° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie

Thèmes: L’individu / Le droit / La morale

FAUT-IL RESPECTER LES LOIS ?
 

Une dissertation rédigée, par Charles Pépin, professeur agrégé de philosophie


Copyright, Flammarion 2006, chapitre extrait du livre «une semaine de philosophie»
 

Site Philagora, tous droits réservés

_______________________________________________________

Conclusion


«Il faudrait des dieux pour donner des lois aux hommes », écrivait Rousseau... 
Nous vivons ici-bas, dans ce monde certes arraché à la sauvagerie naturelle, mais où les dieux qui nous guideraient dans l’élaboration de lois parfaites gardent le silence. Refuser les lois serait revenir à la violence, les appliquer aveuglément prendre le risque de se rendre complice de la barbarie. 

Ce monde régi par des lois n’est pas le monde du Bien : c’est le monde où nous essayons d’éviter le pire, c’est le monde où nous essayons de devenir meilleurs. La question de notre rapport aux lois est hantée par le souvenir de ceux qui firent le mal au nom de la loi. C’était souvent parce qu’ils croyaient que la loi était le Bien, l’Histoire en marche vers son but.
Nous savons aujourd’hui que la loi n’est qu’un moindre mal, et que notre obéissance peut être l’instrument du pire. C’est peut-être pour cela que nous saurons reconnaître une loi qui serait le mal en marche. La meilleure façon d’éviter le pire, c’est donc d’abord de comprendre que la loi n’est pas bonne en soi. C’est ensuite, même lorsque notre obéissance aux lois est réduite à un réflexe par les conditions de la vie moderne, de le savoir et de s’en méfier. 

Nous devons obéir à des lois imparfaites: c’est paradoxalement la condition de notre perfectionnement. Nous devons désobéir à des lois inhumaines : c’est à cette condition que nous ne régresserons pas. Obéir à des lois imparfaites, désobéir à des lois inhumaines : il s’agit de bien juger… Ce n’est pas facile, mais c’est notre condition. 
Nous ne sommes, en effet, ni des bêtes ni des dieux. Notre rapport aux lois nous rappelle que nous sommes entre les deux. Il nous oblige à cet art du jugement, qualité éminemment humaine, au cœur d’une obéissance aux lois qui, essentiellement automatique, menace donc ce jugement. 

Comment préserver malgré tout la possibilité d’un tel jugement? En obéissant aux lois, certes, mais en se méfiant autant des lois que de notre obéissance – bref, il faut appliquer les lois mais sans aimer cela ! Seule une telle méfiance, pour ne pas dire un déplaisir, préservera au cœur de notre obéissance politique la possibilité d’un authentique sursaut moral. 
Quand devons nous vraiment désobéir ? Quand ce sursaut moral nous donne des envies politiques : alors il ne menacera pas la politique mais la nourrira, et peut-être la sauvera. 
Ni les bêtes ni les dieux ne connaissent notre inquiétude. Il faut appliquer les lois parce que nous ne sommes pas des bêtes. Il faut s’en méfier parce que nous ne sommes pas des dieux.

Cette aide vous est présentée, sur internet, en 11 pages:
Page 1 - Page 2 - Page 3 - Page 4 - Page 5 - Page 6 - Page 7 - Page 8 - Page 9 - Page 10 - Page 11

° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express