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LE CID
de Corneille
Beau
comme Le Cid.
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Qui sont ces Mores menaçants contre lesquels Don
Diègue envoie son fils? Pour le comprendre, replaçons nos personnages dans leur contexte
historique, celui de la Reconquête de l'Espagne, occupée par les Arabes depuis le
VIII° siècle (732: l'image de Charles Martel arrêtant leurs dernières progressions à
Poitiers, c'est un repère que vous connaissez).
Il faudra près de huit siècles aux Espagnols
pour regagner la totalité des territoires conquis.
Au XI° siècle, sous le roi Ferdinand I°,
appelé ici, Don Fernand, un grand guerrier nommé Rodrigue combat les Mores, il se
distingue en particulier dans la défense de Valence, et reçoit de ses ennemis le titre
très élogieux de Cid (Chef). Une autre aventure l'amène à épouser la fille
d'un homme qu'il a tué. C'est de ce personnage légendaire, de ses prouesses
guerrières et des particularités de son mariage, que Corneille s'est inspiré
En arrangeant lieux et dates, il remplace Valence
par Séville, qui, en réalité, ne sera reconquise par les Espagnols que beaucoup plus
tard, et il imagine que le roi Fernand a installé sa cour dans cette ville (voyez en II
6, les vers 610-621). Il permet ainsi à Rodrigue de se déplacer rapidement vers le lieu
du combat, et il respecte la terrible règle de l'unité de temps (=vingt quatre heures,
dans cette pièce, elles sont particulièrement remplies).
Notre jeune débutant serait donc devenu
un héros national?
Déjà, tout le monde parle de lui. Chimène
s'inquiète, car d'aucuns le disent mort, tandis que d'autres, en annonçant sa victoire,
renouvellent dans son esprit l'obligation de le punir (IV 1). De son côté, la fille du
roi intercède auprès d'elle en faveur de l'intéressant jeune homme, qu'en secret elle
rêve maintenant d'épouser (IV 2).
Mais le voici, il vient rendre compte à son roi. Écoutons-le raconter son combat contre les Mores (IV 3, v.1257-1328).
==C'est un récit
facile à suivre.
Grâce à une chronologie linéaire, qui n'a ni
retours en arrière, ni anticipations, on saisit parfaitement, et le suspense est
respecté. L'action se déroule en , quatre phases dont les trois premières se passent
de nuit (nous nous rappelons que les deux amoureux se sont quittés à la tombée du
jour):
I
1257-1272: les préliminaires:
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II
1273-1292: l'embuscade, développée suivant:
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III
1293-1308: le combat, montre:
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IV
1309-1328: la victoire, présente:
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==On croit presque y être.
Le choix des temps et les notations concrètes
rendent les faits très proches et animent le récit.
Tout naturellement, Rodrigue se retrouve dans le
feu de l'action. Avec le présent de narration, il nous fait partager directement
l'audace de l'entreprise, le soin des préparatifs, l'exultation, l'incertitude, la joie.
Une dizaine de formes seulement rappellent que
les faits se sont déjà écoulés:
Quatre
passés simples, temps de
l'événement, donnent les faits essentiels de l'engagement: "nous partîmes cinq cents... nous nous vîmes trois mille... le flux les
apporta... et le combat cessa" (s'y ajoute
l'administratif "je vous les envoyai", qui marque la déférence au roi).
Quelques imparfaits expriment la durée et
les répétitions au cours du long combat incertain dans l'obscurité (v. 1201-1208).
On réalise bien ce qui se passe, parce que
la
mise en place du stratagème, les réactions successives de l'ennemi, l'activité du chef
durant la bataille ne sont pas expliquées abstraitement, mais par des indications
précises de:
Mouvements
de troupe ("s'avance... marcher... arrivant... montent... ils abordent...
descendent... courent... nous les pressons... leurs princes les rallient... faire
avancer... ranger... pousser... ils gagnent leurs vaisseaux...")
Attitudes
ou gestes individuels
("se couche... se tenant cachés... ils ancrent... nous nous levons...
ils tirent leurs alfanges... ils coupent les cables... le cimeterre au poing...")
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