Notes(1) Emmanuel
Lévinas, " Jean Wahl sans avoir ni être " in
Hors sujet", Montpellier, Fata Morgana, 1987, p. 117.
(2) Dans un
entretien avec Richard Kearney, " De la phénoménologie à
l’éthique. Entretien avec Emmanuel Lévinas " in Esprit,
n° 234 (" Lectures d’Emmanuel Lévinas "),
juillet 1997, p. 130, Lévinas précise : " Le fait
que la philosophie ne peut complètement totaliser l’altérité du
sens dans une simultanéité ou présence finale n’est pas pour moi
une déficience ou une faute. Pour le dire autrement, la meilleure chose
concernant la philosophie, c’est qu’elle échoue. Mieux vaut que la
philosophie ne réussisse pas à totaliser le sens – bien que, comme
ontologie, c’est justement ce qu’elle a essayé de faire –, car
cela la garde ouverte à l’irréductible altérité de la
transcendance ".
(3) Emmanuel Lévinas,
Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, Dordrecht,
Kluwer Academic Publishers, 1988, p. 93.
(4) Lévinas prend
soin de distinguer éthique et morale. La morale est de l’ordre
sociopolitique, s’épuise dans les règles et normes à suivre et
implique le devoir civique, tandis que l’éthique est selon lui la
philosophie primaire à distinguer de la moralité : " L’éthique,
comme mise à nu extrême et sensibilité d’une subjectivité pour une
autre, devient moralité et durcit sa carapace aussitôt qu’on entre
dans le monde politique du "troisième" impersonnel – le
monde du gouvernement, des institutions, des tribunaux, des prisons, des
écoles, des comités, etc. [...]. Si l’ordre politico-moral abandonne
sa fondation éthique, il doit accepter toutes les formes de société,
y compris le fascisme et le totalitarisme " (" De la
phénoménologie à l’éthique. Entretien avec Emmanuel Lévinas "
in Esprit, n° 234, op. cit., p. 137).
(5) Emmanuel Lévinas,
Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, op. cit.,
p. 100.
(6) Emmanuel Lévinas,
Le Temps et l’autre, Paris, PUF, 1993, p. 73.
(7) Emmanuel Lévinas,
Totalité et infini. Essai sur l’extériorité, La
Haye, Martinus Nijhoff, 1984, p. 102.
(8) Cf. Emmanuel Lévinas,
" Entretien " in Répondre d’autrui.
Entretien avec Emmanuel Lévinas (textes réunis par
Jean-Christophe Aeschlimann), Boudry-Neuchâtel, Éditions de la Baconnière,
1989, pp. 13-14.
(9) Emmanuel Lévinas,
Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, op. cit.,
p. 99.
(10) Emmanuel Lévinas,
De Dieu qui vient à l’idée, Paris, Vrin, 1982, p. 142.
(11) Peut-on
jamais trop revendiquer l’hospitalité de nos jours ? À cet égard
la pensée de Lévinas est d’une grande actualité et pour cette
question on peut le considérer comme un précurseur de penseurs qui –
malgré les différences qui les séparent – sont aujourd’hui préoccupés
par le souci d’une hospitalité inconditionnelle, infinie ou absolue,
à distinguer de l’hospitalité juridique. Je pense notamment à René
Schérer, Zeus hospitalier. Éloge de l’hospitalité, Paris,
Armand Colin, 1993 ; Jean-Luc Nancy, Être singulier
pluriel, Paris, Galilée, 1996 ; Jacques Derrida, Cosmopolites
de tous les pays, encore un effort, Paris, Galilée, 1997.
(12) Emmanuel Lévinas,
Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, op. cit.,
p. 96.
(13) Emmanuel Lévinas,
Totalité et infini. Essai sur l’extériorité, op. cit.,
pp. 235-236.
(14) Emmanuel Lévinas,
Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, op. cit.,
p. 96, note 10.
(15) Ibid.,
p. 64.
(16) Ibid.,
p. 62.
(17) Ibid.,
p. 60, note 33.
(18) Jean-François
Lyotard, Heidegger et "les juifs", Paris, Galilée,
1988, p. 41. Il m’est impossible d’aborder ici le rapport entre
Lévinas et Lyotard. Rapport qui s’avère très intéressant et qui mériterait
une analyse approfondie mettant face-à-face le " dédire du
dire " et le " différend ", ainsi que
" Dieu invisible " et le " paganisme ".
Notons seulement que l’influence de Lévinas sur Lyotard à été
considérable, les références multiples dans ses écrits en témoignent.
Cf. par exemple l’entretien direct et tonique entre les deux penseurs
dans Autrement que savoir. Emmanuel Lévinas, Paris, Osiris,
1986.
(19) Le " sujet "
représente l’ancien rêve des philosophes à la recherche d’une
fable leur garantissant une autonomie, un pouvoir, une conquête par
rapport à ce qui échappera éternellement à leur maîtrise :
l’amour, la vulnérabilité et la finitude. Accompagnée du rêve de
l’identité, cette fable s’avère une illusion dangereuse, car la
revendication d’une identité, d’un lieu et d’une origine propres
va toujours de pair avec l’effacement de l’étranger : l’étrangeté
d’autrui et celle qui, traversant le " moi ", le
rend étranger à soi même.
(20) Cf.
l’entretien avec Richard Kearney, " De la phénoménologie
à l’éthique. Entretien avec Emmanuel Lévinas " in
Esprit, n° 234, op. cit, p. 131. Ce n’est
pas le seul passage à indiquer que la notion de Dieu chez Lévinas est
davantage compatible avec l’athéisme qu’avec l’idolâtrie comme
foi aveugle, et que dans le judaïsme – tel qu’il l’entend – il
n’y a pas de sens fixe, la lettre est toujours à réinterpréter, en
appelle à de nouvelles ouvertures. Si cette recherche de ce qui ne se
représente pas appartient certes au domaine religieux, elle s’y avère
en même temps irréductible, dans la mesure où elle constitue un enjeu
profondément philosophique et où actuellement, plus que jamais, la
philosophie s’avère irréductible au savoir, à la présence et au
sens figé.
(21) Emmanuel Lévinas,
" Le nom de Dieu. D’après quelques textes talmudiques "
in L’Intrigue de l’infini, Paris, Flammarion,
1994, pp. 228-229.
(22) Emmanuel Lévinas,
Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, op. cit.,
p. 69.
(23) Ibid.,
p. 99.
(24) Emmanuel Lévinas,
De l’existence à l’existant, Paris, Vrin, 1973, p. 160.
(25) Ibid.,
p. 162.
(26) Avec leurs
contributions, Catherine Chalier et Jacques Derrida ont été les
premiers à attirer l’attention sur ce fait. Cf. Catherine Chalier, Figures
du féminin. Lecture d’Emmanuel Lévinas, Paris, La Nuit surveillée,
1982, ainsi que Jacques Derrida, " En ce moment-même dans cet
ouvrage me voici " in Textes pour Emmanuel Lévinas,
Paris, François Laruelle/Jean-Michel Place éditeur, 1980, pp. 21-61.
(27) Emmanuel Lévinas,
Le Temps et l’autre, op. cit., pp. 77-78.
(28) Emmanuel Lévinas,
Totalité et infini. Essai sur l’extériorité, op. cit.,
p. 94.
(29) Belle et tout
aussi effrayante expression de Marc-Alain Ouaknin, Concerto pour
quatre consonnes sans voyelles. Au-delà du principe d’identité,
Paris, Balland, 1991, p. 256.
(30) La féminité
qui est l’équivocité par excellence apparaît comme primaire et
secondaire à la fois : primaire car l’altérité sexuelle est la
condition du recommencement infini de l’être. Secondaire car la féminité
est aussi bien faiblesse que domination, hors-langage, risque de
profanation, ouvrant l’éthique mais n’en faisant pas encore partie,
risque de contamination, renversement. Or, la féminité ne peut s’avérer
inquiétante et le féminin altérité pure que dans la perspective
d’un homme. Cf. pour toutes ces contradictions, " Phénoménologie
de l’éros " in Totalité et infini. Essai sur
l’extériorité. op. cit., pp. 233-244. Cette
question est approfondie dans ma thèse de doctorat : La Défaillance
du sujet ; le féminin. Différence sexuelle et immémorial dans
les écrits d’Emmanuel Lévinas (Thèse de doctorat de
Philosophie, sous la direction du Professeur René Schérer, Université
Paris VIII, novembre 1998).
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