° Rubrique Philo: Capes-Agreg

- Fiches d'aide à la préparation au CAPES -
Rubrique proposée et animée par  François Palacio

- Épistémologie

Globot - Essai sur la classification des sciences-  (1898)

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Première partie- L’unité formelle de la science.

Ch. I- Le dualisme logique (suite)

On ne voit pas qu’aucune vérité générale présentement établie, ni même qu’aucune acquisition future, puisse être autre chose qu’une loi de l’esprit ou une loi des choses, une connaissance abstraite ou une connaissance concrète, une vérité de droit ou une vérité de fait. Il y a là plus qu’une différence profonde : c’est une opposition radicale.

Il importe peu que les objets des mathématiques soient ou non réalisés, il suffit qu’on les conçoive et qu’on les définisse.

On ne saurait trop répéter combien est inexacte cette idée d’Ampère et de tant d’autres, qu’une science est mathématique parce qu’elle emploie les mathématiques, et l’idée de Comte, qui en est le corollaire, ou l’exagération, que toutes les sciences doivent se ramener aux mathématiques, de sorte que le progrès de la science, au lieu d’être l’extension du savoir, en serait en quelque sorte la résorption.

Dans l’état actuel de nos connaissances, rien ne s’oppose à ce que, dans un monde différent du nôtre, les propriétés physiques, chimiques, organiques des corps, y  compris la gravitation, soient autres que celle que nous connaissons. Mais il ne peut être faux, dans aucun monde réel ou imaginable, que 2 et 2 font 4, parce que tout autre total contredirait la définition de 2, celle de 4, ou celle de l’addition. Cette proposition serait donc encore vraie, quand même aucune expérience ne présenterait un groupe de deux objets qu’on puisse joindre à un autre groupe de deux objets.

Les vérités mathématiques sont-elles des lois de la nature?

Oui, en ce sens qu’aucun fait ne sera jamais donné qui les contredise. Elles sont des conditions de possibilité de toute notre expérience sensible ; elles régissent ainsi tout le possible, ou mieux, tout le concevable. En quoi elles semblent se distinguer profondément des lois expérimentales. Celles-ci ont pour objet le réel ; elles consistent à exprimer les faits dont se compose l’univers et à en rendre compte.

Le mathématicien procède  a priori ; sa méthode est la définition abstraite et la démonstration déductive. Elle a d’ailleurs une rigueur que l’expérience ne comporte pas, et qui justifie la qualification usuelle de sciences exactes. Au contraire, l’expérience est le seul terrain solide sur lequel s’édifient les sciences de la nature. Elles se défient des théories et des systèmes, et n’admettent que des généralisations établies sur des faits et confirmées par les faits. Leur méthode est l’observation, la classification et l’induction. Il en résulte qu’elles ne peuvent prétendre qu’à une exactitude relative, subordonnée au degré de précision dont nos sens et nos instruments sont capables, et ne sont que sensiblement vraies.

Ainsi, les mathématiques expriment a priori les conditions de l’intelligibilité en général, et sont elles-mêmes le type de la science parfaitement intelligible et certaine ; mais elles ne sont la connaissance d’aucune partie de la nature. Les sciences expérimentales ne sauraient donner à l’esprit une satisfaction aussi complète mais en revanche elles seules nous révèlent le monde où nous sommes.

  Il semble donc que la science soit double, que la mathématique et la science de la nature, partant, pour ainsi dire, des deux pôles extrêmes de la connaissance, marchent en un sens inverse et aillent à la rencontre l’une de l’autre. L’une analyse et développe les lois de l’esprit pour les rendre applicables à la diversité et à la complexité des faits ; l’autre rassemble les faits et les coordonne en des conceptions de plus en plus conformes aux lois de l’esprit.

On peut appeler dualisme logique cette opposition radicale des sciences de raisonnement et des sciences de l’observation.

Pour échapper au dualisme logique, il ne faut pas essayer, en altérant leur véritable caractère, de rapprocher les mathématiques des sciences de l’observation et d’expérience. Il faut, au contraire, suivre dans leur développement historique les sciences de la nature, les voir s’abstraire et s’idéaliser progressivement, passer par degrés de la constatation à la démonstration, des vérités de fait aux vérités de droit, de l’universalité à la nécessité.

 vers:  Chapitre II - Fiche 3  

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