° Rubrique Droit et Justice 

DROIT et JUSTICE par Jean Jacques SARFATI 

 jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr

La critique de John Rawls par Robert Nozick  dans «Anarchie, État et utopie»

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C ) - Critique de la vision rawlsienne de l'individu et de ses talents

Pour Rawls : « nous ne méritons pas notre place dans la répartition des dons à la naissance, pas plus que nous ne méritons notre point de départ initial dans la société »(19). Plus avant, il avait également écrit - et ce texte est clairement repris par Nozick:

  • « La répartition actuelle des revenus et de la richesse est l'effet cumulatif de répartitions antérieures des atouts naturels - c'est-à-dire des talents et des dons naturels - en tant que ceux-ci ont été développés ou au contraire non réalisés, ainsi que leur utilisation, favorisée ou non dans le passé par des circonstances sociales et des contingences bonnes ou mauvaises » (20).

Cette injustice première dans la répartition des talents et des biens sociaux, le droit de chacun sur la totalité des actifs naturels est l'une des bases de la conception rawlsienne de la justice. Elle justifie, pour l'auteur de « Théorie de la justice » que les plus favorisés soient contraints par l'État à donner une part de leurs biens à ceux qui le sont moins.

Cette conception de base de la personne, de ses talents et les conséquences que Rawls peut en tirer font l'objet d'un second groupe de critiques importantes de la part de Nozick. Il la considère comme injuste, arbitraire et même contraire au but qu'elle prétend poursuivre.

          a) En premier lieu, Nozick trouve cette thèse arbitraire car, selon lui, à aucun moment Rawls n'explique pourquoi il serait nécessairement illogique que les avoirs dépendent des « dotations naturelles »(21).

S'agit-il pour Rawls de demander que la richesse matérielle dépende des qualités morales d'une personne ?

Non, et comme le relève à juste titre Nozick, Rawls rejette une telle conception de la justice sociale (22).

S'agit-il pour l'auteur de « Théorie de la justice » de refuser que les actifs puissent être obtenus à partir de règles qui seraient arbitraires d'un point de vue moral ? Mais Nozick remarque ici que tel n'est pas le cas du système capitaliste qui est fondé sur une loi : celle du marché, celle de l'offre et de la demande et non sur des principes flous ou dépendant de la volonté d'un seul (23).

S'agit-il pour Rawls, de reprocher au capitalisme sa part d'arbitraire ? Mais comme le relève Nozick,il existe également une part d'arbitraire dans le système de Rawls car « le principe de différence revient à donner à certaines personnes des parts de distribution plus importantes qu'à d'autres » (24).

N'ayant donc pas de réponse à la question initiale qu'il avait posée et considérant donc qu'à aucun moment Rawls n'est parvenu à expliquer le pourquoi du fondement de sa thèse, Nozick en déduit que la base même de celle-ci, sa justification première pose problème et confirme que selon lui le seul système acceptable reste celui qui consiste à accepter le fait que les individus méritent leurs actifs naturels (25)

Vers: C'est l'injustice même de la thèse rawlsienne que critique Nozick

(Notes en lien ouverture nouvelle fenêtre)

Copyright Jean Jacques SARFATI professeur de philosophie en région parisienne, juriste et ancien avocat à la cour d'Appel de Paris

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