Des collectes de
poussières interplanétaires dans les glaces du Groenland et de
l'Antarctique par le minéralogiste français Michel Maurette
permettent d'évaluer à environ cinquante à cent tonnes la quantité
de grains interplanétaires accrétés tous les jours par la Terre.
Environ 99 % de cette masse est apporté par des micrométéorites
dont le diamètre est compris entre 50 et 500 µm. Les micrométéorites
sont apparentées aux météorites les plus primitives, celles du
groupe des chondrites carbonées. Une analyse détaillée des
teneurs en carbone de différents groupes de micrométéorites
permet d'estimer à cent tonnes par an le flux total de carbone
apporté à la Terre. La quantité livrée à la Terre pendant la
phase active du bombardement terrestre entre -4,1 et -3,8 milliards
d'années, quand le flux micro météoritique était
vraisemblablement mille fois plus intense qu'aujourd'hui, est estimée
à 30 000 milliards de tonnes. À titre de comparaison, cette valeur
représente trente fois la valeur actuelle du carbone biologique
recyclable à la surface de la Terre. Des acides aminés ont été détectés
dans les micrométéorites. Enfin, ces grains renferment une forte
proportion de sulfures métalliques, d'oxydes, d'argiles qui sont
autant de catalyseurs. Au contact de l'eau liquide, les grains ont
donc pu fonctionner comme des micro-réacteurs chimiques
transformant la matière organique des grains à l'aide des
catalyseurs présents.
Plongée au coeur d'une nébuleuse
située dans la constellation du Sagittaire: Nébuleuse du
Lagon.
Des expériences
spatiales ont été menées pour conforter l'hypothèse d'une
importation d'acides aminés extraterrestres. Les études portent
sur la stabilité des acides aminés dans l'espace (dégradation
chimique et racémisation) et la polymérisation de dérivés
d'acides aminés et de peptides. Dans l'expérience BIOPAN- 1, six
acides aminés présents dans la météorite de Murchison ont été
exposés à l'état libre et associés à des minéraux poreux
(argile) aux conditions de l'espace pendant quinze jours en juin
1994 à bord de la capsule automatique russe FOTON-8. Les analyses
effectuées après le vol révèlent des différences nettes de
comportement se traduisant notamment par un déficit significatif de
l'acide glutamique et de l'acide aspartique dans les échantillons
exposés au rayonnement solaire. Aucun déficit n'est observé
lorsque les échantillons sont associés à des argiles. Aucune racémisation
(la transformation d'un acide aminé L en son énantiomère D) n'a
été observée. Un second vol de dix jours a eu lieu en 1997. Dans
ce cas, ce sont essentiellement des esters d'acides aminés, libres
et associés à des argiles, qui ont été exposés pour étudier
leur polymérisation éventuelle dans l'espace. Les esters activés
exposés seuls sont fortement dégradés par les radiations UV. Un
film d'argile de 4 µm ne protège plus efficacement les échantillons.
De ce fait, des micrométéorites de taille inférieure à 5 µm ne
devraient plus assurer une protection efficace contre le rayonnement
UV solaire. La détection de traces de dimères et de trimères témoigne
d'une polymérisation partielle de certains esters. Aucune racémisation
n'a pu être révélée pour les échantillons analysés. Un troisième
vol s'est déroulé en 1999 sur la station MIR. Pour cette mission,
les effets d'irradiation ont été étudiés sur des acides aminés
et des peptides (miniprotéines). Après trois mois en orbite
terrestre, les acides aminés ont été détruits à hauteur de 50 %
en l'absence de protection minérale. Les peptides se sont révélés
sensibles au vide spatial et des phénomènes de sublimation ont été
mis en évidence. Aucune polymérisation ni aucune racémisation
n'ont été observées. La décarboxylation a été le processus de
dégradation photochimique majoritaire.
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ressemblaient les automates chimiques?
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