= La
recherche du bonheur est affaire d'action politique de l'État
affirme immédiatement l'opinion qui en attendant tout de l'État
transforme ses besoins en connaissance.
(Il y a toujours une part de vérité dans l'opinion, essayez de
construire une argumentation jusqu'au moment où vous vous
heurterez à une objection qui vous contraindra à écouter la
thèse adverse).
Par exemple: si on donne le bonheur à chacun, il n'y a plus de
recherche possible. Et si le bonheur est dans la recherche, il
n'y a plus de bonheur personnel possible.
Ou encore: chacun crie à la tyrannie lorsqu'on lui demande de
renoncer à sa propre recherche du bonheur pour rechercher le
bien commun, préparer des lendemains qui chantent, lendemains
qui comme l'horizon s'éloignent au fur et à mesure qu'on n'en
rapproche.
= A
la réflexion, si le bonheur à poursuivre est posé par
l'originalité, la personnalité, le désir de chacun, sa
recherche, dépendant de cette position du bonheur comme une fin
propre, paraît plutôt une affaire privée du début à la fin
puisque seul l'individu est à même de la conduire. En quoi l'État
pourrait-il s'en mêler légitimement puisqu'il tient sa légitimité
de la recherche du bien commun et de rien d'autre. La recherche
du bonheur comme exercice de la liberté relève donc du désir,
de l'existence, et non de l'art politique qui a pour domaine la
coexistence des libertés...
=
Pour une transition: mais dans la recherche du bonheur d'une
part chacun est tenté de mettre avant tout son bonheur
personnel ce qui transforme les autres en obstacles ou en moyens
et d'autre part, chacun a besoin pour exercer sa recherche d'un
minimum de justice c'est à dire d'égalité: pouvoir se délivrer
des besoins en accédant à un minimum de biens. Il faut donc
une "justice institution" qui assure grâce à des
lois une équité dans l'accès aux biens et qui corrige les excès
et par là assure à chacun une certaine sécurité sans
laquelle la liberté ne peut exister.
Vous pouvez alors souligner l'embarras dans lequel l'attention
aux deux thèses vous plonge: que répondre au sujet?
= La
médiation peut être assurée par la distinction entre le droit
au bonheur et le droit à la justice. Si on prend 'j'ai droit au
bonheur' au sens de "j'ai droit à une certaine
justice", c'est acceptable. Quelle est la part du public
dans la recherche du bonheur? Dans quelle mesure...
Chacun sera-t-il comme un sauvage dans la ville
où il posera ses propres fins? Certes la recherche de son
bonheur lui incombe comme il incombe à l'État d'assurer une
certaine égalité qui délivre des besoins et assure la sécurité
nécessaire à la liberté. La recherche du bonheur n'est donc
pas affaire de politique mais affaire privée: ce qui est
affaire de politique c'est l'intérêt général: mais en
assurant l'intérêt général l'État permet à chacun d'échapper
à l'aliénation, aux besoins qui empêchent la recherche
effective du bonheur. En ce sens, même si la recherche du
bonheur de chacun n'incombe pas à l'État les conditions de
possibilité de cette recherche (égalité et sécurité)
doivent être être assurées par l'État.
(La confusion entre le politique et le religieux fait bien
entendu disparaître la liberté de la recherche dans la mesure
où le bonheur est déterminé par la croyance => intérêt
de la laïcité qui respecte les religions mais les empêche de
déterminer dans la loi ce qu'est le bonheur: séparation de l'Église
et de l'État). |