: le mensonge sape la confiance dans
les paroles que les hommes échangent et donc dans leurs rapports. Du
même coup ce sont les conditions du bonheur, du bien vivre d'un être
social qui sont menacées. Mentir c'est menacer la confiance au
fondement du bonheur des hommes. Remarquons que l'auteur considère le
bonheur de l'homme en société dans des relations réciproques de
confiance. Il ne lui semble pas venir à l'idée que l'homme soit un
loup pour l'homme. En conséquence tout ce qui accroît la confiance
accroît le bonheur. Ce qui est utile au bonheur de l'ensemble des
hommes est donc moral. Il s'agit d'enraciner la règle morale dans
l'expérience et non dans une raison pratique.
La
structure du texte: le texte est articulé rigoureusement en
trois parties.
1)
Première partie: (ligne 1 à 5). Mill commence par affirmer,
comme point de départ de son raisonnement déductif, une thèse
générale qui lui semble peu contestable et qu'il faut lui accorder si
on veut être convaincu par ce qui suit (parties 2 et 3). Le mensonge
sape a confiance: la confiance est au fondement du bonheur d'un être
social.
2)
Deuxième partie (5 à 11). Mill déduit deux conséquences
explicatives:
a) Ce n'est pas une solution de mentir en calculant l'utilité du
mensonge pour soi: cette utilité est infime par rapport à
l'intérêt pour tous les hommes, à l'utilité de ce que le
mensonge diminue: la confiance.
b) En conséquence, celui qui pose un acte qui diminue la confiance se
comporte comme un des pires ennemis des hommes.
3)
Troisième partie (11 à la fin). Mill introduit une restriction à ce
qu'il vient de dire: il peut y avoir des exceptions.
Explications:
faire apparaître le sens sans jamais perdre de vue l'analyse des
concepts.
En
s'écartant -
Il faut comprendre, s'écarter de la vérité, prise au sens de
véracité d'une parole, en mentant consciemment ou en faisant une
erreur sans le vouloir, ce qui "diminue" la confiance en la
parole des hommes.
on
contribue beaucoup ... à diminuer la confiance ->
Diminue: notez la métaphore arithmétique, comme
si on enlevait des éléments, des briques et par là, on affaiblissait
la confiance. Plus loin l'auteur parlera de l'accroissement de
la confiance, comme si chacun pouvait apporter une pierre à
l'édifice. Tout cela est en référence avec l'espace, avec la
matière.
cette
confiance est le fondement... ->
Confiance: c'est l'assurance, la tranquillité produite
par la croyance à la vérité des paroles qui nous sont adressées.
L'utilité de cette confiance est donc incomparable avec l'utilité d'un
mensonge. La confiance est comme une branche sur laquelle on est bien
assis et que le mensonge scierait. Quoi de plus utile que ce qui fait
apparaître la satisfaction des plaisirs, dans la sécurité, condition
nécessaire et principale du bonheur tel que Mill le conçoit: la plus
grande satisfaction, du plus grand nombre.
bien-être
->
C'est le plaisir par absence de souffrance, d'inquiétude: la jouissance
sans mélange dans le sentiment de sécurité et de tranquillité par
rapport aux promesses qui nous sont faites par exemple.
actuel
->
qui est réalisé, qui est donné en acte dans le présent, dont on peut
pleinement profiter: cueille et accumule les plaisirs quantitatifs ou
qualitatifs.
disons
même qu'il ne peut rien y avoir qui entrave davantage ...-
Même: n'ayons pas peut d'aller jusqu'à dire
....
Rien y avoir: cela signifie que s'écarter de la
vérité dans ses paroles c'est produire un mal social, le plus
important, en ce qu'il revient à empêcher le
développement de la civilisation.
la
civilisation ->
Ce par quoi une culture s'ouvre, s'élève au-dessus de ses
particularités et se tourne vers tous les hommes, vers le bien de tous.
Or pour se tourner vers les hommes, il faut la confiance et non pas les
supposer barbares et sanguinaires...
la
vertu ->
Il ne s'agit pas de mériter le bonheur dans un autre monde, de
sacrifier le bonheur au devoir mais au contraire de réconcilier le
bonheur et la vertu en les identifiant. La vertu est la volonté de
faire son propre bonheur et par contrecoup le bonheur des autres car il
ne peut y avoir de bonheur que partagé. Là encore comment pourrait-on
échanger les plaisirs, partager les plaisirs sans avoir confiance
envers les autres?
les
choses dont le bonheur humain dépend ->
Du point de vue quantitatif comme du point de vue qualitatif: ce qui
peut donner du plaisir, mais aussi l'amitié, l'amour, ne sauraient
être goûtés que dans la confiance. La méfiance fait tout
disparaître: par exemple quand on se demande si l'aliment est frelaté,
si l'amitié n'est pas un masque, et si l'amour n'est pas une duperie
...
l'insuffisante
solidité -
> Apprécier la métaphore matérielle: la fragilité de la confiance
due au mensonge, aux paroles qui s'écartent de la vérité, c'est bien
ce qui empêche les progrès de la civilisation, de la vertu...