° Rubrique Droit et Justice DROIT et JUSTICE par Jean Jacques SARFATI jean-jacques.sarfati@wanadoo.frLa critique de John Rawls par Robert Nozick dans «Anarchie, État et utopie» Pages: 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 - 8 - 9 - 10 - 11 - Notes Philagora tous droits réservés __________________ D) Critique de la vision rawlsienne du juste et de la nécessité. Après avoir dénoncé la conception rawlsienne de la répartition des talents et remis en cause la démarche procédurale de la théorie de la justice, Nozick s'attaque à la logique de la justice rawlsienne. L'auteur de «Anarchie, État, utopie» n'est pas loin de se demander si la philosophie véhiculée par la « Théorie de la justice » n'est pas quelque peu périlleuse pour une société, si elle n'est pas quasi-totalitaire et si finalement elle n'est pas également univoque. a) La thèse rawlsienne n'est-elle finalement pas quelque peu périlleuse ? C'est ce que défend Nozick qui se demande si elle ne repose pas sur l'envie et si elle ne risque pas, à terme, de conduire à l'enfermement des individus. Pour l'envie, «
si les actifs et les talents ne pouvaient être mis au service des autres
» faudrait-il les supprimer ?(33). Il est en effet des talents qui ne
se partagent pas, qui ne se divisent pas : la beauté, le charme, etc...?
Pourquoi exclure ces talents de la répartition et ne partager que les
autres ? Faut-il, pour parvenir à cette inégalité que les sociaux démocrates
nous demandent de la mettre au service des autres, supprimer ces talents
non partageables ? Mais surtout, les thèses rawlsiennes, nous dit
Nozick, ne risquentelles pas à terme de conduire à
l'enfermement des individus ? b) En second lieu, Nozick se demande également si la thèse Rawlsienne ne risque pas, peu à peu, de conduire à des logiques quasi-totalitaires pour deux raisons au moins : - d'une part, ceux qui possèdent des biens dans la société en question ne seront-ils pas toujours tentés, au fur et à mesure, d'étendre les pouvoirs dudit État? Mieux, pour Nozick, cet égoïsme semble le fondement de toute action politique et des classes sociales qui prétendent vouloir un État fort ; « si vous éliminez ce pouvoir illégitime ( d'utiliser l'État à des fins personnelles)... vous éliminez ou vous restreignez de façon très nette les motivations qui sont à l'origine du désir d'influence politique » écrit-il, montrant ainsi son scepticisme sur l'intérêt que les hommes portent à la chose politique (35). - d'autre part,
cette logique de redistribution constante réclamée par Rawls ne
conduira-t-elle pas à terme à une intervention permanente de l'État ? Les citoyens opposés audit
système, voire lassés par celui-ci peuvent être tentés d'adopter des
modèles qui leur conviendraient mieux. Pour éviter ces dérives, l'Etat
ne risque-t-il pas à terme d'imaginer des mécanismes d'intervention de
plus en plus fréquents dans la vie des êtres ? Vers: La troisième critique de la conception sociale de Rawls (Notes en lien ouverture nouvelle fenêtre) Copyright Jean Jacques SARFATI professeur de philosophie en région parisienne, juriste et ancien avocat à la cour d'Appel de Paris ° Rubrique Droit et Justice |