= Voilà
pourquoi on reste plus ou moins perplexe lorsque quelqu'un
revendique un droit au bonheur:
Exiger un droit au bonheur c'est se tourner vers l'État pour
lui demander d'intervenir et de le réaliser par l'ordre de la
loi: or le propre d'une recherche c'est d'être libre. On voit
bien que le bien commun légitime la loi et
l'intervention de l'État: mais, le bien commun n'est pas le
bonheur. L'un est de l'ordre du général et l'autre de l'ordre
du particulier, de la personnalité de chacun, de ses choix , si
en choisissant on se choisit.
L'expression
bonheur commun n'est qu'une figure du bien commun et
n'a rien à voit avec le bonheur, puisque le bonheur relève de
l'existence particulière et unique, du désir.
Revendiquer un droit au bonheur revient à tomber dans le
contradictoire puisque dans le terme "droit" il y a
cette égalité abstraite qui exige la justice d'un "pour
tous" et que dans la recherche du bonheur il y a cet
exercice de la liberté qui déploie comme existence personnelle
l'originalité de chaque être humain: la recherche du bonheur
est selon chacun.
Veut-il donc passer sous les fourches caudines de l'État celui
qui en s'écriant, j'ai droit au bonheur, s'oriente vers une
sorte de soupe populaire, dans le meilleur des mondes où il aura
sa petite boite de pilules du bonheur et où la recherche du
bonheur deviendra clandestine.
= Un
conseil de "méthode" pour le mouvement de votre
dissertation:
Éviter de commencer par oui ou non car, à la
lettre, le devoir est terminé.
Comme un bon juge, vous devez peser les arguments des thèses
adverses et donc commencer par y prêter attention en leur
donnant toutes leurs chances. Et surtout ne jamais sous-estimer
un adversaire. A ce niveau il est inutile de prendre partie et
de s'enfermer dans le contradictoire d'une première partie qui
s'écrie oui et d'une seconde partie qui clame non.
Soulignez bien l'alternative: ou bien la recherche du bonheur
est la grande affaire de l'individu, ou bien c'est la grande
affaire de la politique. Gardez la médiation pour la troisième
partie. Comme pour Le Clézio, l'important est de savoir
attendre. L'ennemi, c'est l'impatience. |