquide, les grains ont donc pu fonctionner comme des micro-réacteurs chimiques transformant la matière organique des grains à l'aide des catalyseurs présents.


Plongée au coeur d'une nébuleuse située dans la constellation du Sagittaire: Nébuleuse du Lagon.

Des expériences spatiales ont été menées pour conforter l'hypothèse d'une importation d'acides aminés extraterrestres. Les études portent sur la stabilité des acides aminés dans l'espace (dégradation chimique et racémisation) et la polymérisation de dérivés d'acides aminés et de peptides. Dans l'expérience BIOPAN- 1, six acides aminés présents dans la météorite de Murchison ont été exposés à l'état libre et associés à des minéraux poreux (argile) aux conditions de l'espace pendant quinze jours en juin 1994 à bord de la capsule automatique russe FOTON-8. Les analyses effectuées après le vol révèlent des différences nettes de comportement se traduisant notamment par un déficit significatif de l'acide glutamique et de l'acide aspartique dans les échantillons exposés au rayonnement solaire. Aucun déficit n'est observé lorsque les échantillons sont associés à des argiles. Aucune racémisation (la transformation d'un acide aminé L en son énantiomère D) n'a été observée. Un second vol de dix jours a eu lieu en 1997. Dans ce cas, ce sont essentiellement des esters d'acides aminés, libres et associés à des argiles, qui ont été exposés pour étudier leur polymérisation éventuelle dans l'espace. Les esters activés exposés seuls sont fortement dégradés par les radiations UV. Un film d'argile de 4 µm ne protège plus efficacement les échantillons. De ce fait, des micrométéorites de taille inférieure à 5 µm ne devraient plus assurer une protection efficace contre le rayonnement UV solaire. La détection de traces de dimères et de trimères témoigne d'une polymérisation partielle de certains esters. Aucune racémisation n'a pu être révélée pour les échantillons analysés. Un troisième vol s'est déroulé en 1999 sur la station MIR. Pour cette mission, les effets d'irradiation ont été étudiés sur des acides aminés et des peptides (miniprotéines). Après trois mois en orbite terrestre, les acides aminés ont été détruits à hauteur de 50 % en l'absence de protection minérale. Les peptides se sont révélés sensibles au vide spatial et des phénomènes de sublimation ont été mis en évidence. Aucune polymérisation ni aucune racémisation n'ont été observées. La décarboxylation a été le processus de dégradation photochimique majoritaire.

 

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