° Rubrique Droit et Justice 

DROIT et JUSTICE par Jean Jacques SARFATI 

 jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr

La critique de John Rawls par Robert Nozick  dans «Anarchie, État et utopie»

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Pour Philippe Van Parisi deux livres ont profondément influencé la doctrine philosophique contemporaine la théorie de la justice de John Rawls et « Anarchie, État et utopie » de Robert Nozick. Or, comme le note à juste titre, Van Parisj, l'ouvrage de Nozick tourne pour une bonne part autour d'une critique de la thèse rawlsienne (1).

Nous nous proposons ici d'étudier les principaux axes de la critique de Nozick, pour ensuite présenter les différents commentaires qui ont été opérés à son sujet et proposer une appréciation personnelle du travail nozickien. 

I)  Exposé des principaux axes de la critique de Robert Nozick

La critique de Nozick touche trois aspects de la thèse rawisienne. En premier lieu, rejoignant Walzer sur ce point, Nozick critique la démarche procédurale de Rawls (B). Il critique ensuite les conséquences que la thèse rawlsienne entraîne relativement à l'individu et ses talents (C). Enfin, il critique la conception de la société et de la justice admise par Rawls (D).

Mais avant de présenter cette critique, il convient préalablement d'exposer, comme il le fait lui-même, la philosophie de Nozick qui est déjà en elle-même opposée aux thèses défendues par Rawls et donc une critique majeure de celles-ci (A).

A) Exposé préalable de la philosophie politique de R. Nozick

Un des objectifs premiers de Nozick est de combattre les thèses sociales-démocrates ( au sens européen du terme) dont Rawls est l'un des principaux représentants et dans le même temps, de rejeter celles qui s'opposent à sa conception d'une société juste comme l'anarchisme ou l'utopisme. 
Il ne manque pas, avant d'opérer cette critique, de présenter sa philosophie: le libertarianisme.

Sa critique de Rawls s'explique d'ailleurs essentiellement par le désaccord profond qui sépare les deux hommes sur la conception de l' État. Pour Nozick, le seul État qui lui paraît satisfaisant est l'État minimal ou veilleur de nuit, celui qui n'assure que la sécurité des personnes et des biens. Selon lui, tout autre État «aux pouvoirs plus étendus viole les droits des gens». (2)

Cet État doit donc se satisfaire d'une organisation économique, la seule qui soit recevable pour les libertariens et cette organisation est un système capitaliste sans intervention étatique.

Pourquoi ? Parce que le capitalisme n'a pas besoin de l'État pour fonctionner - sauf à ce que celui-ci contrôle la juste acquisition et transmission des biens - parce qu'il est le plus « naturel » pour Nozick, qu'il prévoit un système de distribution tout aussi cohérent que les autres et qui ne nécessite pas de correction particulière.

En effet, selon l'auteur d' « Anarchie, État et utopie », citant Hayek, dans le système capitaliste, il existe une réciprocité car chacun ne donne que la contrepartie des avantages que l'autre lui procure(3).

La justice, pour notre auteur, est « historique ». Pour savoir à qui appartient un bien, il suffit de s'intéresser aux modalités de son acquisition. Il n'y a injustice que dans les hypothèses où les règles posées pour la transmission ou l'échange ont été violées par l'un des protagonistes. Dans ce cas, la victime est en droit de demander réparation.

Hors le cas de ces hypothèses de fraude, de dépossession d'autrui par l'escroquerie ou la violence, il n'y a pas selon Nozick d'injustice et chacun est en droit de faire ce qu'il désire des biens qu'il acquiert , sauf à ignorer ce qu'il appelle la « clause lockéenne » qui consisterait par exemple pour un individu à s'emparer du seul point d'eau dans un désert(4).

Pour confirmer sa théorie, Nozick consacre une grande partie de son ouvrage à remettre en cause le travail de ceux qui veulent aller au delà de cet État minimal et, c'est dans ce cadre, qu'il présente sa critique de la thèse de John Rawls.

Notons ici que l'opposition de Rawls et Nozick n'est pas totale.

En effet et l'un et l'autre croient au système capitaliste et ils rejettent tous deux l'utilitarisme. De plus, dans chacun de leurs textes, ces auteurs ont fait part du respect mutuel qu'ils se portaient. 
Rawls en effet, ne manque pas de remercier Nozick:«pour son aide indéfectible et ses encouragements pendant la dernière phase de rédaction» (5) de la théorie de la justice.

Quant à Nozick, il prend soin, avant d'opérer sa critique, d'indiquer qu'il ne s'attaquera ici qu'aux points qu'il estime discutable du travail rawlsien qu'il qualifie de « source d'idées éblouissantes qui s'intègrent dans un ensemble élégant » et qui reste, selon lui, une oeuvre majeure et incontournable pour tous les philosophes politiques (6).

Une fois ces rappels effectués, Nozick présente une analyse critique extrêmement développée de l'ouvrage de John Rawls qu'il convient à présent d'exposer.

La première critique concerne le choix procédural de Rawls. 

Vers B) - Critique de la démarche procédurale adoptée par John Rawls

(Notes en lien ouverture nouvelle fenêtre)

Copyright Jean Jacques SARFATI jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr professeur de philosophie en région parisienne, juriste et ancien avocat à la cour d'Appel de Paris

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