° Rubrique Droit et Justice 

DROIT et JUSTICE par Jean Jacques SARFATI 

 jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr

La critique de John Rawls par Robert Nozick  dans «Anarchie, État et utopie»

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a) La troisième critique de la conception sociale de Rawls porte ensuite sur le caractère relativement univoque de celle-ci selon Nozick.

Comme le rappelle Patrick Savidan, pour Nozick, l'idée forte qu'il se fait du droit de propriété exclut « tout principe de redistribution » (37). Il est libertarien et selon lui, le droit à la liberté est une conséquence du droit à la propriété de soi-même (38).

 A ce sujet, nous l'avons vu, Rawls conçoit la justice comme une logique d'ordre social, un fonctionnement permanent qui corrige des inégalités. Cette justice est préoccupée du sort du plus démuni. Pour Nozick, les trois principes de justice qu'il met en évidence seraient en revanche les suivants :

  • 1) on ne peut devenir propriétaire d'un bien que s'il n'appartenait à personne ;

  • 2) on ne peut devenir propriétaire d'un bien par transfert que si ce transfert est légitime;

  • 3) Si 1) et 2) sont ignorés alors un principe de rectification doit permettre de corriger les erreurs du passé (39).

Dés que ces règles sont respectées, il devient en quelque sorte injuste de retirer à un individu des biens qu'il aurait légitimement acquis, de diminuer ou d'augmenter ce qu'il possède.

Rappelons, comme l'indique J. Wolff, que pour Nozick et pour tous les libertariens, la philanthropie n'est pas découragée, au contraire. Pour un libertarien, un riche a le devoir d'aider un pauvre, mais il s'agit ici d'un devoir moral qui ne peut être sanctionné par la loi. Il est une chose d'aider une personne dans le besoin et il en est une autre d'être contraint de le faire.

C'est cette idée de contrainte qui est essentiellement désapprouvée par les libertariens. Elle ignore la personne et son intégrité et quelque part, elle fait perdre toute valeur à la notion d'entraide entre les individus (40).

De ce fait, la théorie rawlsienne qui impose aux êtres une seule vision de la justice n'est-elle pas univoque, ne vient-elle pas les contraindre à être justes à la manière de quelques uns et non suivant les principes de justice que chaque individu s'est posé pour lui-même et les autres?

Telles sont les nombreuses critiques que Nozick formule de manière directe, franche, souvent humoristique, parfois de manière plus masquée aux thèses de son collègue d'Harvard. Celles-ci posent 

effectivement problème. Elles ont néanmoins donné lieu à des réponses de la part de Rawls et d'autres auteurs. Il convient à présent de les exposer.

Vers:  II - Critiques de la critique de Robert Nozick

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Copyright Jean Jacques SARFATI professeur de philosophie en région parisienne, juriste et ancien avocat à la cour d'Appel de Paris

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