° Rubrique littérature http://www.philagora.net/frindex.php LE CID de Corneille Beau
comme Le Cid.
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droits réservés Rodrigue reste seul. Il tient entre ses mains l'épée que le vieux Don Diègue avait instinctivement tirée pour punir l'insulteur, et que le comte, après l'avoir fait choir, a dédaigneusement abandonnée à son propriétaire. Elle lui brûle les doigts, mais comment faire pour la lâcher, maintenant que son père la lui a transmise? Elle lui montre clairement qu'il est devenu le responsable de l'honneur familial, et ce qu'il doit faire: "Meurs ou tue!" Dans une pièce
qu'on dit classique, c'est à dire intériorisée et dépouillée de toute violence
physique, la brutalité de cette arme a quelque chose d'incongru, et certains
des critiques choisis par
Richelieu pour juger Le Cid ont
froncé les sourcils: nous sommes encore dans l'âge baroque, libre et inventif, la
tragédie, jeune débutante, commence seulement à mettre en oeuvre les règles qui vont
l'épurer, et Corneille, qui a trente-six ans, se plaît dans les créations foisonnantes
et un peu folles de son temps. Plus tard, il aura, d'ailleurs, du mal à se plier à une
dramaturgie plus abstraite et plus codifiée. "En cet affront,
mon père est l'offensé, Le long déroulement balancé des alexandrins en rimes plates alternativement masculines et féminines a brusquement cessé, pour faire place à une suite de vers aux cadences changeantes, ce sont les fameuses stances. Il y aura six strophes, de
dix vers chacune, dont la longueur varie en: L'enfant à qui tout souriait ("si près de voir mon feu récompensé") se trouve brusquement jeté dans le monde cruel des adultes ("injuste rigueur"), La stupeur: "atteinte imprévue... je demeure immobile... ô Dieu, l'étrange peine", et le chagrin: "misérable... malheureux ... rigueur... coup... peine", en font une victime passive: "percé... objet ... immobile... âme abattue... cède..." submergée par le désespoir: "jusques au fond du coeur ... atteinte mortelle ... me tue". Au fond de lui, il sent qu'il va perdre Chimène et
il est bien près de se laisser aller. Mais ce n'est pas un mou, très vite, il réagit.
Au lieu de s'abandonner à sa douleur, il se met à réfléchir et il envisage les
données
du problème.
Dans l'ensemble du texte
où domine le chagrin:
"percé... coeur ...misérable... malheureux... âme
abattue... peine... rudes... triste... mal... plaisirs morts... cruel... ", =par de nombreuses questions, Après le désarroi que nous observions dans la strophe 1, Rodrigue s'achemine donc vers une décision. Aller à la page suivante: Vers une décision.
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