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PHILOSOPHIE - CLASSES PREPAS par J. Llapasset

« La science »

Niveau Classes prépas.

 La science, petit lexique: page 1 - page 2 - page 3 - page 4 

_____________  Perspectives par Joseph Llapasset   ______________

 

- Fait scientifique - Falsifier / falsification -  Finalité / finalisme - Loi scientifique - Modèle - Opinion

Fait scientifique:
Pour la conscience immédiate, le fait c'est un événement singulier qui est simplement constaté et qui nous apporte par une expérience une information indécomposable. C'est pour ainsi dire un "minimum": il pleut, qui s'exprime dans une proposition de base, en quelque sorte un procès-verbal, la connaissance étant donnée par l'expérience. Si on passe de l'événement singulier à l'événement régulier, on passerait du même coup du fait à la loi: le fait serait donné et la loi ne serait que la constatation de la régularité universelle dans l'espace comme dans le temps.
Mais une simple régularité n'est pas un ordre. De la simple énumération d'une multiplicité d'expériences, si nombreuses soient-elles, jamais un fait scientifique ne pourra être extrait par induction. Pour admettre la théorie des empiristes il faut que le fait scientifique soit accessible à toutes les consciences: or seuls ceux qui disposent d'une culture théorique peuvent saisir le fait scientifique: il n'y a pas de fait scientifique isolé car il n'apparaît qu'en fonction d'un faisceau de connaissances, par lesquelles il est construit et grâce auquel il prend un sens. Un fait isolé ne peut donc être un fait scientifique, ce qui revient à dire que toute observation est construite par la culture de l'observateur, ou si l'on préfère qu'il n'y a pas de fait scientifique qui nous ferait connaître un fait tout nu.
En ce sens le fait est fait, fabriqué, ce que la science fait en se faisant, en choisissant, en utilisant des instruments qui ne sont que des théories matérialisées le tout étant organisé dans un effort pour réaliser une intention.
Le fait scientifique, polyèdre d'idées, existe par son intégration à une élaboration théorique, intellectuelle, par exemple une conjecture, au point qu'il peut être décrit avant même que d'être observé: les description détaillées de faits scientifiques ont souvent précédé leur observation. Par exemple chez Mendeleïev: le scandium, gallicum, le germanium on été décrits et pour ainsi dire prévus avant d'être observés.

Falsifier / falsification:
Falsifier c'est faire la fausseté de ... établir que l'expérience ou l'observation réelle mesurable ( O R M) dément, contredit, infirme un énoncé théorique dont on a déduit une prévision, une observation théorique mesurable (O T M) produite dans un protocole expérimental.
Par exemple l'effet photoélectrique (ORM) semble détruire la théorie ondulatoire de la lumière, au moins dans un de ses éléments qui reste à déterminer. La possibilité de falsifier serait le critère d'un énoncé scientifique.

Finalité / finalisme:
Le terme finalité désigne d'abord une orientation vers une fin que poursuivrait toute chose naturelle ou artificielle. Par exemple la feuille aurait pour fin de protéger le fruit. Le marteau aurait pour fin d'enfoncer des clous. Pour l'artificiel c'est la conscience de l'homme qui pose la fin, pour la nature ce serait Dieu ou la force des choses.
Si la fin est ce vers quoi est orienté le mouvement d'une chose, il faut admettre qu'en un certain sens elle est cause de ce mouvement: on l'appellera cause finale pour la distinguer de la cause efficiente. L'explication par les propriétés d'une chose ou par son mode de production relève de la causalité, du déterminisme; elle ne suffit pas, il faut prendre en considération la fin et donc comprendre le sens, l'orientation qui anime la chose, la finalité et le finalisme.
Il semble que la finalité n'est qu'une projection d'un sens, celui que l'individu donne à ses actions en fonction de ses projets, de sa conscience et de son intelligence qui ajuste des moyens à la fin poursuivie. Cette extension de la finalité à la nature n'est pas justifiée. La finalité en effet implique une conscience qui pose la fin et une intelligence, dans les deux cas une clairvoyance. En dehors de l'individu la finalité n'est que l'occasion d'une croyance qu'aucune observation ou expérimentation n'est en mesure de confirmer.
Au finalisme s'oppose le déterminisme qui pose en principe que la nature est déterminée par une nécessité aveugle, sans conscience ni intelligence ce qui est incompatible avec toute cause finale.
La science, dans le mouvement même qui la constitue se détourne de la finalité pour ne s'intéresser qu'à l'observation et l'expérimentation, à la cause comme processus antécédent, cause empirique seule déterminable et seule à pouvoir être objet de science. La physique ne posera jamais la question, par exemple: en vue de quel bien s'exerce la gravitation? De cela découle le postulat d'objectivité  ce qui fait qu'une science est science. De ce qui n'est pas observable ou expérimentable on ne peut faire un objet de science. Or les causes finales, par définition ne peuvent être observables: on n'observe pas une intention. La finalité semblait donc avoir été exclue de la démarche scientifique.
La biologie contemporaine a réintégré le problème de la finalité ne serait-ce que parce que les organismes sont "organisés" en vue d'une fin, ce que Jacques Monod appelle la téléonomie: tout système vivant se présente avec la double fin de se nourrir et de se reproduire.

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Modèle:
Condensation dans une représentation exprimée mathématiquement des divers aspects d'un système, dans le but de faciliter la saisie mentale de la définition du système: on peut aussi dire "paradigme": le paradigme permet de saisir et de comprendre, il est éclairant: ce peut être se qui fonde une science.

Opinion:
Ce que l'on croit immédiatement en fonction de la sensibilité ou plutôt d'une idée reçue: affirmation qui transforme en connaissance le donné des sens (je le vois = je le connais) et les élaborations  de l'imagination en fonction des désirs. L'opinion s'intéresse d'abord aux causes finales, plus soucieuse des effets produits, de leur utilité, que de l'enchaînement, du mécanisme par lequel l'effet est produit, de la cause efficiente ou processus causal antécédent.