Kant,
Fondements de la métaphysique des mœurs.
"Le
devoir est la nécessité d'accomplir une action par
respect pour la loi." Fondements de la Métaphysique
des mœurs, Première section.
J.
Costilhes commente: "Cette définition est
l'expression la plus précise qui ait été donné de la
règle morale. On peut obéir, en effet, à une loi de
deux façons, soit par respect pour la loi parce que
c'est la loi, soit en vue d'un but déterminé qu'on
veut atteindre."
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I-
La nécessité
n'est pas celle d'un mécanisme, d'une loi subie, d'une passion,
mais d'une représentation de la loi morale et
d'un sentiment de respect que cette loi suscite chez un être
raisonnable dont elle humilie la sensibilité.
II-
Cette
obéissance à la loi ne peut avoir tel ou tel contenu particulier
pour mobile, tel ou tel intérêt sensible car cela réduirait
l'action à un moyen de satisfaire un désir.
III-
L'action morale,
agir par devoir, exige que seule la forme de la
loi morale soit le principe de l'action:
"Je
dois toujours agir de telle façon que je puisse
vouloir aussi que ma maxime devienne une loi universelle."
Fondements de la Métaphysique des mœurs, Première
section.
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-
J'affirme l'humanité d'une action qui dépend uniquement et
directement de la raison.
"La
moralité n'est qu'une figure du respect pour la loi
morale qui n'est rien d'autre que le mobile, exigence
intérieure." Fondements de la Métaphysique des mœurs,
Première section.
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IV-
Comprendre
que la loi morale a un effet négatif et un effet positif:
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Négativement
elle s'oppose aux penchants de la sensibilité et provoque un déchirement,
une douleur. L'écart entre le loi morale
universelle et les appétits sensibles particuliers a pour
effet d'humilier l'homme et de blesser sa conscience de soi,
sa dignité, en révélant ses faiblesses.
-
Pourtant,
positivement, la loi morale provoque le respect, ce qui
affaiblit du même coup les penchants: en effet c'est
l'occasion pour chacun, en agissant par devoir, d'acquérir un
mérite et donc lui aussi de mériter le respect
puisqu'il respecte la loi morale.
La
loi morale, par sa pureté (elle est sans mélange de penchants)
induit la possibilité pour une volonté de se gouverner
elle-même, de réaliser l'humanité en sa propre
personne:
"L'impératif
pratique sera donc le suivant: Agis de telle sorte que
tu traites l'humanité dans ta personne et dans celle
d'autrui toujours en même temps comme une fin, jamais
simplement comme un moyen." Fondements de la Métaphysique
des mœurs, Deuxième section.
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V-
Personne,
fin en soi, dignité, ne sont que les figures d'une liberté
pratique morale, que Kant définit comme, "l'indépendance de
la volonté à l'égard de toute autre loi que morale."
"La
volonté n'est donc pas seulement soumise à la loi;
elle y est encore soumise de telle façon qu'elle doit
être regardée comme instituant elle-même la loi,
et comme subordonnée à cette loi (dont elle peut se
regarder elle-même comme l'auteur) pour cette unique
raison." Fondements de la Métaphysique des mœurs,
Deuxième section.
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VI-
En obéissant à une
loi valable pour tous, l'homme n'est pas aliéné car il se soumet
à sa propre législation: en obéissant à une loi universelle,
il accède à l'autonomie, à la situation d'un être qui se donne
à lui-même sa loi: il s'oblige à agir selon sa volonté
législatrice universelle, pleinement humaine, et non
selon sa volonté particulière.
Mais cette autonomie a un prix: l'humiliation de sa sensibilité,
le sacrifice de ses appétits font que l'accomplissement de son
devoir l'empêche d'être pleinement heureux. C'est un être déchiré
qui ne peut que mériter le bonheur et postuler
l'immortalité de l'âme et l'existence d'un Dieu intelligent et
tout puissant seul capable de réconcilier le concept et la
nature, le devoir et la sensibilité: le souverain bien comme réalisation
de la vertu et du bonheur en ce monde lui est interdit.
Pour
approfondir, et pour élargir vers la pensée contemporaine, cet
antagonisme, cette lutte au cœur de la conscience, se référer
à Hegel, Introduction à la philosophie de l'histoire de Hegel de
Jean Hyppolite, Seuil, page 31
"Je
suis ce combat, je ne suis pas un des termes engagés dans ce
conflit mais je suis les deux combattants et le combat lui-même,
je suis le feu et l'eau qui entrent en contact et le contact est
l'unité de ce qui absolument se fuit."
Comprendre
que la conscience ne peut qu'être malheureuse, déchirée entre
l'absolu et sa finitude de conscience de la vie. |