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  • La perception ne nous permet-elle d'atteindre que l'apparence ?

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== Pour la compréhension du sujet, vers le problème:

1) Qu'est-ce qu'une perception? Alain:

On soutient communément que c'est le toucher qui nous instruit, et par constatation pure et simple, sans aucune interprétation. Mais il n'en est rien. Je ne touche pas ce dé cubique. Non. Je touche successivement des arêtes, des pointes, des plans durs et lisses, et réunissant toutes ces apparences en un seul objet, je juge que cet objet est cubique. Exercez-vous sur d'autres exemples, car cette analyse conduit fort loin, et il importe de bien assurer ses premiers pas. Au surplus il est assez clair que je ne puis pas constater comme un fait donné à mes sens que ce dé cubique et dur est en même temps blanc de partout, et marqué de points noirs. Je ne le vois jamais en même temps de partout, et jamais les faces visibles ne sont colorées de même en même temps, pas plus du reste que je ne les vois égales en même temps. Mais pourtant c'est un cube que je vois, à faces égales, et toutes également blanches. Et je vois cette chose même que je touche. Platon, dans son Théétète, demandait par quel sens je connais l'union des perceptions des différents sens en un seul objet.
On ne fera pas difficulté d'admettre que c'est là une opération d'entendement, dont les sens fournissent seulement la matière.
(texte de ALAIN)

2) Perception et apparences: M. Henry

Quant aux qualités sensibles qui font que ces corps se présentent à nous comme colorés, sonores, odorants, chauds, durs, etc., ce sont des apparences qui tiennent à l'organisation biologique des animaux particuliers que nous sommes. On sait par exemple que certains animaux n'entendent pas les mêmes sons que nous. Il y a donc un univers d'apparences sensibles qui tient à l'organisation contingente de nos organismes. Il faut substituer à cette série d'apparences naïves la connaissance géométrique des corps matériels, la seule vraie. Il n'y a pas de science de la sensibilité. 

L'univers, dit Galilée, est un grand Livre. Ce livre est écrit dans une certaine langue dont les caractères sont des cercles, des triangles et autres figures géométriques. Seul celui qui connaît cette langue peut connaître et comprendre l'univers qui est le nôtre. 

La décision galiléenne est ce que j'appelle l'acte proto-fondateur de la modernité. Il a établi des façons de penser auxquelles nous croyons tous aujourd'hui sans aucun recul, sans aucun esprit critique. Très rares sont ceux qui mettent en doute de telles propositions. Ces idées avaient commencé de se répandre très vite dans les vingt premières années du XVIIe siècle. Elles sont reprises notamment par un philosophe immense, Descartes qui, dans l'analyse du morceau de cire de la Deuxième Méditation, avance une définition du corps dont les termes sont empruntés à Galilée, même s'il ne le cite pas. Le corps pour Descartes est res extensa, c'est une chose étendue qui a des propriétés géométriques. Ce que Descartes ajoute à la physique galiléenne résulte du fait qu'il est capable de donner une formulation mathématique à ces propriétés géométriques, avec le système des abscisses et des ordonnées. C'est alors que la science moderne est véritablement créée, science qui n'est autre que la connaissance géométrico-mathématique de l'univers objectif réel, réel en tant que corrélat d'une telle connaissance. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est qu'au moment où ces idées vont façonner la modernité et fonder la science nouvelle, Descartes, qui joue un rôle considérable dans cette fondation, ouvre d'autres perspectives, plus décisives encore, même si elles demeurent aujourd'hui largement incompréhensibles et inexploitées.

Galilée opère ce qu'on appelle en phénoménologie une réduction, c'est-à-dire qu'il réduit le monde à ces corps matériels réels étendus dont la science physico-mathématique fait son nouvel objet. Quant aux qualités sensibles, à la sensibilité, aux apparences subjectives en général, à la subjectivité donc et à ce que j'appellerai la vie, la subjectivité vivante, il les met hors du champ de recherche de la science qu'il vient de fonder et à laquelle la modernité va réduire le savoir véritable.

Descartes, au contraire, opère une contre-réduction. Tout en suivant Galilée dans son oeuvre de fondation de la nouvelle science de l'univers matériel, il ne tient pas pour autant les apparences subjectives, les sensations, les impressions, les désirs, les émotions, la sensibilité, l'affectivité, la subjectivité en général pour des illusions. Que peut bien signifier d'ailleurs tenir une douleur, une crainte, une angoisse pour une illusion ? Cette douleur, cette souffrance, ne l'éprouvons-nous pas et, en tant que nous l'éprouvons, n'est-elle pas bien réelle une réalité qu'il n'est pas possible de contester et qui, à ce titre, est plus certaine que celle du monde une réalité incontestable. Telle est l'extraordinaire contre-réduction accomplie par Descartes. Tout ce que Galilée avait écarté de sa connaissance rationnelle du monde extérieur objectif, Descartes le recueille pour en faire ce qu'il appelle des cogitationes, des modalités de l'âme. Ce sont ces modalités de l'âme qui sont plus essentielles, plus certaines que la réalité des corps qui composent l'univers et qu'étudie la science.

C'est ce qu'établit Descartes dans l'ensemble des textes qui définissent le cogito et notamment à l'article 24 des Passions de l'âme. Supposons que je rêve. La supposition du rêve est celle de la non-existence du monde l'hypothèse que ce monde que nous tenons habituellement pour certain et qui est le monde de la science est douteux. Si je rêve, en effet, rien de ce que je vois dans ce rêve n'existe. Le monde tout entier n'est peut-être qu'un rêve. Mais si, toujours dans ce rêve, j'éprouve une crainte, une frayeur, cette frayeur, bien qu'il s'agisse d'un rêve, existe. Non seulement elle existe, mais elle existe telle que je l'éprouve, absolument, incontestablement. Ainsi, la vie subjective est-elle une sphère de certitude absolue, indépendante de la vérité du monde et de la science, puisqu'elle existe quand bien même il n'y aurait plus de monde.

Le corps, me direz-vous. Eh bien, le corps est en question aussi longtemps que nous croyons qu'il appartient au monde et tient sa certitude de celle du monde. Car si le monde est douteux, le corps l'est aussi. Or, il est très remarquable que, chez Descartes, le corps ne tient pas sa certitude du monde mais seulement de la perception que j'en ai. C'est parce que ma perception du corps, de ce corps que Descartes comprend à la suite de Galilée comme res extensa est certaine que le corps lui-même pourra être posé comme certain. Loin que la vérité du corps écarte celle de la subjectivité, c'est au contraire la certitude absolue de la subjectivité, de la perception subjective du corps, en tant que cogitatio certaine, qui sera susceptible d'établir celle de l'univers et de la science de cet univers. Ainsi le renversement de la perspective qui sera celle de la science moderne est-il complet.

3) Un cours:

= Quand nous percevons, comment savons-nous que nous ne rêvons pas?

=  l'Art : apparence ou realite?

J. Llapasset

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