° Rubrique littérature http://www.philagora.net/frindex.php

LE CID  de Corneille

Beau comme Le Cid.

p.1- Beau comme Le Cid
p.2- Pour Rodrigue tout bascule
p.3- La plus difficile victoire
p.4- Vers une décision
p.5- Une difficile rencontre
p.6- Grand affolement!
p.7- L'amour aimé d'honneur
p.8- Le mouvement en général
p.9- Coup d'essai, coup de maître
p.10- Un style ---
p.11- Vers la victoire finale.
p.12- Le dialogue final

Site Philagora, tous droits réservés
__________________

Pendant qu'à la Cour, on discute de son sort, Rodrigue, qui est maintenant hors la loi pour avoir tué le comte en duel, devrait bien en profiter pour disparaître loin de Séville. Au lieu de cela, il court chez Chimène! La suivante n'a que le temps de le cacher avant l'arrivée de la jeune fille:
Elle rentre du palais, accompagnée de son second soupirant, celui pour qui elle n'a pas de penchant. Le brave garçon pense qu'il y a une place à prendre, et il n'hésite pas à se proposer comme champion contre Rodrigue pour venger la mort du comte. 

honneur

Dans ce temps-là, on devait être moins accroché à la vie que maintenant, on était capable de la risquer pour des choses importantes, comme l'honneur ou l'amour. 

Par conséquence, on faisait également peu de cas de la vie des autres.

amour

= (III, 3) Chimène, après avoir poliment éconduit Don Sanche, va enfin pouvoir se laisser aller, elle a vraiment besoin de pleurer. Jusqu'ici, elle s'est comportée avec une maîtrise remarquable, mais cet effort l'a brisée. Elle ignore, évidemment, que Rodrigue l'entend (Corneille s'est permis là une situation qui est plutôt dans le style de la comédie).
=La confidente jouera pleinement son rôle, nous la verrons amener sa maîtresse, par ses questions, à préciser non seulement ses sentiments mais ses intentions. On peut même penser qu'elle se fait un peu l'avocat du diable, pour mieux informer Rodrigue.

Dans son immense détresse, Chimène n'est plus que larmes, elle voudrait s'y anéantir:
"Pleurez, pleurez, mes yeux, et fondez-vous en eau!
Des deux êtres qui comptaient pour elle, l'un est devenu le meurtrier de l'autre:
La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau".
=Cette curieuse formule, presque mathématique, résume très efficacement le tragique de sa situation: que lui reste-t-il? Et que faire? Impossible de commander aux sentiments, elle aime toujours Rodrigue:
"C'est peu de dire aimer, Elvire, je l'adore".
Cependant, elle doit venger son père:
"Je ne consulte pas pour suivre mon devoir,
Je cours sans balancer où mon devoir m'oblige".

=Souhaite-t-elle vraiment obtenir gain de cause? Hélas, non! Alors, n'a-t-elle pas assez montré sa piété filiale par sa démarche auprès du roi? Ce n'est pas suffisant, à ses yeux:
"Il y va de ma gloire, il faut que je me venge".

"Ma gloire", nous avons déjà rencontré l'expression chez nos différents antagonistes. Quand il s'agissait de la fille du roi, ou de guerriers, on pouvait penser, sans approfondir, qu'il s'agissait de quelque chose d'officiel, mais pour cette jeune fille, il faut envisager une autre explication.

La gloire, chez Corneille, c'est le respect admiratif qu'on inspire aux autres, c'est aussi, voilà le plus important, l'estime que l'on se porte à soi-même, et là, nulle tricherie, nul faux-fuyant ne sont possibles.

S'agirait-il de conscience morale? Pas vraiment: un homme tout simplement honnête et bon se contente d'être en paix avec lui-même et n'a pas souci de cette sorte de gloire un peu orgueilleuse, car il n'est pas un héros cornélien.

=Comme celui-ci choisit (nous l'avons vu à, propos des stances) de suivre la voie la plus difficile, cela exige de lui des efforts et des renoncements qui ne sont pas à la portée de tout le monde. Sa gloire, c'est la réalisation de l'idéal qu'il s'est fixé, y renoncer, même pour des raisons mille fois excusables, serait déchoir à ses propres yeux.

=Nous devinons ce que va décider notre héroïne:
"Pour conserver ma gloire et finir mon ennui,
Le poursuivre, le perdre
(=le faire mourir), et mourir après lui".

=Voilà Rodrigue renseigné. A quoi bon s'attarder? La sagesse lui conseillerait de s'éloigner discrètement. Mais il est jeune, plein de fougue et très amoureux. Il a besoin de revoir Chimène. Il ne songe pas qu'il va lui causer une émotion épouvantable en lui imposant la présence du meurtrier de son père chéri.
Il suit son idée: premier devoir, mon père, c'est fait, second devoir, ma fiancée, si elle me tue, tant mieux. Et n'y aurait-il pas, malgré tout, un petit espoir de la faire évoluer? d'obtenir d'elle un signe favorable?

Rodrigue s'élance (III, 4):
"Eh bien, sans vous donner la peine de poursuivre,
Assurez-vous l'honneur de m'empêcher de vivre".

=Il reprend très précisément les paroles de Chimène, dans les mots ou les idées, non seulement pour montrer qu'il les a entendues, mais parce qu'il les comprend parfaitement. Il commence par la vouvoyer, parce qu'il se présente devant son juge, mais très vite, les deux jeunes gens retrouveront. La familiarité du tutoiement et leur rencontre sera d'autant plus déchirante que leurs conceptions et leurs sentiments sont en plein accord.
Voyons-en le mouvement général
(je préfère cette expression à celle de plan, qui suppose des parties coupées au cordeau, or, c'est rarement le cas et on peut "découper" autrement que je ne l'ai fait)

I - (v. 849-870): La Mort Obsédante,
II - v. 869-933: l'Honneur aimé d'Amour.
III - (933-962): Punition Immédiate!
IV - (963-997) Duo d'Amour. "Va, je ne te hais point".

Aller à la page suivante: Le mouvement de l'oeuvre en général.

° Rubrique littérature http://www.philagora.net/frindex.php

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express