° Rubrique lettres > Victor Hugo, Les Châtiments

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Cette extraordinaire faculté d'optimisme chez Victor Hugo lui vient tout naturellement de sa foi en Dieu et de sa familiarité avec la Nature.

Sa FOI en DIEU: S’il tire à boulets rouges sur l'Église institutionnelle et sur beaucoup de ses représentants le poète n'en reste pas moins attaché à la doctrine du Christ:
"
Jésus, parlant à ses apôtres,
Dit "aimez-vous les uns les autres"
Et voilà bientôt deux mille ans
Qu'il appelle nous et les nôtres
Et quil ouvre ses bras sanglants." (II 2)
Résolument déiste, il proclame avec force:
"Que la terre est à l'homme et que l'homme est à Dieu."
(V 8)

Il s'indigne contre les matérialistes: "Toujours vouloir le corps, ne jamais chercher l'âme
Pour de vains résultats faire de vains efforts,
N'attendre rien d'en haut! ciel! oublier les morts!
Oh non, Je ne suis point de ceux-là!..." (IV 9)
Il peut faire cette prière: "O dieu vivant, mon Dieu, prêtez-moi votre force... " (II 7 VIII)
ou laisser éclater Sa révolte: "Qu'es-tu donc, dieu Jaloux, dieu d'épreuve et d'effroi... (VII 9)
malgré tout. Sa confiance demeure: "Mettre aux fers tout un peuple est un crime odieux
Que Dieu, calme et rêveur ne quitte pas des veux.
Dès que ce grand forfait est commis, point de grâce;
La Peine au fond des cieux, lente mais jamais lasse,
Se met en marche et vient, son regard est serein.
Elle tient sous son bas son fouet aux clous d'airain." (V 12)

Sa familiarité avec la NATURE le convainc qu'elle est de son côté et il la prend à témoin:

"O soleil, Ô face divine,
Fleurs sauvages de la ravine...
O vierge forêt, source pure,
Lac limpide que l'ombre azure,
Eau chaste où le ciel resplendit,
Conscience de la nature,
Que pensez-vous de ce bandit?" (II 4)

Dans un monde corrompu, elle est pour lui signe que la pureté existe. Aussi se plaît-il sur "l'île solitaire" où il s'est exilé:

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L'étoile du matin lui annonce des jours meilleurs:

"J'aime ta mouette, Ô mer profonde,
Qui secoue en perles ton onde
Sur son aile aux fauves couleurs,
Plonge dans les lames géantes,
Et sort de ces gueules béantes
Comme l'âme sort des douleurs." (II 5)

"J’arrive. Levez-vous, vertu, courage, foi!...
Car celui qui m'envoie en avant la première
C'est l'ange Liberté, c'est le géant Lumière'! (VI 15)

Le spectacle du printemps l'apaise:

"Tout rayonne et le ciel couvant l'homme enchanté
N'est plus qu'un grand regard plein de sérénité!
Alors l'herbe m'invite et le pré me convie;
Alors j'absous le sort, je pardonne à la vie.
Et je dis: pourquoi faire autre chose qu'aimer?..."

Mais la triste obsession revient, et le poète maudit le "cortège hideux" de "figures difformes" qui a le pouvoir:

"De le suivre au désert, dans les champs, sous les ormes...
D'emplir de haine un coeur qui déborde d'amour." (VI 14)
QUEL CHÂTIMENT va-t-il souhaiter à ceux dont les crimes lui ôtent le repos de l'âme? Quel supplice peut punir les forfaits de la troupe immonde?
Au nom même du Progrès dont la Nature est source, au nom de "la loi sainte du Christ", le poète va renoncer à une vengeance de violence physique.

il prêchera la mesure et le respect de la légalité:

"Ce que la France veut pour toujours désormais,
C'est l'amour rayonnant sur ses calmes sommets...
Quand nous tiendrons ce traître abject, frissonnant, blême,
Affirmons le progrès dans le châtiment même.
La honte et non la mort...
Oh, qu'il ne soit pas dit que pour ce misérable,
Le monde en son chemin sublime a reculé!
Que Jésus et Voltaire auront en vain parlé!...
On peut être sévère, et de sang économe." (Nox VIII)

Sa colère sera satisfaite s'il peut parvenir à couvrir ces hommes d'une honte irrémédiable:  "Peuple, jamais de sang! - vertueux ou coupable,
Le sang qu'on a versé monte des mains au front...
Sachons-le bien, la honte est la meilleure tombe.
Le même homme sur qui son crime enfin retombe
Sort sanglant du sépulcre et fangeux du mépris." (V 8)
.
C'est avec dignité que le peuple doit exercer justice: "Certes il viendra le rude et fatal châtiment,
Jamais l'arrêt d'en-haut ne recule et ne ment.
Mais ces jours effrayants seront des jours sublimes.
O peuple généreux, ô peuple frémissant,
Sans glaive, sans verser une goutte de sang,
Par la loi; sans pardon, sans fureur, sans tempête." (VII 10)
En plein accord avec les lois de l'univers et celles de la plus haute humanité, le poète s'écrie: "Naissez, levez-vous sur les flots sonores,
Sur les flots vermeils,
Faites dans la nuit poindre vos aurores,
Peuples et soleils!" (VI 4)
Déjà, il voit briller des jours meilleurs: "O libre France enfin surgie!
O robe blanche après la pluie!
O triomphe après les douleurs!" (Lux I)

Et il chante la fin du cauchemar:
"Fêtes dans les cités, fêtes dans les campagnes!
Les cieux n'ont plus d'enfer, les lois n'ont de bagnes.
Où donc est l'échafaud? ce monstre a disparu.
Tout renaît. Le bonheur de chacun est accru." (Lux Il)

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