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L'étude de texte - 

Un auteur, un texte  par J. Llapasset 

Un texte de John Stuart MILL (Bac 2006)

"S'écarter de la vérité "

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Expliquer un texte

"En s'écartant, même sans le vouloir, de la vérité, on contribue beaucoup à diminuer la confiance que peut inspirer la parole humaine, et cette confiance est le fondement principal de notre bien-être social actuel ; disons même qu'il ne peut rien y avoir qui entrave davantage les progrès de la civilisation, de la vertu, de toutes les choses dont le bonheur humain dépend pour la plus large part, que l'insuffisante solidité d'une telle confiance. C'est pourquoi, nous le sentons bien, la violation en vue d'un avantage présent, d'une règle dont l'intérêt est tellement supérieur n'est pas une solution ; c'est pourquoi celui qui, pour sa commodité personnelle ou celle d'autres individus, accomplit, sans y être forcé, un acte capable d'influer sur la confiance réciproque que des hommes peuvent accorder à leur parole, les privant ainsi du bien que représente l'accroissement de cette confiance, et leur infligeant le mal que représente son affaiblissement, se comporte comme l'un de leurs pires ennemis. Cependant, c'est un fait reconnu par tous les moralistes que cette règle même, aussi sacrée qu'elle soit, peut comporter des exceptions : ainsi - et c'est la principale - dans le cas où, pour préserver quelqu'un (et surtout un autre que soi-même) d'un grand malheur immérité, il faudrait dissimuler un fait (par exemple une information à un malfaiteur ou de mauvaises nouvelles à une personne dangereusement malade) et qu'on ne pût le faire qu'en niant le fait. Mais pour que l'exception ne soit pas élargie plus qu'il n'en est besoin et affaiblisse le moins possible la confiance en matière de véracité, il faut savoir la reconnaître et, si possible, en marquer les limites."

John Stuart Mill, L'utilitarisme"

=> Aucune connaissance sur l'auteur et ses principaux concepts n'est requise pour l'étude de texte à l'écrit au Baccalauréat. Comme ceci n'est pas un corrigé, mais une aide à la compréhension, il est possible de commencer par quelques références à l'histoire de la philosophie.

 - Stuart Mill (1806-1873) intervient dans un débat qui a eu lieu quelques 60 ans savant entre Benjamin constan, philosophe français et Kant.

En 1797, dans un recueil, Benjamin Constant affirmait: que le principe moral, dire la vérité est un devoir,   était pris d'une manière absolue (= sans admettre d'exception)cela  rendrait toute société impossible. 
(Si dans un couple, dans une famille on décide de dire la vérité, de ne pas s'écarter de la vérité dans les réponses aux paroles qu'on nous adresse ... comment cela finira-t-il?)

- La même année (1797), Kant qui se sent visé (par Constant)  dans son impératif catégorique qui commande absolument indépendamment des circonstances, monte au créneau pour se défendre et lui répond dans le petit texte Du prétendu droit de mentir: "La véracité (= ne pas s'écarter de la vérité dans ses paroles) est un devoir qui doit être regardé comme la base de tous les devoirs fondés sur un contrat et si l'on admet le mensonge dans la loi de ces devoirs, on le rend chancelante e inutile..."
Autrement dit le devoir commande absolument: il ne faut donc jamais s'écarter de la vérité consciemment, même si dire la vérité est une menace pour la vie d'un innocent.

1- La question: la règle sacrée qui commande de ne pas mentir dans ses paroles, dans ses rapports avec les autres homme souffre-t-elle des exceptions?
La règle sacrée qui commande de ne pas mentir souffre-t-elle des exceptions?

Problème: Comment ne pas mentir quand la vie d'un innocent serait préservée par le mensonge? Serait-ce moralement bon? Comment accorder d'une part que la règle est sacrée et admettre en même temps la possibilité d'une exception!

Intérêt philosophique pour la réflexion: quel est l'enjeu?
N'est-ce pas affaiblir la règle morale que d'admettre des exceptions: l'exception ne confirme jamais la règle, mais l'infirme dans la mesure où l'exception peut par le mauvais exemple donné entraîner d'autres exceptions. En faisant dépendre l'application de la règle de cas particuliers, on la relativise et on enlève son caractère absolu, de commander dans tous les cas.

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