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Rubrique proposée et animée par  François Palacio

Dissertations de philosophie

Peut-on concevoir une liberté sans loi ?  (6 heures)

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Or, en réalisant ainsi un ordre légal, l’homme réalise sa propre nature d’agent libre et par là-même répond à la volonté naturelle qui instrumentalise les passions humaines pour élever à un plus haut niveau les possibilités dont elle est porteuse. C’est, selon l’expression de Kant dans l’Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique, « un accord pathologiquement extorqué » qui permet d’instituer un ordre naturel, car immanent et universel, en même temps qu’il se produit par les seules forces de la liberté dont l’essence est justement de dépasser l’accord instinctif de l’être à l’ordre naturel. L’artifice légal est une réalisation supérieure et réflexive de cet ordre naturel. Aussi cet ordre est-il à faire et non pas à découvrir. Il doit être conçu dans la pratique et réalisé par les voies de la liberté. En ce sens, la liberté est créatrice comme la nature, en tant qu’elle installe dans son propre développement l’espace d’un monde et son expansion temporelle. L’homme n’est vraiment libre qu’en se déterminant, créant par là un ordre nécessaire dont la loi est condition de possibilité.

 

En conséquence, nous pouvons conclure qu’une liberté sans loi ne peut être conçue. Cette proposition doit s’entendre en deux sens : d’une part, comme le montre la réalité politique des rapports interhumains, une liberté sans loi ne peut que détruire la liberté, chacun voulant pour soi seul ce que tous veulent pour eux ; d’autre part, c’est intérieurement à son concept qu’une liberté sans loi pas concevable. En effet, s’inscrire dans un monde, c’est se déterminer, c’est acquérir une forme et par là même réaliser dans la manifestation phénoménale sa propre loi d’essence. Aussi la liberté est-elle créatrice comme l’œuvre d’art. Celle-ci est elle-même un monde de signification dont la clôture sur soi contient et exprime sa loi propre. De ce point de vue, nous pourrions concevoir la cohue bigarrée des actions historiques sur un mode esthétique. Ce qui apparaît comme " une histoire pleine de fureur et de bruit racontée par un fou ", où la liberté est bafouée par la liberté elle-même, s’annonce, à l’aune d’un principe réfléchissant, comme  le lieu même de la liberté se faisant. La liberté crée elle-même les conditions de son droit et quand elle renonce à la loi c’est pour d’autant mieux faire signe vers leur nécessaire inclusion. Il a fallu deux guerres mondiales pour qu’une société des nations devienne communauté internationale. C’est là l’hommage que le vice rend à la vertu.

 

 

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