Rubrique Épistémologie

Rubrique épistémologie

Épistémologie: les conditions, la valeur, les limites de la connaissance humaine

Tobie Nathan

L'épistémologie complémentariste dans les sciences humaines.

Tobie Nathan – Professeur de psychologie de l’Université Paris VIII.
Séminaire de l'IRSA, Montpellier III - le 9 décembre 1994
- Conférence transcrite par Claude Chéguéttine et Jean-Marie Brohm

page 1 ) Les questions posées par Jean Marie Brohm
page 2 ) Une anecdote significative.
page 3 ) Introduction aux questions épistémologiques.
page 4 ) Maître et thérapeute.
page 5 ) Notions transversales.
page 6 ) L'ethnopsychiatrie
page 7 ) L’épistémologie de l’ethnopsychiatrie

Site Philagora, tous droits réservés

_____________________________________

1) Les questions posées par Jean Marie Brohm  

Jean-Marie Brohm: 
Je vais lancer la réflexion que Tobie Nathan poursuivra. Comme vous le savez, il y a un point sur lequel j’insiste beaucoup ici, dans le cadre d’une épistémologie de la complémentarité et de la multi-référentialité: c’est le problème du “ double ”. Les doubles culturels en nous et en dehors de nous ainsi que les multiples frontières et limites : le culturel et le psychique, l’identité et l’altérité, l’étranger et le familier, l’un et l’autre, l’un dans l’autre, l’un contre l’autre, l’intérieur et l’extérieur, l’ici et l’ailleurs, l’en deçà et l’au-delà... Voilà des questions qui interrogent beaucoup les sciences humaines et en particulier la sociologie et l’ethnologie.

Deuxième question qui me semble importante — c’est un apport propre à Tobie Nathan — la question des “psychèmes”. Tobie Nathan distingue — il développera mieux que moi — trois types de psychèmes : les pulsions, les fantasmes et les mécanismes de défense. Et ces psychèmes-là ne concernent pas seulement la psychologie mais aussi la sociologie, l’ethnologie, l’anthropologie, la psychologie sociale.

Troisième question qu’il serait intéressant d’aborder, aussi bien du point de vue socio-anthropologique que du point de vue psychologique : la question du pluri-culturel ou du multi-culturel. C’est-à-dire aussi bien la dimension de l’inter-culturel que de l’intra-culturel — il n’est pas interdit de faire de l’intra-culturel quand on fait de l’ethnopsychiatrie — mais aussi, plus intéressant peut-être, le trans-culturel ou le méta-culturel. Questions qui ont évidemment une grande importance en épistémologie.

Quatrième question qui concerne plus spécifiquement les sociologues : la notion développée par Georges Devereux, reprise par Tobie Nathan — dans un ouvrage que je vous recommande : Sexualité idéologique et névrose — la notion de “ masses sociales ”. C’est une notion toute simple qui interroge les sociologues : comment se fait-il que des opinions, des attitudes minoritaires, en termes statistiques, puissent avoir une influence sur une masse sociale considérable ? Notion qui déconstruit assez radicalement la fiction des sondages d’opinion.

Cinquième point, ce pour quoi il y a lieu de discuter ici, la notion de complémentarité, la possibilité ou non de tenir un discours simultanément psychologique et sociologique sur un même objet. Par exemple, est-il possible de tenir en même temps un discours freudien et un discours de type marxiste sur le même objet ? Non, si j’ai bien compris Devereux et Tobie Nathan, puisqu’il faut articuler dans la complémentarité un discours qui épuise l’objet et ensuite passer à un autre discours. Donc complémentarité qu’il est parfois convenu d’appeler “ articulation de diverses références théoriques ”. En sociologie par exemple il n’est pas interdit d’être alternativement “marxiste”, “marcusien”, “bourdieusien”, “tourainien”, “boudonien”, “maffesolien”, etc... En passant d’un paradigme à l’autre — Jacques Ardoino avait expliqué cela l’an dernier — il est possible de pratiquer la multi-référentialité. Et j’ajouterai à propos de ce que Tobie Nathan a dit du “ polyglottisme ” en évoquant les 40 langues parlées dans son Centre de recherche qu’il n’est pas interdit de les apprendre. Il serait même souhaitable, plus modestement, que les enseignants et les étudiants connaissent au moins l’anglais ou l’allemand !

Dernier point, non des moindres, développé dans Psychanalyse et copulation des insectes : “ J’ai tenté d’établir, écrit Tobie Nathan, un parallélisme entre les différents types de copulations chez les invertébrés et les différents types de transferts psychanalytiques, déjà décrits et plus ou moins plausibles ”. Je vous recommande la lecture de cet ouvrage stimulant qui établit un rapport, en tous les cas une association fantasmatique, entre ce qui se passe chez nos amis les petites bêtes — les arthropodes — et chez nous, aussi bien dans la relation érotique que dans le lien social en général.

 

  Aller à la page 2 ) Une anecdote significative.

page 1 ) Les questions posées par Jean Marie Brohm
page 2 ) Une anecdote significative.
page 3 ) Introduction aux questions épistémologiques.
page 4 ) Maître et thérapeute.
page 5 ) Notions transversales.
page 6 ) L'ethnopsychiatrie
page 7 ) L’épistémologie de l’ethnopsychiatrie

Rubrique Épistémologie

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express