° Rubrique littérature http://www.philagora.net/frindex.php LE CID de Corneille Beau comme Le Cid.
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droits réservés I - (v. 849-870):
La
Mort Obsédante, =Rodrigue a tiré son épée du fourreau, il en tend la poignée à Chimène, pour lui remettre l'instrument du devoir et de l'honneur, comme l'avait fait Don Diègue. Il la place ainsi au pied du mur et l'oblige à prendre très concrètement une décision: veux-tu ma mort, ou non? A-t-il conscience qu'il lui impose un défi effroyable? =Pour Chimène, cette
épée, c'est son père tué par Rodrigue, et l'obligation de le venger, c'est
insupportable. II - v. 869-933: l'Honneur aimé d'Amour. Sur un rythme apaisé, en deux très longues répliques ininterrompues, chacun va justifier son attitude face aux exigences de son honneur et de son amour, et faire de ce qui aurait pu être un hurlement de haine un magnifique chant d'accord et d'estime. A - (869-904): Rodrigue se met en situation d'accusé et s'explique: a - (869-878): Ce qu'il a fait est une "bonne action", "j'ai vengé, dit-il, mon honneur et mon père,Je le ferais encore si j'avais à le faire" b - (878-896): son amour l'aurait détourné de son devoir, tant il craignait le chagrin de Chimène, s'il n'avait pas compris qu' "Un homme sans honneur ne te méritait pas". c - (896-904): il peut maintenant se présenter sans honte: B - (905-932): Chimène
se montre en plein accord avec Rodrigue: =elle répond: =Mais elle
ne cache pas
sa peine: III - (933-962):
Punition
Immédiate! Chimène se récuse comme
elle peut: Mais, ce qu"elle
avait affirmé précédemment: Rodrigue le reprend: car il veut
la rendre
aussi forte que lui, c'est à dire capable de le tuer de sa main. Comment le
comprendre ce souhait ahurissant? Ces deux êtres vivent un moment unique, jamais,
sans doute, ils ne se sont sentis aussi proches l'un de l'autre, dans leur souffrance,
mais également dans cette parfaite compréhension. Pour Rodrigue, puisque cet
instant
doit être sans lendemain, mieux vaut en finir avec la vie et laisser à
Chimène la gloire du devoir accompli. IV - (963-997) Duo d'Amour. "Va, je ne te hais point". Cet aveu est d'abord un
tendre reproche à celui qui sait qu'elle l'aime, mais qui exige qu'on le lui
dise encore, parce qu'il a terriblement besoin d'être consolé. L'entretien, désormais
se fait plus intime, la sollicitude s'exprime plus simplement, doucement, Rodrigue
met Chimène en garde contre "le blâme, les faux bruits", elle lui
avoue sa faiblesse: et Rodrigue l'amène à
se
débarrasser de tous les faux-fuyants pour révéler enfin le fond de son coeur.
Certes, elle fera son devoir, mais ajoute-telle: Il sait à présent
qu'il a aussi vaincu le comte, dans ce nouveau combat: Et Chimène fait à
Rodrigue qui la quitte peut-être pour toujours, cette promesse extraordinaire: "Je t'engage ma foi", c'est la parole rituelle que, petite mariée heureuse, elle espérait prononcer le jour de ses noces. Fidèle, elle le sera malgré tout, jusqu'à la mort! Et voilà la troisième
victoire de Rodrigue.
Pendant ce temps-là (III, 5), le papa est en souci, il a bien peur qu'un ami du comte n'ait fait un mauvais coup à son garçon... Ah! Le voilà! Il va pouvoir l'embrasser, le féliciter, ils vont se congratuler... (III, 6) Il ne remarque pas
la figure défaite de son enfant, pas plus qu'il ne veut entendre son soupir: "Hélas!" Tout à sa fierté
d'avoir récupéré son précieux honneur
grâce à un fils digne de lui, il a totalement oublié le sacrifice qu'il lui a
imposé. Avec une fermeté
respectueuse, Rodrigue arrête ses manifestations d'enthousiasme: Mais ce vieux
scrogneugneu, qui ne connaît que les coups d'épée ou de canon, n'a rien compris et se
permet de faire la leçon: Et macho! avez-vous vu ça!
Rodrigue bondit: puisqu'il est question de ce bel honneur, il ajoute: "L'infamie est pareille et suit également Le guerrier sans courage et le perfide amant (=infidèle) (ce respect de la Dame, qui nous vient de l'Amour Courtois, est un des principaux éléments du mouvement Précieux. On s'en est abusivement moqué, alors que sans la finesse des analyses psychologiques auxquelles il a donné lieu, le théâtre classique n'aurait pas pu exister) Lui, il restera fidèle sans autre espoir que de mourir. Mourir! Don Diègue prend la balle au bond. On annonce un raid des Mores. Ils remontent actuellement le Guadalquivir, il faut se porter à leur rencontre. "Là, si tu veux mourir, trouve une belle mort". Il suit son idée, et trouve un argument
qui lui semble ingénieux pour convaincre son désespéré: "l'unique façon"! il suffirait d'être un matamore pour convaincre Chimène de renoncer à ses devoirs? A tout mesurer à son aune de baroudeur, il n'a, décidément, pas très bien suivi le film! Nous ne parlerons donc pas d'une victoire de Rodrigue sur ce vieil entêté. Aller à la page suivante: Coup d'essai, coup de maître! ° Rubrique littérature http://www.philagora.net/frindex.php |