Près de 110 molécules
différentes ont été identifiées à ce jour dans les nuages
denses de gaz et de poussières du milieu interstellaire. Parmi
ces molécules, 83 contiennent du carbone et seulement 7 du
silicium. Voilà de quoi décourager les auteurs de
science-fiction: la chimie du silicium semble être moins
inventive que celle du carbone et ne semble pas, à première vue,
être capable de générer une vie élaborée, comparable à celle
que nous connaissons.
Le milieu
interstellaire nous enseigne donc que la chimie organique est
universelle. Mais existe-t-il d'autres niches susceptibles d'héberger
de l'eau à l'état liquide en dehors du système solaire ? En
Septembre 19+95 1995, Mayor Queloz à la suite du suivi systématique
des vitesses d'une centaine d'étoiles à l'Observatoire de Haute
Provence, découvraient un corps de la moitié de Jupiter en
orbite autour de l'étoile 51 Pegase. Toutefois, l'objet présumé
serait très proche de l'étoile et aurait une température de
1500 0C, donc inhospitalière à la vie. En mai 2001, le catalogue
comptait une soixantaine de planètes géantes extra solaires.
Certaines d'entre elles possèdent peut-être des lunes de la
taille de la Terre avec des températures permettant la présence
d'eau liquide.
Conclusion
Les avancées
significatives réalisées dans des disciplines très variées ont
donné une cohérence à l'étude de la vie dans l'Univers. Plus
particulièrement:
- Les recherches menées sur l'origine de la vie indiquent que les
conditions qui ont participé à son émergence sur Terre
existaient probablement sur Mars à la même époque.
- Il existe peut-être des fumeurs noirs au fond de l'océan
sous-glaciaire d'Europe qui produisent des molécules prébiotiques.
- Les biologistes ont découvert que les bactéries sont capables
de se développer dans des conditions extrêmes (température, pH,
pression, sels, sédiments profonds). Elles résistent aux
conditions de l'espace et peuvent donc effectuer des voyages
interplanétaires, ce qui pourrait favoriser leur dispersion dans
l'Univers.
Pourtant, à ce jour, la vie n'est connue qu'en un seul
exemplaire. S'il a suffi de l'auto-organisation d'un petit nombre
de molécules pour démarrer lavie, son démarrage a dû être
rapide et ses chances d'apparition sur Terre et sur tout corps céleste
présentant les mêmes conditions sont réelles. Par contre, s'il
a fallu la rencontre aléatoire de plusieurs milliers de molécules,
l'événement risque d'être unique et restreint à notre planète.
En plus de son immense attrait culturel, la découverte d'un deuxième
exemple de vie, artificiel ou naturel, apporterait un indice fort
quant à la simplicité des processus mis en jeu.
L'exploration de
Mars et d'Europe et la découverte des exoplanètes suscitent de réels
espoirs. Nombreux sont les scientifiques qui pensent que la vie
bactérienne n'est pas restreinte à la Terre. Reste maintenant à
le prouver.
André BRACK -
Directeur de Recherches - Directeur de l'Équipe Exobiologie
Centre de Biophysique Moléculaire - CNRS Orléans
Avec la
Revue Prétentaine
Bibliographie
L'Évolution chimique et les origines de la vie (en collaboration
avec François Raulin), Paris, Masson, 1991.
La Chimie du vivant. De l,a protéine à la photosynthèse (en
collaboration avec Paul Mathis), Paris, Le Pommier-Fayard, 2000.
"Vie extraterrestre: les charmes de l'improbable " in La
Recherche, n0 317, février 1997.
"Origine de la vie" in Supplément de l'Encyclopœdia
Universalis, 1999.
"Sommes-nous seuls ? " in Philippe de la Cotardière
(sous la direction de), Le Grand livre du ciel, Paris, Bordas,
1999.
"Origine et distribution possible dans l'Univers " in
Yves Michaud (sous la direction de), Qu'est-ce que la vie ?,
Paris, Odile Jacob, 2000.
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