° Rubrique Philo: Capes-Agreg

- Fiches d'aide à la préparation au CAPES -
Rubrique proposée et animée par  François Palacio

- Épistémologie

Globot - Essai sur la classification des sciences-  (1898)

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Première partie- L’unité formelle de la science.

Ch. II- Loi commune du développement de toutes les sciences. L’induction en mathématiques.

On peut – sinon démontrer – du moins prouver par induction les vérités mathématiques.
Ex. : En mesurant au rapporteur les angles à la base de plusieurs triangles isocèles, on se convaincra que les angles sont toujours égaux.

 La proposition sera ainsi prouvée par la méthode de Concordance, puis par celle de Différence. On saura qu’il en est ainsi, mais on ne saura pas pourquoi.

Une théorie mathématique consiste à relier les unes aux autres par des relations dont la nécessité est aperçue par l’esprit, les diverses propriétés d’une même notion. Alors elles se déduisent toutes d’une seule propriété, qui en est la définition. Ainsi toutes les propriétés du triangle se déduisent de la définition du triangle ; non pas que la définition les contienne, et qu’on les en tire analytiquement (le raisonnement par lequel on les déduit a été nommé par les anciens synthétiques), mais ces propriétés sont liées à celle de la définition de telle façon qu’on peut en apercevoir le lien nécessaire.

Une définition, au sens le plus général, est une proposition qui exprime l’extension et la compréhension d’un concept. Elle doit convenir omni et soli definitio ; c’est donc une universelle affirmative susceptible de se convertir simplement, une toto-totale. En d’autres termes, c’est l’énoncé d’une propriété caractéristique.

Toute propriété caractéristique peut servir à définir. On oppose à la définition qui n’est que caractéristique (to idion) la définition essentielle (to ti esti). Cette définition de l’essence a, pour Aristote et les scolastiques, une signification métaphysique. Elle contient quelque chose de plus que les qualités du défini, et nous fait pénétrer dans l’être intime des choses. Une telle pensée n’est plus à discuter aujourd’hui. Mais on peut conserver la distinction scolastique en la dépouillant de sa signification ontologique. Un même concept peut être défini de beaucoup de manières, par beaucoup de propriétés (ou systèmes de propriétés) caractéristiques; mais toutes ces définitions n’ont pas la même valeur

Il y a donc des définitions qu’on peut appeler essentielles, en ayant soin de n’attacher à ce mot aucun sens ontologique. Toutes les propriétés d’un même concept sont liées logiquement les unes aux autres, car si elles se répartissaient, par exemple, en deux groupes ou systèmes indépendants l’un de l’autre, elles ne formeraient pas un mais deux concepts. De ces propriétés, les unes sont communes, les autres propres ou caractéristiques.
Parmi les propriétés caractéristiques, il en est une, ou quelques-unes, qui sont logiquement antérieures aux autres et peuvent servir à les démontrer. Je les appelle propriétés essentielles.

Les vérités d’une même théorie présente un ordre, font une chaîne ; et les géomètres grecs ont distingué deux méthodes pour en suivre l’enchaînement : la synthèse va de la définition essentielle à des propriétés de plus en plus éloignées ; l’analyse va des propriétés à la définition essentielle. La synthèse et l’analyse consistent à parcourir le même chemin, mais dans les deux sens : l’une montre qu’une certaine propriété se déduit de la définition, l’autre qu’elle s’y réduit.

Les démonstrations mathématiques (dans la mesure où on ne peut trouver la définition essentielle du premier coup) n’ont été trouvées, leur enchaînement méthodique n’a été construit que dans un état relativement avancé de la science. En d’autres termes, les mathématiques ont dû être inductives avant d’être déductives.

Le rôle d’Euclide semble avoir été surtout l’organisation de la science, d’établir l’ordre et l’enchaînement des propositions en séries déductives, commençant par les définitions essentielles. Ses Eléments, dont le titre même est significatif, abolissent presque tous les travaux antérieures, qui étaient des tâtonnements. Il est donc établi que nombre de propositions mathématiques sont prouvées par induction avant d’être démontrées. Des relations constantes sont découvertes avant que l’on ait trouvé la chaîne de propositions qui en révèle la nécessité. Mais l’esprit ne saurait se déclarer satisfait tant qu’il ignore les liaisons nécessaires qui expliquent pourquoi ces relations sont constantes.

 Ceci nous permet de comprendre ce qu’est un postulat et pourquoi il y en a. Ces réductions aux définitions essentielles ne se font pas toujours complètement. Toutes les propriétés d’une même chose ont assurément une connexion nécessaire ; mais cette nécessité peut n’être pas aperçue. Il arrive qu’on n’ait pas trouvé les chaînons intermédiaires, et il n’est pas certain a priori qu’on puisse toujours les trouver. On a alors des propriétés qui co-existent, qui sont bien des propriétés d’une même chose, - on a des raisons inductives de le penser-, mais qui ne se déduisent pas les unes des autres. Les postulats sont des résidus.

Si la forme déductive des mathématiques n’est pas primitive mais acquise, n’est-il pas naturel de faire cette hypothèse, que les sciences de la nature sont pareillement destinées à devenir déductives.

 vers:  Chapitre III - Fiche 4

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