° Rubrique lettres > Victor Hugo, Les Châtiments

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NAPOLEON GEANT DE L'IMPOSTURE ET DU CRIME.


Les expressions insultantes citées au chapitre précédent résument et répètent les accusations que Victor Hugo développe dans la majorité des poèmes. Voyons plus en détail de quoi il s'agit, ou plutôt comment il présente les choses. 
Mais, n'espérons pas un exposé clair et précis des faits. Comme, dans l'existence un être s'exprime en mouvements qui tantôt, se complètent, tantôt s'opposent, de la même façon, sur la base continue de la colère "
Châtiments" se construit tumultueusement dans l'émotion et le désordre de la vie même. Cependant, les accusations sont portées avec tant de force qu'il est aisé de comprendre quels en sont les thèmes majeurs:

Napoléon III est un USURPATEUR et un MENTEUR  un ASSASSIN   un TYRAN.
Plus grave encore, c’est un EXPLOITEUR DU PEUPLE, DEBAUCHÉ et CORRUPTEUR.
Enfin, il APPORTE le DESHONNEUR à la FRANCE, à son Armée, à la Chrétienté dont il se réclame, à son propre peuple.

Reprenons ces différents points:

USURPATEUR ET MENTEUR: Il abuse du prestige laissé par son oncle, le Grand Napoléon:"
"Je me sers de son nom, splendide et vain tapage,
Tombé dans mon berceau...
je choisis son grand anniversaire,
C’est le jour qu'il me faut...
Nul ne se doutera que j'apporte la honte
A ce jour glorieux...
Et ce voleur de nuit alluma se lanterne Au soleil d'Austerlitz!
" (Nox III)

En se présentant comme l'homme providentiel, il a joué, dans sa campagne électorale, sur les craintes que les révolutionnaires de 48 ont éveillées chez les bourgeois et chez les paysans, par leurs innovations à caractère social et par les troubles qui les accompagnaient. Il a donc réalisé facilement son coup d'Etat:
"l'opprobre est un fait accompli.
Mais qui donc a voté? mais qui donc tenait l'urne?
Où donc était la loi dans ce tour effronté?
Où donc la nation? Où donc la liberté?"
(III 4)

Et il s'est glorifié hypocritement dans une cérémonie solennelle à Notre-Dame:
"Comme un loup qui se lèche après qu'il vient de mordre,
Caressant se moustache, il dit: " j’ai sauvé l'ordre!
Anges, recevez-moi dans votre légion!
J'ai sauvé la famille et la religion!"
(Nox VI

ASSASSIN.
Aidé par les officiers qu'il a gagnés à sa cause, l'usurpateur écrase dans le sang les mouvements de protestation, faisant des victimes innocentes parmi les passants:
"Les morts sabrés, hachés, broyés par le canon...
Etaient ensevelis la tête hors de terre.
Cet homme les avait lui-même ainsi placés...
Ils étaient la, sanglants, froids, la bouche entr 'ouverte...
Tous, l'homme du faubourg qui jamais ne recule,
Le riche à la main blanche et le pauvre au bras fort,
La mère qui semblait montrer son enfant mort..."
(Nox V)

Les soudards à sa solde soulèvent l'horreur:
"On voit quand dans Paris leur troupe se promène,
Aux fers de leurs chevaux de la cervelle humaine. 
Avec des cheveux blancs!"  (II 7)
"à l'obéissance passive"(II)

(voyez aussi, en Il 3, "Souvenir de la Nuit du 4", le récit bouleversant de la mort d'un petit garçon).

TYRAN. L’usurpateur assure son pouvoir par la violence et par la crainte:
"Plus de presse, plus de tribune
Quatre-vingt-neuf porte un baillon."
(II 2)

Les opposants sont déportés. La mer, que le poète prend à partie, entraîne:
"Vers Cayenne aux fosses profondes
Ces noirs pontons qui sur les (tes) ondes
Passent comme de grands cercueils!...
(elle emporte... )
"Tous nos martyrs au front serein..."
(Nox VII)

Pour emmener les condamnés au lieu de leur supplice on réquisitionne les navires de guerre:
"Et l'on râle en exil, a Cayenne, a Blidah !
Et sur le Duguesclin et sur le Canada,
Des enfants de dix ans, brigands qu'on extermine,
Agonisent, brûlés de fièvre et de vermine!
" (VI 5)

Nul espoir pour ces proscrits (que l'on prétendait envoyer comme colons):
"Captifs, expirez dans les fièvres,
Vous allez donc vous reposer!...
La Guyane, cachot fournaise
Tue aujourd'hui comme jadis:"
(III 10)

(voyez aussi, en V 11, le calvaire de Pauline Roland, dont il a déjà été question au chapitre du Justicier)
Pourtant, Napoléon règne avec l'approbation des autorités morales, Il jouit de l'estime des souverains:
...le prêtre assis dans la chaire et le juge
D'hermine revêtu,
Adorent le succès, seul vrai, seul légitime,
Et disent qu'il vaut mieux réussir par le crime
Que choir par la vertu..."
(II 7 A l'Obéissance Passive VIII)

"Les rois te disent: "mon cousin!" (III 10)

Ainsi, l'Europe, entière est asservie:
"Sur Milan, sur Vienne punie,
Sur Rome étranglée et bénie...
La vieille louve Tyrannie,
Fauve et joyeuse s'accroupit.
Elle rit; son repaire est orné d'amulettes;
Elle marche sur des squelettes..
.(II 2)

Sous cette main de fer, le PEUPLE de FRANCE va-t-il prospérer et grandir?

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