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MARE NOSTRUM

L' Iliade

Pâris-Alexandre, l'enfant terrible.

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La tradition prête à Priam, prince oriental pourvu d'un vaste harem, cinquante garçons et cinquante filles. Nous en voyons apparaître un certain nombre au cours de l'Iliade. Parmi les fils, la plupart combattent et meurent avec courage. Quelques uns restent à l'abri, ce sont les joyeux farandoleurs que leur père invective avec âpreté après la mort d'Hector.
Pâris, fils, comme Hector, de la reine Hécube, se classe à part des autres. Il ne ressemble guère à son frère, et on serait tenté, en le comparant à son aîné, de le considérer comme une sorte d'anti-héros.

Parce qu'il a opté pour l'amour, dans la querelle qui opposait les trois déesses, il sort des normes traditionnelles et devient objet de scandale. Il foule aux pieds les droits du mariage en séduisant Hélène, il viole les lois de l'hospitalité en volant ses biens et son épouse à son hôte.

 

Pourtant, loin d'être rejeté par les siens à son retour, il est traité avec égards. On accueille sa nouvelle femme et, comme les autres fils de Priam, il vit au palais dans un appartement agréable. On peut supposer que la décision d'intégrer le couple au sein de la communauté a fait l'objet de discussions, puisqu'Homère parle d'un homme "qui avait d'Alexandre reçu de l'or à foison, de splendides présents, pour s'opposer avant tout autre à ce qu'Hélène fût rendue au blond Ménélas" Cette indulgence a de lourdes conséquences.

Pâris, en effet, jette le discrédit sur tous ses frères: parlant du roi Priam, Ménélas ose déclarer devant les Troyens "Ses fils sont arrogants et déloyaux". Il apporte surtout le malheur dans sa cité. Pourtant, personne ne prend l'initiative de se débarrasser de lui. Par quel miracle? Nous allons voir que, tout en étant véritablement insupportable, Pâris est irrésistible.

 Il est insupportable.

Il fait le bravache. Il aime les belles armes, ils les fourbit, les fait reluire, mais il n'est pas pressé de s'en servir. A Hector, qui le lui reproche, il prétend qu'il est trop triste pour pouvoir aller combattre!
Quand il paraît sur le champ de bataille, il veut attirer l'attention sur lui, en défiant toute l'armée grecque. Mais dès que se montre l'adversaire, c'est justement Ménélas, il se retranche en tremblant derrière ses compagnons.

Vivement poussé par Hector, il doit se prêter au duel avec son rival. Mais il a vite le dessous: Ménélas a réussi à l'empoigner et cherche à le traîner vers son camp. Si Aphrodite n'y veillait, il serait dans un bien mauvais cas. Par chance pour lui, la déesse l'enlève à son vainqueur et le repose doucement sur son lit, dans sa demeure. "Tu ne pourrais croire qu'il vient de livrer un combat singulier, mais plutôt, qu'il rentre du bal", commente celle qui vient de le sauver.
Quant à lui, sans montrer la moindre confusion de sa défaite, il s'en excuse avec légèreté: "Si aujourd'hui, Ménélas a vaincu, c'est grâce à Athéna (pour une fois, c'est faux!), une autre fois, j'aurai mon tour". Et il se met à penser à tout autre chose...

Son cynisme est incroyable.

Il n'a ni honnêteté (il n'a pas hésité à utiliser la corruption), ni honneur, ni civisme. Après avoir proclamé qu'un duel départagerait les deux partis et qu'Hélène serait attribuée au camp du vainqueur, il se ravise: il veut bien rendre les biens, mais il ne veut plus se séparer d'Hélène, "les Troyens l'y engagent, pourtant!" La rencontre, alors, n'a plus d'objet. La chance de règler le conflit est perdue par son entêtement égoïste, et la lutte reprend.

Ainsi, il est le fléau des Troyens."A tous, il est odieux, autant que le noir trépas!" Tous aimeraient le voir disparaître. Si ses compagnons l'avaient pu, ils l'auraient volontiers abandonné à la colère de Ménélas. Mais, s'exaspère Hector, "les Troyens sont trop timides, sans quoi, ils t'eussent déjà passé la tunique de pierre pour tout le mal que tu as fait!"

Tous le méprisent. Il fait honte à son pays. Diomède, blessé par lui, se moque: "Ah! l'archer! (décocher des flèches de loin demande moins de courage que le corps à corps) l'insulteur! l'homme fier de sa mèche! le beau lorgneur de filles!... pour une égratignure à la plante du pied, tu te vantes bien haut... Le trait ne compte pas, qui vient d'un lâche et d'un homme de rien". De tout cela, le beau garçon ne semble aucunement gêné. "Allons! couchons-nous et goûtons le plaisir d'amour", déclare-t-il à Hélène, sans se soucier de l'humiliation que son peu de vaillance inflige à son épouse. Et Hélène va lui céder! Tous, d'une certaine façon, lui cèdent, même s'ils le trouvent insupportable!

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Jacqueline Masson 

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