° Rubrique Philo: Capes-Agreg

- Fiches d'aide à la préparation au CAPES -
Rubrique proposée et animée par  François Palacio

- Épistémologie

Globot - Essai sur la classification des sciences-  (1898)

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Introduction

Toute science est un système de vérités générales. Chaque science est un tout, qui a son unité. En quoi consiste, et sur quoi se fonde cette unité ? La science totale est aussi un système cohérent. Quelle est la place de chaque science dans la science totale ?
Ampère a voulu transporter dans la logique la méthode de classification qui avait tant donné de clarté à la botanique et à la zoologie ; mais il a laborieusement édifié un système très artificiel, dont il n’est resté que des vues de détail. C’est qu’il n’existe, dans les sciences, rien de comparable à l’espèce biologique, caractérisée par la génération, par la répétition indéfinie d’un type organique relativement fixe. La science a bien plutôt des parties que des espèces.

Il importe au progrès de chaque science que ses méthodes soient bien définies, ses problèmes nettement posés, et pour cela il faut se rendre compte de ses relations avec toutes les autres, et de ce qu’on peut appeler par analogie, sa position systématique. Ce qu’il s’agit de chercher, c’est ce qui est premier dans l’ordre de la connaissance. Il ressortira de l’ensemble de livre, que chaque science, c’est à dire chacun des systèmes de vérités générales dont se compose le système total, repose sur une notion fondamentale, au delà de laquelle elle ne peut rien chercher, qui est son véritable commencement.

Ainsi se condensent les différentes sciences en autant de définitions d’où peuvent se déduire toutes les vérités dont elles se composent.

Il n’y a pas de loi unique qui contienne toutes les autres. Il n’est pas vrai que les lois générales contiennent les lois spéciales, car, si elles sont plus générales, leurs termes sont moins déterminés. Elles sont des points de vue plus abstraits, et, par conséquent, en s’appliquant à des cas plus nombreux, elles en sont des connaissances moins complètes.

Mais il y a dans chaque ordre de connaissances un concept unique, qui sert à former tous les autres concepts du même ordre. En sortant du domaine d’une science, on rentre immédiatement dans celui d’une autre.

Dans la première partie de ce livre je montrerai que la science est une dans sa forme ; que les diverses méthodes, spécialement la méthode démonstrative et la méthode expérimentale, ne conviennent pas à deux sortes de sciences différentes, mais à des moments différents des progrès de toutes les sciences. La science s’organise donc et se classe toute seule à mesure qu’elle se fait ; chaque vérité y prend sa place propre, par cela même qu’elle se démontre.

Première partie- L’unité formelle de la science.

Ch. I- Le dualisme logique

Les savants semblent se répartir assez naturellement en trois groupes, selon qu’ils font leur spécialité des mathématiques, des sciences physiques et naturelles ou des sciences morales.

Le système total du savoir humain ne se divise pas en trois embranchements profondément distincts. Se divise-t-il même en deux : les mathématiques, sciences de raisonnement, déductives et abstraites, et les sciences d’observation et d’expérience, inductives et concrètes ?

On se trouve en présence d’une division de toutes nos connaissances en deux embranchements ; les unes ont pour objet les faits ; les autres sont indépendantes des faits, et n’ont pas besoin, pour être vraies, que leurs objets soient réels. Il suffit qu’on puisse concevoir et définir le triangle pour que les propositions qu’on en démontre soient vraies.

Stuart Mill impose aux définitions mathématiques une condition à laquelle elles ne sont nullement assujetties. Dans ces définitions, dit-il, « il est sous entendu que quelque chose telle que le défini existe réellement ou peut se trouver dans notre expérience ». Les définitions purement verbales (un dragon est un serpent qui souffle des flammes) ne peuvent, selon Mill, servir de principe à aucun raisonnement.

Mais comme l’objet défini n’est pas un objet réel, aucun des propriétés ainsi déduites n’est la propriété d’un objet réel. De même aucune définition mathématique n’est la définition d’une chose réelle. Ce qui est sous-entendu, ou plutôt, ce qui doit être démontré, si ce n’est pas évident immédiatement, c’est que la notion définie est possible, que l’esprit peut réellement la concevoir, que le mot dont on détermine la signification vraiment une signification ; ce qui s’entend assez, puisque la définition a pour but de déterminer justement cette signification.

Affranchi de la nécessité de me mettre d’accord avec moi-même, je suis encore obligé d’être d’accord avec moi-même. Ces lois de la concevabilité seraient précisément l’objet des sciences abstraites ; les sciences de la nature ont pour objet les lois de l’existence.   

 vers:  - Fiche 2

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