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Auteurs

MARIVAUX,

Le Jeu de l'Amour et du Hasard.  

   
Pages : 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6.

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Le valet mène les choses rondement. Après quelques approches galantes, il réclame sans ambages: "Dites-moi que vous m'aimez". Lisette, plus consciente des réalités, nuance sa réponse: "Mon coeur vous aurait choisi dans quelque état que vous eussiez été". Cette affirmation amène en écho: "Quand vous ne seriez que Perrette ou Margot, quand je vous aurais vue le martinet à la main descendre à la cave, vous auriez toujours été ma princesse". Après ces précautions oratoires, il va chercher à boucler l'affaire: "Jurons-nous de nous aimer toujours..."

Bientôt, il annoncera sa "bonne aventure" à son maître, son "bonheur qui va son train". Il est convaincu qu'il va "faire fortune" et réplique à Dorante, incrédule, qu"un coquin peut faire un bon mariage". L'aveu de sa condition ne lui semble pas menacer son projet: "J'espère que son amour me fera passer à table en dépit du sort qui ne m'a mis qu'au buffet", déclare-t-il d'une façon réaliste.

Après un assaut d'humilité, où chacun tâche de ménager sa révélation, ils découvriront la vérité. Leur déception mutuelle sera de courte durée,

nous y reviendrons à propos de l'opinion de Marivaux.

Ce qui est certain, c'est que, comme nous l'annoncions, nos deux serviteurs trouvent dans leur déguisement l'occasion de se divertir. Sans doute trouvent-ils un grand plaisir à se faire la cour, élégamment vêtus et installés au salon, comme chez eux. Ils peuvent aussi jouer aux maîtres, dont ils connaissent si bien les façons.

Lisette donne des ordres: "Je vais à ma toilette, venez m'y coiffer, Lisette... un peu d'attention à votre service, s'il vous plaît", et Silvia s'y prête de bonne grâce: "Vous serez contente, marquise!"

Arlequin, quant à lui, rabroue son monde: "Eh! m'amie, revenez dans un quart d'heure, allez, les femmes de chambre de mon pays n'entrent point qu'on ne les appelle". Il s'impatiente: "Maudite soit la valetaille qui ne saurait nous laisser en repos!". Il exhale sa mauvaise humeur et son mépris: "Ah! les sottes gens que nos gens!" . Il affiche une indifférence pleine de hauteur: "Un honnête homme ne prend pas garde à une chambrière". Pour qu'on prenne soin de son valet, il précise, goguenard: "Le gaillard est gourmet, il boira du meilleur". Il prend un ton protecteur pour dire à Silvia: "Je vous recommande Bourguignon, c'est un garçon qui a quelque mérite".

Ils peuvent s'offrir le luxe de faire un peu enrager leurs maîtres. Lisette s'amuse à faire rougir Silvia en la taquinant sur Dorante. Arlequin, une fois détrompé, va se consoler en affirmant à son maître que la fille de la maison l'accepte tel qu'il est: "Voulez-vous gager que je l'épouse avec la casaque sur le corps?". Comme Dorante menace de prévenir monsieur Orgon, il s'écrie: "Qui? Notre père? Ah! le bon homme! Nous l'avons dans la manche!" Et il conclut d'un ton souverain: "Adieu! Quand j'aurai épousé, nous vivrons but à but (= sur le même plan)".

Des maîtres un peu coincés, des domestiques sans complexes, le dénouement qui remet tout à sa place va peut-être nous permettre de voir ce que Marivaux aurait à nous dire.

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