° Rubrique Philo: Capes-Agreg

Aide à la préparation au CAPES -

Rubrique proposée et animée par  François Palacio

Dissertations de philosophie

Peut-on concevoir une liberté sans loi ?  (6 heures)

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Parce que l’homme est cet être naturel qui nécessairement s’inscrit dans un univers auquel il ne peut échapper, mais qu’il est en même temps le sujet d’une liberté qui introduit une rupture au sein même de l’ordre naturel, nous devons poser la question de sa nature propre, de sa nature d’agent libre et déterminer pourquoi il ne peut installer réellement un ordre de liberté absolue. Or, il semble que ce soit justement parce qu’il peut agir sans loi, parce qu’il peut se déterminer pour le pire qu’il doit vouloir le meilleur. Car, en effet, faire le pire, c’est encore se déterminer, c’est encore une nécessité. Il peut choisir librement, hors de toute loi, il ne peut pas faire que son action ne s’inscrive au sein d’un ordre causal auquel il doive ensuite se rapporter, ne serait-ce que pour sauvegarder l’unité et la continuité de son moi. C’est dès lors un calcul d’ordre pratique sur les fins et les moyens qui doit le conduire à réaliser un ordre juste en lequel il puisse exister comme l’être qu’il est, être libre.

Or, c’est parce qu’il existe une nature humaine qu’il est possible de construire un ordre nécessaire à son expression. C’est même, suivant l’argument du fabriquant selon lequel on ne connaît que ce que l’on fait, le seul ordre que l’on puisse connaître et concevoir en lui-même. En effet, puisque la nature est une représentation qui s’impose à lui, l’homme seul se connaît en lui-même en tant qu’il se fait. Ainsi apparaît la possibilité de constituer une législation de sa liberté, par sa liberté, pour sa liberté. Il faut, par conséquent, découvrir les lois de la liberté. La liberté, en tant qu’elle apparaît dans le monde, est un phénomène. Comme la nature, on ne peut la concevoir sans une loi qui préside à son unification dans la représentation. Mais parce que l’homme est en même temps sujet de cette représentation, chose en soi, il peut et il doit élaborer la loi de sa liberté. Ainsi l’élaboration théorique et pratique se rejoignent. Il est dès lors nécessaire de concevoir la loi de la liberté pour que la liberté puisse être. Ainsi la méthode de résolution qui nous offre de concevoir l’essence même de l’homme doit nous permettre, par voie de composition, d’établir cette essence dans ses droits. C’est à cette recherche que se sont attachés les penseurs du droit naturel, élaborant ainsi une sorte de physique des atomes sociaux.

 C’est, en effet, en remontant jusqu’à la nécessité légale de l’ordre humain, en mettant au jour sa nature, que l’on peut découvrir le lieu de sa liberté essentielle et ainsi lui assurer la place nécessaire à son exercice. Ainsi, en concevant le droit de l’homme, sa liberté, est mise à jour la loi qui doit faire exister ce droit et qui lui est unie comme Janus à lui-même. La question est alors de savoir comment se réalise un ordre juste et dans quel champ ? Il s’agit donc de partir du donné, de la pluralité contradictoire des volontés et s’élever de là à l’universel commun qui soit la vérité de toutes, autrement dit, à ce que veut vraiment l’homme et par conséquent ce que doivent vouloir tous les hommes. Or que nous révèle l’hypothèse d’un état de licence absolue, tel qu’on le trouve chez Hobbes. Il nous montre que la liberté outrancière et non réglée de tous conduit à la naissance d’une passion fondamentale : la crainte de la mort violente. Parce que la nature de l’homme est celle d’un être de désir voulant les moyens de réaliser ses désirs, une contradiction naît entre l’état naturel des volontés et leur aspiration commune. Comme la liberté absolue engendre un état tel que la condition première de la liberté, la vie, menace constamment d’être ruinée, un calcul s’engage dans le for intime de chacun, lui enjoignant de trouver un moyen permettant de quitter cet état. C’est dès lors cette crainte de la mort violente qui vaut comme un impératif moral de constitution d’une législation universelle. Celui qui souhaite persister en cet état va contre son propre droit puisqu’il en ruine la possibilité. Sa liberté menace la liberté. Ainsi comme le formule Rousseau, dans sa propre tentative de constitution d’un ordre de liberté universel, « celui qui ne veut pas être libre, on le forcera à être libre ». Ainsi la condition même de la liberté est une articulation des libertés contradictoires garantissant le champ d’une liberté pour tous. La liberté ne peut exister sans la loi qui fonde la réciprocité des droits et des devoirs.

 

 

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