° Rubrique Droit et Justice 

DROIT et JUSTICE par Jean Jacques SARFATI 

 jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr

Pour une définition de la Justice comme « intrinséquéité »

Pages:  1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 -- (Notes ouverture nouvelle fenêtre)

Philagora tous droits réservés

__________________

= Pour une définition de la Justice comme « intrinséquéité » (suite)

b) Conséquences de la définition proposée 

Trois conséquences majeures découlent de la définition ainsi proposée : d’une part, la justice ne peut être hypostasiée ; d’autre part, elle ne peut être définie par les effets qu’elle produit mais par sa cause. Enfin la preuve de son caractère d’intrinséquéité résulte du fait qu’elle est à elle-même sa propre limite. 

-1- La justice et le juste en soi ne sont pas "hypostasiables" .  

La raison de cette impossibilité réside dans la définition même que nous avons proposé. En effet, comme nous l’avons indiqué, la justice est ce qui nous autorise à juger l'ignorance de l'en-soi d'une chose mais en tant que tel il n'a pas de contours fixes, spécifiables, matérialisables. C'est une "idée" fondatrice à partir de laquelle nous légitimons d'autres idées ( celle de limite, celle d'intrinsèque, de propre) et des pratiques ( le jugement). Elle est elle-même légitimée par l'existence de ces idées ou pratiques mêmes mais elle n'est pas matériellement identifiable. Elle est un "étalon" non spécifiable, qui n'existe que dans l'intellect. Elle est ce qui permet de mesurer si une chose ou une personne continue à être elle-même et ce qui nous autorise à le faire mais en tant que telle elle n'existe que parce que les "choses" indépendantes( ou inter-dépendantes) existent et en tant que telle elle ne trouve son intégrité qu'à partir de ces choses mêmes et c'est pourquoi nul ne peut l"hypostasiée" . L'hypostase en effet transformerait ce qui fonde l'idée de limite des choses en "chose" elle-même ce qu'elle n'est pas puisque la chose est limitée par l'idée de limite que fonde l'intrinséquéité alors que l'intrinséquéité n'est limitée que par elle-même. De cette première conséquence il en découle bien deux sous-conséquences : 

a) contrairement à ce que l’on pourrait croire la justice ne peut être identifiée ni à la liberté, ni à la vérité, ni à la solidarité, ni à la morale ou au devoir. En effet agir ainsi c'est "chosifier" la justice et l'assimiler à une chose qu'elle n'est pas mais qu'elle a simplement pour vocation de "limiter", c'est-à-dire qu'elle autorise à exister comme entité. 

De tout ceci, découle l'idée que la justice est donc bien ce qui permet de mesurer le fait de savoir si une vérité, une liberté, une solidarité, une égalité, sont utilisées justement ou injustement. Une vérité sera , selon cette définition, juste si elle est conforme à ce que doit être une vérité, i-e au fait qu’elle doit être bienfaisante pour celui qui l’utilise et celui qui la reçoit par exemple, au fait qu’elle doit permettre le dialogue, le progrès de la connaissance.   

b) de même, de ce qui a été spécifié nous pouvons en déduire, qu'il n’existe pas d’être humain ou de sociétés qui puissent être justes ou non par nature. Au mieux, peut-on qualifier de juste celui qui a prouvé qu’il savait utiliser la vérité, la liberté ou l’égalité de manière juste. De même sera considéré comme juste, celui qui a su exercer la fonction qui était la sienne de manière juste. A été juste celui qui a su être un père juste à un moment précis, un frère, un ami, un voisin, un professionnel juste…etc.. Est juste celui qui a fait ce qu’il convenait de faire, à ce moment précis au moment où cela s’est opéré. Est traité justement celui qui a subi un sort qu’il convenait de lui réserver à ce moment. Si le "juste" en tant que tel n'est pas "hypostasiable" en revanche, il peut fort bien exister des êtres ou des peuples plus justes que d'autres. Ce ne sont que ceux qui ont soit réalisé le plus d'opérations justes dans leur existence, soit qui permettent en leur sein la réalisation du plus grand nombre possible d'actions justes. 

Vers la page suivante : -
L’option pour une définition-cause

   

(Notes en lien ouverture nouvelle fenêtre)

Copyright Jean Jacques SARFATI jean-jacques.sarfati@wanadoo.fr professeur de philosophie en région parisienne, juriste et ancien avocat à la cour d'Appel de Paris

° Rubrique Droit et Justice 

2010 ©Philagora tous droits réservés Publicité Recherche d'emploi
Contact Francophonie Revue Pôle Internationnal
Pourquoi ce site? A la découverte des langues régionales J'aime l'art
Hébergement matériel: Serveur Express