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LE CID  de Corneille

Beau comme Le Cid.

p.1- Beau comme Le Cid
p.2- Pour Rodrigue tout bascule
p.3- La plus difficile victoire
p.4- Vers une décision
p.5- Une difficile rencontre
p.6- Grand affolement!
p.7- L'amour aimé d'honneur
p.8- Le mouvement en général
p.9- Coup d'essai, coup de maître
p.10-
Un style ---
p.11- Vers la victoire finale.
p.12- Le dialogue final

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Et parce que les sens y agissent: l'oeil et l'oreille sont actifs:

Abondance de verbes visuels (voir, paraître, discerner),
Importance de l'obscurité, puis de la lumière,
Magnifique vision, sous l'immense ciel nocturne, de la mer, où vient d'apparaître la flotte ennemie (v. 1273-1276):

"Cette obscure clarté qui tombe des étoiles,
Enfin, avec le flux nous fit voir trente voiles,
L'onde s'enfle dessous et, d'un commun effort,
Les Mores et la mer montent jusques au port."

(on note, bien sûr, l'obscure clarté, dont l'apparent paradoxe suggère à merveille la lumière froide de la nuit, l'abondance, dans les vers 1274-1275, des consonnes continues évoquant le mouvement souple des eaux et des vents: f,v,l,f,l,n,f,v,v,r,r,v,l,l,f,l,s,f,r, et au vers suivant, une allitération de trois m, qui suggère la progression des vagues et celle des troupes ennemies).

Un très long silence: "sans faire aucun bruit... profond silence", prépare l'effet de surprise du tumulte qui va suivre:"poussons jusques au ciel mille cris éclatants", tumulte repris presque textuellement au moment de la fuite: "poussent jusques au ciel des cris épouvantables".

Tout est dit très simplement.
Rodrigue ne fait absolument pas mousser cette belle action militaire dont il est légitimement fier. Cependant, sa pitié et son admiration à l'égard de tous les combattants lui inspirent un bref passage qu'on peut qualifier d'oratoire (v.1299-1302):

"Et la terre et le fleuve et leur flotte et le port
Sont des champs de carnage où triomphe la mort.
O combien d'actions, combien d'exploits célèbres
Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres..."

On trouve là rassemblés plusieurs effets de style:

v.1299, accumulation rythmée (3-3-3-3), soulignée par la répétition "et", avec l'encerclement des éléments liquides (fleuve-flotte) par les éléments solides (terre... port), qui ne laisse pas d'échappatoire où éviter le massacre.

v.1300, une allégorie (= personnification), où la force des mots "carnage" et "triomphe" donne l'image de la totale désolation.

v.1301-1302, une exclamation, "ô", vigoureusement balancée par la répétition "combien... combien..." (elle chante comme plus tard celle de Victor Hugo: "O combien de marins, combien de capitaines...") lance cette contradiction si injuste: "exploits célèbres... restés sans gloire", avec "gloire" à l'hémistiche, s'opposant à "ténèbres" en fin de vers.

Quant à la conclusion du récit, elle est touchante de logique et de naïveté:

"Et le combat cessa faute de combattants".

Malgré cette discrétion, une émotion profonde anime tout le discours de Rodrigue.
La puissance souveraine de la marche à l'ennemi ouvre la narration dans l'enthousiasme:

"Cette troupe s'avance
Et porte sur le front une mâle assurance...
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage... "

Le courage contagieux de cette poignée de volontaires opère un miracle dont eux-mêmes s'émerveillent: "nous nous vîmes trois mille en arrivant..."
Pour ces hommes "brûlant d'impatience" et pour leur jeune chef, ces moments resteront inoubliables: "une si belle nuit"!
On sent la tension de leur regard vers l'horizon où se profilent les voiles sarazines, puis leur souffle suspendu, tandis que s'approchent les agresseurs:
"On les laisse passer, tout leur paraît tranquille,
Point de soldats au port, point aux murs de la ville..."

Puis c'est l'excitation féroce et joyeuse de la ruée:
"nous nous levons... les nôtres... répondent, ils paraissent... nous les pressons... nous les pressons... Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang".
Ensuite Rodrigue découvre l'atrocité des corps à corps, qui:
"De notre sang au leur font d'horribles mélanges".

Il connaît l'incertitude:

"jusque au point du jour",

puis le soulagement:

"Mais enfin, sa clarté montre notre avantage".

Il ne cache pas son mépris pour les fuyards:

"Le flux les apporta, le reflux les remporte".

Il dit son admiration pour les deux rois qui,

"tout percés de nos coups,
"Disputent vaillamment et vendent bien leur vie".

Nous avons devant nous un vrai chef.
=Il assume ses responsabilités: "sous moi (= sous mes ordres), cette troupe s'avance".
=Il prend ses risques: "je feins hardiment d'avoir reçu de vous l'ordre qu'on me voit suivre et que je donne à tous".
=Il organise rapidement un plan de combat: "j'en cache... aussitôt qu'arrivé... la garde en fait de même... mon stratagème..."
=Son autorité s'impose à tous, les soldats du port comme sa propre troupe exécutent ses instructions en temps voulu.
Au cours de la bataille, il coordonne les efforts et ne plaint pas sa peine:
"J'allais de tous côtés encourager les nôtres,
Faire avancer les uns et soutenir les autres,
Ranger... pousser...".

=C'est lui qui intervient auprès des rois au moment de leur reddition. Et devant Don Fernand (IV 3), ceux-ci rendent hommage à leur vainqueur en lui décernant le titre de Cid, qui, "en leur langue est autant que seigneur".

Eclatantes réalités

Cette première rencontre avec les dures mais exaltantes réalités de la guerre, Rodrigue l'a vécue intensément. Le récit qu'il en fait est célèbre à juste titre pour sa clarté, sa vivacité, sa simplicité, l'émotion qui s'en dégage et la belle figure de jeune chef qu'il met en lumière.
Aurait-elle eu lieu, cette éclatante victoire, si d'autres ne l'avaient précédée et préparée?

Au cours de cette journée, Rodrigue, qui avait appris à renoncer à ses intérêts personnels pour donner la priorité à ses devoirs, n'a pas hésité à risquer sa vie pour son pays.

= Par ailleurs, l'épreuve de la rencontre avec le Comte lui avait donné conscience de sa valeur et elle lui a permis d'assumer sans crainte son rôle de commandement.
Don Fernand est ravi: Rodrigue saura remplacer le Comte qu'il a tué. Quant à Don Diègue, il n'a plus de crainte pour son fils, le voici non seulement pardonné, mais en pleine faveur.

=A ce moment-là (IV 4), on annonce Chimène! Aïe!
Rodrigue n'a que le temps de s'éclipser, pendant que don Diègue confie au roi ce qu'il sait des sentiments de la jeune fille:
"Chimène le poursuit, et voudrait le sauver".

=Pour l'éprouver, Don Fernand lui annonce alors (IV 5) la mort du meurtrier de son père. Elle a un instant de faiblesse, mais elle se remet très vite et prétend que seule la joie de la vengeance a causé son malaise. Impossible de lui faire avouer qu'elle aime Rodrigue!
Pire que cela, quand elle comprend qu'il est vivant, elle s'entête à réclamer sa punition, elle promet sa main à celui qui le combattra victorieusement et fera triompher sa cause.
Don Sanche se propose, il est accepté, mais le roi, qui n'est guère satisfait d'exposer son héros, pose en principe que

le vainqueur épousera Chimène, même si c'est Rodrigue.
Celle-ci, après une certaine résistance, semble accepter cette condition.

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