° Rubrique littérature http://www.philagora.net/frindex.php LE CID de Corneille Beau comme Le Cid.
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Don Gomès est vaincu par cette
inflexible volonté. C'est lui, maintenant, qui invite au duel, avec cette
réplique qui rachète toutes les autres, cette réplique qui dit non seulement son
acceptation,
mais son entière approbation: =Car un fils se disqualifie s'il accepte, sans
réagir aussitôt, qu'on déshonore son père. GRAND AFFOLEMENT! Si le duel a lieu, elle perd un être cher, s'il n'a pas lieu, elle aura honte de son fiancé. =
Chez le roi (II, 6), l'atmosphère est orageuse, Don Fernand est
furieux: C'est alors (II, 7), qu'arrive la nouvelle incroyable: = JUSTICE! Chimène vient de voir le corps de son père, elle ne peut détacher son esprit de cette vision, qu'elle évoque avec horreur et réalisme: "mes yeux ont vu son sang couler à gros bouillons... ce sang... ce sang... ce sang qui tout sorti fume encore... répandu... couvrir la terre... son flanc était ouvert... son sang, sur la poussière... en cet état... sa plaie... triste bouche..." Elle est dans une émotion et un chagrin intenses: "j'ai couru sur les lieux sans force et sans couleur... excusez ma douleur... la voix me manque.. récit funeste... mes pleurs et mes soupirs... misère... émouvoir..." Elle veut faire partager son indignation par le roi, devant ce sang répandu "pour d'autres que pour vous... qui tant de fois garantit vos murailles... qui tant de fois vous gagna des batailles... que n'osait verser la guerre... et dans lequel "se baigne" "un jeune audacieux". Elle peint Rodrigue comme un sanguinaire, un téméraire, un orgueilleux insolent, bravant les lois, bafouant la gloire des "plus valeureux" et mettant l'ordre public en péril: "votre couronne,... votre grandeur... votre personne... le bien de tout l'Etat".Car elle le poursuit, dit-elle au souverain, "plus pour votre intérêt que pour mon allégeance" (mon soulagement). Avec une violence presque barbare, elle réclame "justice... punition... vengeance... supplice..." Elle
crie, elle répète: "vengez... immolez...
immolez..." et elle exige durement qu'on rachète "le sang par le sang". = Il est cependant beaucoup
moins simpliste qu'on pourrait le croire à première vue. Progressivement, une
argumentation s'organise et prend de la hauteur. La notion de "justice"
lancée au départ va s'affiner: il s'agit d'abord de "punir", et, même
de "venger", Chimène, ensuite, rectifie le tir, elle abandonne le
point de vue personnel pour mettre en avant une punition par l'exemple qui
assurerait le bien commun. = Après les vives attaques de Chimène, le plaidoyer
de Don Diègue, plein de tristesse et de dignité, risque de nous paraître
un peu plat. En effet, tout son premier mouvement (v. 697-714) est une redite (je
n'ai pas dit un radotage!) du dialogue avant la dispute et du monologue du premier
acte. =Il ne peut donc plus nous intéresser ni nous apitoyer autant, mais il s'agit de
toucher
le roi, qui, lui, n'a pas encore entendu ces considérations. =Ces souvenirs et ces plaintes visent à éveiller l'indignation à l'encontre du comte donneur d'affront et présentent sa mort comme une nécessité: "ainsi, ces cheveux..., ce sang,... ce bras... descendaient... infamie, si... un fils... il a tué le comte, il m'a rendu..., il a lavé..." "Montrer du courage..., venger...", la faute ainsi posée doit-elle être punie? ("si..., si... mérite un châtiment...") =
Dans l'affirmative, Don Diègue
se désigne comme le vrai
responsable, le seul coupable, c'est donc lui, le vieux guerrier, qui doit être
châtié: = A notre avis, il ne
risque pas grand'chose, mais ce serait lui faire tort que de croire à un calcul, il est
de la même étoffe que les deux duellistes et il est absolument sincère lorsqu'il
affirme: = De toute façon,
sa proposition, tout à
fait logique, est habile, elle répond aux exigences de Chimène: Et elle ajoute certainement à l'embarras du roi.
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