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Rubrique proposée et animée par  François Palacio

Dissertations de philosophie

Le langage est-il un instrument de communication?   (6 heures)

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Ainsi, par l’utilisation de signifiants universels, le langage humain est susceptible  d’une élaboration qui permet d’accroître l’étendue de l’expression et partant rend possible une communication inter-subjective. En tant qu’il s’attache à la désignation d’états intérieurs, le langage est donc l’instrument par lequel s’opère l’expression des idées. Servant à les communiquer, il est aussi le lieu où elles prennent un sens communément partagé. C’est une remarque suffisamment reprise depuis le Cratyle jusqu’à Hobbes dans le Traité de la nature humaine qu’un mot ne peut servir à la désignation qu’en tant qu’il représente un idée universelle et abstraite et non pas une chose particulière, mis à part le nom propre. Mais ces idées universelles n’existent pas elles-mêmes en dehors des mots qui les portent. Sur ce point, que nous consultions Berkeley dans la Préface aux Principes de la connaissance humaine ou Locke dans la IIIe partie de l’Essai sur l’entendement humain, les idées universelles n’existent pas en soi. Et ce malgré le préjugé de l’opinion naïve, qui croyant parler des qualités des substances extérieures et présumant chez les autres une égale compréhension, est incapable d’apercevoir que ces qualités générales n’existent qu’en nos idées et sont insuffisantes à exprimer la réalité individuelle d’un corps extérieur déterminé. De là proviennent les querelles entre ceux qui ne s’entendent pas sur une même signification et qui croyant parler d’une même chose se disputent en fait sur les mots qui servent à la désigner. De ce fait, nous pouvons remarquer que la communication langagière suppose une compréhension partagée du sens attaché aux idées que désignent  les mots. Or, en tant que cette compréhension n’est universelle qu’à l’égard de ceux qui se sont ainsi entendus sur la définition du mot, nous pouvons conclure à l’utilisation conventionnel des mots et partant à l’artificialité du langage humain. En ce sens, le langage est un instrument qui recèle la possibilité d’inventer et de communiquer de nouvelles significations. Par là même le langage crée la possibilité de nouvelles choses. Autrement dit une chose n’existe pas avant qu’elle ne soit nommée. De même qu’Adam nomme les animaux qui dès lors commencent d’exister pour lui, de même une chose comme « la galaxie » ne représente rien d’autre qu’amas d’étoile avant que le nom ne soit donné qui permette de s’y représenter l’unité.

  

Ainsi, à partir du découplage du langage entre expression et exprimé, nous pourrions définir le langage comme un instrument de communication universelle d’idées conventionnelles.

Mais si le langage n’est rien de plus que cet instrument par lequel des idées particulières peuvent acquérir une communicabilité universelle et servir à l’élaboration d’autres idées, ne devons-nous pas voir en lui qu’un simple outil ? Le langage, en tant qu’instrument de la communication, ne renvoie-t-il pas à une technique ? Et à ce titre, ne peut-il être maîtrisé en vue d’une communication plus précise et plus large ? Répondre à cette question, c’est finalement statuer sur le statut du langage : est-il un instrument transparent de la communication ? 

Or, si le langage est un outil, il suffit de savoir s’en servir pour parvenir à communiquer plus efficacement. Comme le montre Platon dans le Gorgias notamment, me rhéteur est celui qui, par la connaissance des règles argumentatives, peut faire changer d’opinion une assemblée en présentant une même chose sous des angles différents. C’est ce qui vaut à la rhétorique de se voir qualifier « d’ouvrière de la persuasion ». Ainsi que le montre Hobbes dans le De Homine, le langage n’est que l’expression extérieure de la consécution intérieur des désirs produits par l’impression des choses sur nous. La ratio n’étant que la calcul par lequel nous enchaînons nos idées suivant l’ordre nécessaire à la satisfaction de nos passions, le discours n’est, dans la communication extérieure, qu’oratio ; c’est à dire tendance à engendrer chez les autres des mouvements intérieurs semblables aux nôtres. La persuasion consiste ainsi à éveiller chez les autres une passion en faisant apparaître une chose dans l’esprit par son engendrement dans le discours. Il existe donc une technique du langage en tant qu’instrument de la communication de nos passions. Mais cette technique qui consiste à créer un accord sur une chose par la présentation d’une idée sous un angle neuf n’est pas propre à la rhétorique et n’implique pas nécessairement une finalité négative. Il existe un juste usage du langage.

 

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