==
Pour la compréhension du sujet, vers le problème:
==>
Commencez
par vous étonner:
si toute conscience est d'abord mémoire, vouloir oublier revient
à vouloir perdre conscience de ce passé qui nous a faits ce que
nous sommes. D'ailleurs, l'oubli est toujours involontaire:
comment concevoir un oubli volontaire? Et même si c'était
possible, celui qui voudrait oublier en cherchant à se détacher
du passé n'adhère-t-il pas à son passé davantage?
Pourtant
celui qui n'oublie pas a, dans sa conscience présente, mal à son
passé, il est, à la lettre, empoisonné.
Oublier |
Il
ne s'agit pas de l'oubli involontaire, mais du verbe
d'action: l'acte d'oublier volontairement, une sorte de
vertu qui permet de tourner la page, de se débarrasser
des regrets et des remords, de pardonner. |
La
condition |
la
condition essentielle. Condition = ce qui accompagne la
vie humaine au point que si ça disparaissait, la vie ne
serait plus humaine: ce serait l'enfer d'un présent
infesté par le passé. Il "rabache" toujours la
même chose! Il est prévisible comme une machine. |
La
vie humaine |
L'existence
de tout un chacun dans le devenir temporel, voir venir et
voir passer... |
==>
Qu'arriverait-il à celui qui ne saurait pas oublier? Il
ne pourrait "tourner la page", il succomberait sous le
poids du passé.
=
Analyser le ressentiment (Nietzsche, Généalogie de la morale,
II.). L'homme du ressentiment est caractérisé par
l'envahissement de la conscience par la mémoire: il est incapable
d'oublier, incapable de se soustraire au sentiment de honte passée,
d'humiliation éprouvée dans le passé et qui reste présente. Sa
souffrance se répète dans le présent!
==>
Une piste: Vous lirez avec profit la Deuxième
Considérations inactuelles de Nietzsche.
==>
Pour le mouvement du devoir:
- L'oubli involontaire marque la progressive
disparition du moi, de l'identité et n'est donc pas la condition
d'une vie pleinement humaine. Oublier c'est perdre conscience:
importance de la mémoire pour un être historique qui n'est pas
un animal, qui ne broute pas le présent.
-
Celui
qui ne sait pas oublier ne peut vivre dans la joie: sa vie présente
est gâchée. Il ne peut connaître l'affirmation de soi, le
pardon: il souffre le ressentiment.
-
Savoir
oublier loin d'être une faiblesse est une force qui permet de goûter
le présent et de voir venir dans l'espérance.
"L'oubli
nous rend à la présence de ce qui est, en nous retirant
à la présence de ce qui n'est plus." Lavelle, L'erreur
de Narcisse, page 115
"Il s'agit d'exister au présent et non pas au
passé. Le passé doit être mis à sa place. Il fournit
des éléments utiles à la constitution et à la compréhension
de l'actualité, mais il n'a pas le droit de s'affirmer
pour lui même. D'où la fonction positive de l'oubli."
Gusdorf, Mémoire et personnalité, II, page 290
|
Pour
élargir:
Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir?
Oublier,
une aide pour une colle niveau prépas
J.
Llapasset |