II.
L’obéissance automatique aux lois comporte les pires dangers. (suite)
Bilan
intermédiaire Les lois ne sont que légales… Et nous ne sommes forcés
ni par la nécessité ni par la morale à les respecter. La propension des
hommes à s’inventer une absence de choix est une source intarissable
d’étonnement. Il faut croire qu’ils y tiennent, à leur jouissance, ou à
leur bonne conscience, et que notre question la menace. D’où leur agacement,
voire leur agressivité : c’est le poids, de nouveau, de la liberté sur leurs
épaules, la morsure du doute…
Nouvelle
piste Peut-être l’explication est elle enfin en son fond religieuse.
Notre civilisation est l’enfant du premier monothéisme , la religion juive.
Or, il s’agit de la religion de la Loi. Depuis que Dieu a dicté à Moïse les
tables de la loi, c’est dans le respect de ces commandements divins que
réside une vie vraiment humaine. C’est de là aussi que vient la résonance
lointaine du mot loi dans l’inconscient occidental. Les hommes respecteraient
les lois juridiques comme on respecte la loi de Dieu. Habitués à croire en
Dieu, ils se comporteraient face aux lois encore comme des croyants. D’où
leur absence de sens critique, et leur obéissance automatique.
Mais si les lois ne sont jamais absolument légitimes, un tel rapport aux lois
n’a plus de sens. Et notre obéissance frise l’absurde : pourquoi, si les
lois ne sont pas justes, substituer à l’injustice naturelle ( normale
puisqu’à l’ « état de nature » tout est rapports de force ) une
injustice artificielle ?
transition,
tentation La tentation surgit alors de rejeter les lois. Pour certains
anarchistes, l’harmonie sociale résulterait d’un ajustement naturel, de
l’absence pure et simple de lois. C’est aussi ce que préconisent, dans la
sphère économique, les ultra libéraux : l’absence de réglementation
permettrait au marché d’atteindre son optimum « naturel ». Mais dans les
deux cas, l’idéal de l’égalité est abandonné au profit d’une réalité
qui n’est autre que la « loi » du plus fort, et donc la violence. Les lois
sont peut-être imparfaites, mais nous n’avons rien trouvé de mieux pour
limiter la violence. nouveau bilan intermédiaire
Nous ne pouvons donc pas les refuser, mais nous ne pouvons pas non plus les
appliquer automatiquement. Nous sommes donc contraints, non de leur obéir
simplement, mais de nous demander toujours s’il faut ou non les respecter.
C’est plus fatiguant. Il faut trouver le temps, l’espace aussi pour une
telle question, mais c’est la condition d’un rapport vraiment humain aux
lois.
Cette transition s’articule simplement sur la
distinction conceptuelle posée en introduction : appliquer/respecter. Lorsque
vous cherchez une transition, tournez vous vers les distinctions initiales de
l’introduction.
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III. Il faut respecter les lois en se
méfiant autant des lois que de notre obéissance.
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