= S'orienter
dans la recherche du problème, de la question fondamentale:
S'il était possible de répondre oui ou non de manière immédiate,
rigoureuse, argumentée, le sujet ne vous serait pas posé.
C'est parce qu'il est embarrassant qu'il vous est posé.
= Il
s'agit de le questionner, ce sujet. Pour cela étonnez-vous
devant la question: l'étonnement naît toujours d'un
calcul déçu: on s'attendait à quelque chose, on trouve autre
chose. Or ce qui permet de calculer ( déduire rigoureusement )
ce sont les définitions: c'est parce que la recherche du
bonheur ne que ne peut être que l'exercice d'une liberté de
l'individu dans la sphère du privé puisqu'il
est libre de poser ses propres fins et de les poursuivre par des
moyens que, au besoin, il invente, et parce que la politique
c'est la conduite des affaires publiques, que
la question surprend.
Saisir que deux termes dans le sujet qui vous est proposé se choquent
pour ainsi dire, c'est être étonné et poser la question:
comment la question posée ose mettre en relation aussi étroite
ce qui semble s'exclure, le privé et le public!
L'étonnement
vous oriente vers le problème et marque l'urgence de
trouver une solution parce que, après tout, le totalitarisme (
laïc ou religieux) a existé, existe, et probablement existera.
Peut-on trouver une médiation toujours préférable à un
compromis entre la recherche du bonheur et l'art politique? Le
choc entre les deux termes nous invite toujours à ajouter au
sujet l'expression: dans quelle mesure ...
Attention,
ne pas laisser une chance au sujet reviendrait à le refuser:
que la recherche du bonheur puisse être reliée d'une manière
ou d'une autre à la politique, c'est possible sans pour cela
aller jusqu'à affirmer que le bonheur est un droit.
Que la recherche du bonheur soit affaire de politique peut
signifier en effet qu'il appartiendrait à l'État par ses
assemblées et ses lois d'agir pour que la recherche du bonheur
soit réalisée selon une détermination générale du bonheur,
une sorte de bonheur commun: il fixerait les fins de l'existence
humaine et organiserait les moyens de les réaliser produisant
ainsi l'aliénation de chacun et confondant le bonheur avec un
bien commun utopique. Et, il est vrai que la recherche du bien
commun justifie la loi. Dans une telle perspective le bonheur
serait bien un droit dont la politique, comme exercice d'un
pouvoir contraignant, aurait comme "affaire" de
contraindre chacun à la réalisation effective. On les
forcerait à être heureux, on les forcerait à être libre. |