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La psychanalyse

Un psychanalyste, Jacques Lacan, par Philippe Julien 

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QU’EST-CE QUE LA PATERNITE? (suite)

Mais si le Nom-du-Père institue une place dans le symbo­lique, cette place va être occupée en retour selon l’imaginaire et le réel. La dimension imaginaire est celle du père en son personnage; fomenté par l’enfant en sa haute stature d’image du corps auréolée de toute-puissance, le père imaginaire a fonction de privation priver la mère de l’enfant et inversement. 

Qu’à ce père idéal l’enfant tienne si fort, au-delà du scénario guignolesque de la rivalité sexuelle entre lui et le père, c’est bien ce que montre l’expérience analytique et ce qui fonde l’amour pour le père. Le père est aimé en tant que, privateur, il vient tempérer chez l’enfant l’angoisse qu’est la question même adressée à la Mère que me veut-elle donc?

S’il arrive qu’en retour le père tente d’épouser cette image divine », il se pose alors en imposteur, se présentant comme législateur qui prétend ériger la loi de l’interdit de l’inceste. 

Dégonfler cette baudruche, l’enfant ne le peut, à moins de l’introduction d’une autre dimension celle du père réel. Il est celui qui, s’autorisant de la loi, la promeut chez l’enfant en tant qu’il la reconnaît d’abord pour lui-même comme étant celle de son désir.

Il n’est ras comme Dieu causa sui ; il est devenu père de ce qu’il n’a pas en lui-même la cause de son désir, mais en l’Autre une femme en soutient la cause par suite de la demande à elle adressée. Ainsi, ce manque en lui provoque la chute du père idéal maître de son désir et par là si digne d’être aimé. 

Cette chute et ce désêtre permettent en retour chez l’enfant la naissance du désir selon l’Œdipe, c’est-à-dire comme désir pour la mère imposé par le désir du père qui l’interdit. Loi inscrite nulle part, si ce n’est dans le désir du père réel en tant qu’il rend la mère désirable.

Quant à savoir ce dont ce père est capable pour satisfaire la mère, là il n’y a pas de transmission ; le voile qui le recouvre, semblable au manteau à jeter sur la nudité de Noé, servira d’écran pour le fantasme <o Je tiens pour exclu, disait Lacan, qu’on analyse le Père réel ».

Symbolique, imaginaire, réel. Ainsi, par la nomination de ces trois dimensions (entendez dit-mension) de la paternité, Lacan a apporté un peu plus de cohérence dans la lec­ture des textes freudiens et de justesse dans l’interprétation analytique. Il en fit de même en ce qui concerne le transfert, l’identification, la castration, la mort, etc. — ce autour de quoi tourne une analyse.

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