Si les mortelles subissent sans oser s'en plaindre le sort que leur imposent les mâles, il n'en va pas de même dans le monde divin... Homère aurait-il voulu
discrètement suggérer à ses contemporains, en se plaçant très haut, très loin de l'humaine réalité, que le sexe faible pouvait avoir son mot à dire? Voyons, en tout cas, quel est le comportement des déesses.
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L'Iliade, une affaire de femmes, à suivre sur l'Olympe.
Chez les dieux, chacune a ses idées, Zeus a bien du mal au milieu d'elles toutes.
Serions-nous devant la caricature d'une famille homérique?
Sans l'avancer, nous allons tenter de voir qui est le chef, dans ce qu'on aurait envie d'appeler une comédie bourgeoise, si les éléments n'en étaient pas disséminés par touches rapides à travers une longue épopée.
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1 Les armes féminines.
Zeus subit d'abord le chantage de la mère d'Achille, envers qui il a des obligations très anciennes:
"Donne-moi une véridique promesse... ou alors, dis-moi non, tu n'as, toi, rien à craindre, et je saurai, moi, à quel point je suis méprisée entre les
dieux."
- "Ah, la fâcheuse affaire, si tu me dois induire à un conflit avec Héra! ...Même sans cause, elle est toujours à me chercher querelle... Pour l'instant, retire-toi, qu'Héra ne te voie
pas..."
A peine Thétis a-t-elle quitté Zeus que vient l'épouse, soupçonneuse, agressive:
"Avec quel dieu encore viens-tu de comploter, perfide?... Thétis... est venue à l'aube... elle a pris tes genoux, et j'imagine que tu lui as donné l'infaillible promesse d'honorer son
fils."
Il n'y a que la menace pour la faire taire, mais elle reste furieuse et c'est un de ses fils, le boiteux, Héphaïstos, qui doit la raisonner:
"Subis l'épreuve, mère, résigne-toi, quoi qu'il t'en coûte, que je ne te voie pas de mes yeux, toi que j'aime, recevoir des
coups!"
Héra revient plus tard à la charge:
"Se peut-il qu'ainsi tu veuilles rendre mon labeur vain et sans effet... quand j'assemblai l'armée destinée au malheur de Priam et de ses enfants?...A ta guise, mais...
- ... Fais comme il te plaît, répond l'époux, je ne veux pas que ce débat entre nous plus tard soit un sujet de grave discorde. Mais j'ai encore quelque chose à te dire, mets-le toi bien en tête. Quand j'éprouverai à mon tour l'envie de détruire une ville où tu auras des protégés, ne t'avise pas de détourner ma colère... Entre toutes les villes qui sont sous le soleil et le ciel étoilé... il n'en était point de plus prisée de moi que la sainte
Ilion".
Zeus a cédé! Comment résister à cet être de fer? Il lance à leur fils commun, Arès:
"Ah! tu as bien l'emportement intolérable, sans rémission de ta mère, de cette Héra que j'ai tant de peine à dompter avec des
mots".
Comme il aimerait être débarrassé des criailleries sans fin! Pour avoir la paix, il se retire, dès qu'il le peut, dans la solitude, loin de l'Olympe.
Pourtant, il a pour sa femme une sorte d'indulgence résignée: "J'ai moins de colère et de rancune contre Héra (que contre Athéna). De tout temps, elle a eu l'habitude de faire obstacle à tout ce que je
veux", avoue-t-il après un mauvais tour des deux complices.
Du reste, il les aime, ces deux irréductibles, et il ne voudrait pas avoir à les châtier trop rudement:
"Pars, Iris rapide, dit-il à sa messagère, fais-leur tourner bride, ne les laisse pas m'aborder en face. Ce serait trop triste spectacle, si nous en venions au
combat."
Et Athéna sait parfois s'y prendre par la douceur, elle flatte et supplie son père, qui tout attendri, lui accorde ce qu'elle veut:
"Va, n'aie pas peur, Tritogénie, ma fille... avec toi, je veux être débonnaire".
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: la permission de Zeus.
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de Grèce
Jacqueline Masson
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