Faisons
le point:
Pour
le mouvement du développement. Trois pistes . . .
Première : on ne peut penser le corps sans recourir à la métaphysique,
ce qui revient à le penser comme impensable dans sa réalité.
Aller le plus loin possible du côté de la conception
spiritualiste. (revoir la page
1)
Deuxième : comme un bon juge, on suit l'argumentation de la
partie adverse: on peut penser le corps, il suffit de le
prendre en considération, de mesurer tout ce qu'il peut faire
et tout ce qu'il fait effectivement.
Spinoza => Schopenhauer => Nietzsche => Freud.
Nous prendrons pour exemple Nietzsche: la conception politique
du corps.
Troisième
: comment penser le corps en deçà de la dualité de l'âme
et du corps: Michel Henry.
La
deuxième partie doit commencer par faire apparaître la stratégie
de ceux qui affirment que le corps est la chose la plus aisée
à connaître et qu'il est donc possible de penser une
structure, une représentation rationnelle du corps.
Avec la première page le problème a été mis en lumière:
on ne peut penser le corps que comme non pensable: on ne
peut saisir dans une structure rationnelle le corps objet et
le corps propre parce qu'ils ne sont pas dans la même
dimension, pour ainsi dire. En effet mon corps ne
saurait être donné au bout d'un regard intentionnel car il
est ce qui permet tous les regards, le médiateur absolu, le
centre dans l'ombre, ce que l'acte de transcendance ne pourra
jamais atteindre. Ce qui ne peut être donné (le corps
propre), ne peut évidemment entrer dans une structure qui
rassemble selon un ordre ce qui est donné (le corps objet).
"Définie par tout ce dont un corps se trouve dépourvu,
la chair ne saurait se confondre avec lui, elle est bien plutôt,
si l'on peut dire, l'exact contraire." Michel Henry,
Incarnation, page 9.
Ceux
qui veulent penser le corps vont devoir lui "donner"
le plus d'objectivité possible: pour cela il faut réduire le
plus possible l'écart entre le corps et l'âme, l'importance
de l'âme par rapport au corps: faire du corps le lieu du moi,
de la grande raison, l'identifier à la volonté et réduire
la petite raison et la volonté de l'individu au simple statut
d'épigone.
Plus je diminue l'importance de l'âme, de la conscience, et
plus je la relativise, et plus je me rapproche des conditions
pour penser le corps comme une structure autonome. C'est le
corps qui veut, c'est le corps qui pense, c'est le corps qui
est esprit, volonté, puissance. Le corps n'est peut-être
qu'un lieu où des forces s'affrontent selon l'action et la réaction:
pourquoi pas une conception politique du corps pour penser la
réalité du corps?
"Mais l'homme éveillé, celui qui sait dit: Corps
suis tout entier et rien d'autre, et âme n'est qu'un mot pour
quelque chose dans le corps." Nietzsche, Ainsi
parlait Zarathoustra, traduct. De Gandillac, Idées/
Gallimard, page 45.
La
liberté de l'individu, pour Spinoza, n'était qu'une illusion
née d'une ignorance de ce que peut le corps. Ah! toujours
orienté vers la connaissance, vers la conscience et l'esprit,
nous avons délaissé le corps au point de ne pas l'étudier,
de l'ignorer: c'est peut-être que le spiritualisme de Platon
et de bien d'autres nous a détournés en nous apprenant à le
mépriser et à le dénigrer dans le même mouvement.
Pour nous préparer à la lecture de la page 3, nous pourrions
lire dans Ainsi parlait Zarathoustra, tr. De Gandillac, Idées/
Gallimard, Première partie, Des contempteurs du corps.
Vers
la page
3: Spinoza
ouvre la voie pour penser le corps
Joseph
Llapasset ©
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