Rappelons
que nous vous proposons des pistes: vous avez à
choisir, à reprendre tel ou tel aspect, en pensant par vous même,
sous le regard de tous, en vous détournant de l'opinion
particulière pour vous tourner vers une pensée universelle que
vous aurez produite. L'opinion est de l'ordre du contingent, du
devenir, la pensée est de l'ordre du nécessaire, ou du moins
de l'universel qu'elle vise.
Notez
bien que oublier est un verbe qui désigne ce
qui arrive à quelqu'un et qu'il ressent soit comme une passion
déplorable, soit comme une action dont il s'enorgueillit.
Par exemple: je l'ai oublié, cela me fait souffrir, mais je
l'ai sur le bout de la langue: en attendant je constate qu'un
souvenir me manque, qu'un souvenir n'a pas été rappelé, que
ce manque soit dû à une absence de rappel spontané, immédiat
plutôt, ou à l'échec du rappel volontaire que je voulais
effectuer.
Mais je l'ai oublié, le tort que vous m'avez fait, marque une
action que l'on affirme avec d'autant plus de force que l'oubli
n'est peut-être pas si parfait que ça.
Je l'ai oublié, peut aussi signifier, une étourderie, un
manque d'attention, une faute: une distraction, une négligence
et / ou un manquement. C'est de l'ordre de la faute.
Mais cela nous oriente vers une relation à approfondir entre
oublier et ce niveau de la conscience qui consiste à faire
attention.
->
On n'oubliera pas le processus volontaire par
lequel on décide d'oublier et on s'efforce d'oublier, de
tourner la page, de pardonner, ou tout au moins de se débarrasser
de ce qui pourrait infester notre présent:
oublier pour exorciser le ressentiment.
->
Oublier comme passion, souffrance devant l'épreuve
de l'absence ou de l'échec:
N'est-ce pas un problème de fixation et d'effacement qui nous
renvoie à la matérialité d'un corps que nous subissons?
->
Mais plusieurs faits mettent en cause ce réductionnisme
qui ne convient qu'à l'oubli pathologique. (de l'ordre de la
passion absolue et qui ne relève donc pas du verbe oublier)
= L'imminence de la mort provoque souvent le rappel de souvenirs
à la conscience.
= Dès qu'un souvenir se remet à compter dans son rapport à
notre horizon, il réapparaît: l'absence et l'échec
marquent d'une certaine manière que le souvenir existe
toujours, puisqu'on le recherche.
= Oublier consisterait à empêcher le passé de s'affirmer pour
lui même: seuls les souvenirs utiles pour mieux cerner
l'actualité seraient activés. En ce sens Lavelle dans L'erreur
de Narcisse, page 115, écrit: "L'oubli nous rend
à la présence de ce qui est, en nous retirant à la présence
de ce qui n'est plus." Il accompagnerait donc
l'attention comme une condition.
= Tout oublier serait-il significatif d'un refoulement?
Loi de conservation de l'énergie: l'énergie non dégradée se
conserve: chez un enfant, une émotion peut dégager une énorme
énergie, surtout si elle n'est pas dégradée par la parole,
si, par exemple, il n'exprime pas son dégoût. Oublier,
de l'ordre de la passion, de ce qu'on souffre, est une conséquence
de l'accumulation d'une telle énergie. L'abréaction sera
provoquée par le rappel du souvenir refoulé lors d'une cure
psychanalytique ou d'une séance en groupe. Le patient en réagissant
brutalement dégrade l'énergie,qui s'était conservée, en
retrouvant un souvenir qui vient habiter sa conscience. En ce
sens oublier serait s'évanouir à une réalité que l'on ne
retrouverait plus à cause du poids de l'énergie non dégradée.
->
Oublier ce peut être aussi une action
volontaire.
Certainement pas en voulant oublier: cela
semble impossible car en tentant de nous débarrasser d'un
souvenir, nous nous attachons à lui en le mettant au
foyer de notre conscience, en y prêtant attention, en lui
donnant de l'importance ce qui est la meilleurs manière de ne
pas l'oublier: pourtant cet échec est riche en orientation pour
savoir ce que cela est "oublier". Il faudrait que ce
soit le souvenir qui se détache, c'est à dire qui perde
progressivement de l'importance grâce à un infléchissement
de notre vie. Comment cesser de penser à?
Comment ne plus s'occuper de?
Dans le drame de l'amour non partagé, comment oublier ce à
quoi tout nous ramène, la personne qui ne veut plus de nous.
L'oubli volontaire doit passer par le détour d'une liberté qui
en choisissant, se choisit, qui change d'horizon et de route, ce
qui fait que le souvenir passe d'abord dans la conscience
marginale, puis dans le préconscient, enfin dans des sortes de
limbes: nous en voilà débarrassé.
Un
oubli est proportionnel au désintérêt que nous portons au
souvenir oublié.
=>
Oublier est-ce s'oublier soi même, oublier une part de
soi même...
Oublier est-ce
oublier les offenses ...
Si les souvenirs tombent dans l'oubli, pourquoi essayer de les
oublier?
=>
Tout
peut-il être oublié, s'il y a un devoir de mémoire?
Problème de la prescription, des crimes contre l'humanité ...
Conclusion:
Bilan=> Conséquences Théorique?
Pratique?=>
Enjeu . Bilan
...
Oublier
est-ce la condition de la vie humaine ?
... Faut-il
effacer le passé pour construire l'avenir? |