Les comètes ont pu
apporter des quantités très importantes de molécules organiques
extraterrestres. Les observations depuis la Terre et les sondes
spatiales Véga et Giotto ont montré que la comète de Halley est
riche en matériau organique, le taux moyen en poids de carbone présent
dans les grains cométaires étant estimé à 14 %. Parmi les molécules
identifiées, on retrouve l'acide cyanhydrique et le formaldéhyde.
Ces composés ainsi que d'autres molécules d'intérêt prébiotique
comme 1' acétonitrile (CH3CN), le cyanoacétylène (HC3N), l'acide
isocyanhydrique (HN=C), l'acide isocyanique (HN=C=O) ont été
observés plus récemment dans les comètes Hyakutake en 1996 et
Hale-Bopp en 1997. La chimie qui se développe à la surface du
noyau cométaire est encore mal connue.
Lancée en 2003, la
mission coînétaire Rosetta devrait procéder en 2011 à l'analyse
du noyau de la comète PlWirtanen. Le vaisseau étudiera d'abord
l'environnement de la comète en restant dans son sillage pendant
plusieurs mois, puis une sonde s'y posera pour analyser la surface
mais également la glace sous-jacente qui sera extraite par forage.
Les comètes se déplacent sur des orbites instables et succombent
parfois au champ gravitationnel d'une planète. La collision de la
comète Shoemaker-Levy 9 avec Jupiter en juillet 1994 en est un
exemple récent. Ce genre de collision était vraisemblablement plus
fréquent il y a quatre milliards d'années, les planètes orbitant
autour du Soleil étant plus nombreuses. En percutant la Terre, les
comètes ont pu fournir une fraction importante de l'eau terrestre
et de grandes quantités de molécules carbonées.
Certaines météorites carbonées (appelées chondrites car elles
contiennent des chondrules, petites sphérules de silicate), représentées
typiquement par les météorites d' Orgueil et de Murchison,
renferment de nombreux composés organiques. Des composés d'intérêt
biologique ont été identifiés acides carboxyliques, acides aminés,
hétérocycles azotés, amines, amides, alcools, etc. La météorite
carbonée de Murchison renferme plus de soixante dix acides aminés
différents. Au nombre de ceux-ci on trouve huit acides aminés protéiques.
Dans les molécules organiques, l'atome de carbone occupe généralement
le centre d'un tétraèdre. Lorsque les groupes d'atomes aux quatre
sommets du tétraèdre sont différents, l'image du tétraèdre dans
un miroir ne lui est pas superposable. Le carbone devient asymétrique.
Il existe alors deux formes spéculaires (voir la figure I page
suivante) non superposables, images l'une de l'autre dans un miroir,
appelées énantiomères (du grec enantios, opposé). Les molécules
biologiques n'utilisent qu'une des deux formes spéculaires. On dit
qu'elles sont homochirales (du grec kheir, main).
La plupart des acides aminés existent sous deux formes, images
l'une de l'autre dans un miroir.
Les protéines n'utilisent que la forme L (à gauche)
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Une vie racémique
qui utiliserait indifféremment et simultanément les deux énantiomères
gauches et droits des molécules semble très improbable.
Récemment, le minéralogiste américain John Cronin trouva un excès
d'environ 9 % d'énantiomères gauches pour certains acides aminés
non protéiques présents dans cette météorite. La découverte
d'un rayonnement infrarouge fortement polarisé dans un nuage moléculaire
de la nébuleuse d'Orion pourrait expliquer l'origine extraterrestre
de cet excès énantiomérique.
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