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 L' ANIMAL ET L' HOMME

Pages de ressources par Joseph Llapasset

Kafka , La métamorphose. (page 1 - page 2 - page 3 - page 4 - page 5 ...)
La métamorphose d'une famille... 

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A l'occasion de la lecture de l'acte 1 ...

 Au contraire de la métamorphose physique de Gregor qui est quasi instantanée, le reste de la famille effectue sa métamorphose morale de manière progressive: dans tous les cas un élément apparaît au sein de l'ancienne forme, un élément qui semble nouveau alors qu'il était peut-être simplement latent, un élément dynamique par rapport auquel, comme dans un système, tout le reste se redéploie. Chaque membre de la famille de Gregor garde son corps vivant humain sur lequel il exerce une certaine puissance et, de ce fait, devient instantanément supérieur à Gregor. C'est la conduite qui est redéployée, qui s'écarte de l'animal parasite qui profitait et se rapproche de l'humanité qui travaille, prend des loisirs, a des projets, connaît la joie mais aussi exerce la violence.

 En effet dans tous les cas, un ou plusieurs éléments nouveaux apparaissent au sein même de l'ancienne attitude: si le père frappe doucement à la porte c'est avec le poing!
Ce qui déclenche la métamorphose du comportement chez le père, la soeur et la mère c'est la constatation visuelle et indiscutable (ça crève les yeux!) de la transformation effective de Gregor en animal. Etant donné les rapports entre l'animal et l'homme il est bien évident que cela laisse une place libre dans la structure familiale existante (celle du père que Gregor inconsciemment avait usurpée en étant le seul à aller gagner le pain quotidien de tous), place que le père va récupérer, chacun devenant autre en se situant désormais par rapport à lui.
En perdant son apparence humaine et progressivement la possibilité de communiquer avec son entourage, en endossant celle d'un animal incapable de prendre immédiatement telle ou telle position humaine, Gregor va devenir dépendant (parasite) et laisser un espace dans lequel des autres membres de la famille, en quittant l'état de parasite, vont retrouver leur humanité avec leur liberté que l'activité de Gregor étouffait. Ce qui donne à penser que c'est par rapport à l'animal que l'homme prend confiance en lui et se constitue dans une supériorité dont il ne doute jamais: il est maître de son corps, à ce qu'il lui semble, de cette maîtrise qui fuit le pauvre Gregor. La force de l'homme se définit dans une relation à une force inférieure, dans un rapport à l'animal qui, certes, recevra sa nourriture mais comme un parasite vit aux dépends de ceux qui le nourrissent, devenant ainsi un poids dont on finira par songer à se débarrasser.

 Dès le réveil Gregor perd sa faculté d'agir (plus de bras, plus de mains) et progressivement sa faculté de parler: c'est parce qu'il a perdu son corps vivant humain. Le tragique vient toujours d'un effort immense et inutile, d'une impuissance et de la conscience de cette impuissance. Gregor n'a rien perdu de sa subjectivité et cela le rend digne de pitié,aux yeux du lecteur du moins. A la réflexion, un animal qui pense, qui lutte contre l'oubli, mais n'est-ce pas la condition humaine? 
On peut se demander si ce n'est pas une agonie qui commence, une lutte contre l'oubli pour garder cette humanité dont pourtant il s'éloigne inéluctablement. Gregor va mourir, n'était-il pas un être pour la mort?

 Le père arrive et frappe doucement avec le poing ... parle sur un ton de reproche comme une mère qui dit le devoir à son grand fils; mais très vite, il dit la loi, il commande, prend un ton hostile, celui du combat, mène une guerre intelligente contre l'animal qui n'est autre que son fils, et termine d'un coup d'une violence extrême.
Entre temps le narrateur nous parle de la "puissante poitrine" du père, de ses "sifflements de sauvage": où est passé le vieillard assisté, le parasite résigné?

Mais cela n'est-il pas moins évident chez la soeur et chez la mère?

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