° Rubrique Philo: Capes-Agreg

- Fiches d'aide à la préparation au CAPES -
Rubrique proposée et animée par  François Palacio

- Épistémologie

Globot - Essai sur la classification des sciences-  (1898)

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Première partie- L’unité formelle de la science.

Chapitre. III- La déduction dans les sciences de la nature.

Étude des diverses espèces de lois  (suite):

2-   Des lois de causalité concrète
Certaines lois, - qu’il faut encore qualifier d’empiriques, parce qu’elles sont autant que les précédentes, dépourvues du caractère de l’intelligibilité – expriment pourtant des relations causales. Quand les deux termes sont successifs, quand le premier des deux est un phénomène concret et effectivement isolable, susceptible de survenir, de s’ajouter ou d’être ajouté à des circonstances préexistantes, on peut lui donner le nom de cause.

Le conséquent, qui ne se produit jamais tant que l’antécédent est absent, se produit toujours dès qu’il survient ; on est donc fondé à dire, sinon qu’il est la cause, du moins qu’il est cause. Elles sont l’expression de l’ordre naturel à expliquer, elles n’en sont pas l’explication.

3-  De la causalité abstraite

Il ne faudrait pourtant pas prétendre que le concept de Cause n’ait aucun rôle dans l’explication théorique des phénomènes naturels. Mais le mot Cause a une seconde acception bien différente de la première. En ce nouveau sens, la cause n’est pas un phénomène concret, réellement séparable, capable d’intervenir à la manière d’un cheval qu’on attelle à une voiture, d’un levier qu’on actionne, d’un réactif qu’on verse. C’est une propriété abstraite, qui, dans des conditions que nous allons préciser, apparaît à l’esprit comme la raison intelligible d’un fait ou d’une autre propriété.
Je distinguerai deux cas, selon qu’il s’agit d’un événement, fait individuel actuellement observé, dont une circonstance est dite cause d’un certain effet, ou bien une loi, relation constante, dont le premier terme est cause du second et l’explique.

1) Expliquer un fait par sa cause, c’est connaître la loi en conformité de laquelle il arrive.
Le jugement de causalité consiste à ramener le fait à la loi.

2) Considérons maintenant le cas où la proposition qui exprime un rapport de causalité abstraite est déjà une proposition générale, et prenons pour exemple cette loi : l’attraction de la Lune est la cause des phénomène des marées. La même grande loi, à laquelle obéissent les mouvement des astres, rend compte aussi du mouvement des mers, comme elle a déjà expliqué la chute des corps sur la terre. Dès lors, le phénomène est nécessairement ce qu’il est réellement ; il peut se déduire, et les conclusion du raisonnement déductif concordent avec les résultats de l’observation. La causalité abstraite seule est intelligible ; mais remarquons-en la vraie nature. Elle consiste à faire apercevoir comme nécessaire un fait en vertu d’une loi, une loi spéciale en vertu d’une loi plus générale ; le rapport de cause à effet, c’est le rapport de principe à conséquence. L’intelligibilité qu’il introduit c’est l’intelligibilité déductive.

II- L’expérience nous apprend des faits épars, des lois séparées les unes des autres. A mesure que nos connaissances s’accroissent, elles se coordonnent. Les lois spéciales se ramènent à des lois plus générales.
Les sciences tendent ainsi à cesser d’être des répertoires pour devenir des systèmes. Les lois empiriques y deviennent moins nombreuses, mais plus étendues.
La déduction est le raisonnement qui fait apercevoir la nécessité d’une relation. L’induction montre seulement qu’une relation est constante.
L’induction circonscrit la vérité, comme un assaillant investit une forteresse, par un réseau toujours plus serré de parallèles et de tranchées ; elle ne fait pas pénétrer dans la place. Par l’induction, la vérité est isolée négativement, c’est un résidu.

Par la déduction, la vérité est dégagée positivement ; on la voit, on la comprend, on la retrouvera au milieu de toutes les circonstances qui pourront la masquer, la neutraliser. L’induction est donc une méthode provisoire, propre à la période de formation de la science. Le développement de la science expérimentale a donc pour but de découvrir les définitions essentielles, c’est à dire celles des propriétés de chaque chose dont on peut déduire toutes les autres. Les plus hautes généralités des sciences expérimentales, étant des lois empiriques, sont exactement comparables aux postulats des mathématiques. Au terme de leur développement, devenues déductives et abstraites, les sciences de la nature seront, comme les mathématiques, idéales et indépendantes de la réalité de leurs objets.

De tout ce qui précède, il résulte que la distinction des sciences abstraites, déductives et idéales, et des sciences concrètes, expérimentales et réelles, n’est pas profonde. Elle répond, non à la nature intime des connaissances, mais à leur degré d’avancement, et par conséquent une classification fondée sur ces caractères serait aussi peu raisonnable, que si un zoologiste classait les animaux d’après leur taille ou leur âge.

 vers:  Chapitre IV - Fiche 6

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