° Rubrique Aide aux dissertations de philosophie par J. Llapasset

 Faut-il effacer le passé  pour construire l'avenir ?

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Tableau de définitions
 

Faut-il

est-il nécessaire? Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être.

effacer

tout se joue dans la définition de ce verbe! S'agit-il de faire que ce qui a été n'ait pas été? Tâche impossible car la volonté se brise sur le passé - ou bien s'agit-il de ne pas raconter, de ne plus raconter le devenir passé - ou bien s'agit-il d'oublier le passé pour ne plus le ressentir (pour comprendre ce dernier point analysez la revanche, la vengeance, le ressentiment).

le passé

ce qui n'est plus: l'avenir va au passé en passant par le présent. -ce que la mémoire retient, ce qu'elle présente comme absent, ce que l'histoire raconte: le passé est un ancien avenir et un ancien présent (hier a été demain puis aujourd'hui).

construire

élever selon un plan et des matériaux: bâtir suppose une fin, un projet et la maîtrise des moyens par la volonté.

l'avenir

ce qui n'est pas encore, ce qui vient au passé en passant par le présent. Ce qui implique une activité présente.

=>  Vers la problématisation.

Étonnez vous! Quelle maxime générale, quelle règle d'action présente peut-on tirer de ce qui n'est plus? N'est-ce pas en fonction de l'avenir (d'un projet) et d'une situation présente toujours particulière qu'il faut se décider? Ne faut-il pas laisser les morts enterrer les morts et s'occuper des vivants?
"L'élément qui façonne l'histoire est d'une tout autre nature que les réflexions tirées de l'histoire" Hegel.
-Mais si le passé (comme ce qui est écrit d'ailleurs) est mort, à la merci de toutes les interprétations du présent, si le passé n'est évoqué qu'en fonction et à travers le présent, l'effacer ne revient-il pas à effacer le présent? A quoi bon effacer ce qui est mort, disparu pour toujours? A quoi bon soulever une poussière qui ne prend forme que par un regard du présent? Si le passé est ce qui est mort comment n'entraverait-il pas la vie?

=>  Recherche du plan et des idées.

1) Demandez vous dans un premier moment pour quelles raisons l'effacement du passé permettrait de construire l'avenir.

  • La mémoire n'est-elle pas ce par quoi l'homme a un passé? Le passé l'empêche-t-il de rêver à un autre avenir? (distinguez avoir un passé et être son passé) L'homme est-il prisonnier de son passé?

  • Par la conscience du passé, l'homme découvre la fuite, la disparition future de ce qu'il construit: s'il sait que l'avenir est destiné à n'être plus, ne peut-il se décourager et se dire: à quoi bon construire mon avenir?

"Un homme qui serait incapable de rien oublier et qui serait condamné à ne voir partout qu'un devenir ne croirait plus en soi" Nietzsche. Considérations inactuelles II, 1

  • A partir du moment où je dis "Cela a été" ma volonté se brise comme une pierre. A quoi bon évoquer cette nécessité sinon pour faire jaillir des regrets et des remords qui gênent l'action dans l'instant présent (ouvert sur l'avenir) qui est le seul lieu du possible.

"Le vouloir ne peut rien sur ce qui est derrière lui." Ainsi parlait Zarathoustra II. De la rédemption.

  • S'il faut effacer le passé (au sens de l'oublier) c'est que sans l'oubli l'homme ne peut vouloir ni agir (lecture incontournable: Nietzsche, Généalogie de la morale II, 1). C'est que l'homme infesté par le passé n'agit pas, il réagit.

"Tout blesse, le souvenir est une plaie purulente." (Nietzsche, Ecce homo 16) 

=> transition:
Mais si connaître c'est reconnaître, et si l'action comme moyen d'une fin exige la prise en compte du milieu, alors pour construire l'avenir il ne faut pas oublier le passé.

2) Les raisons de ne pas effacer le passé pour construire l'avenir.

Si tout projet, toute orientation vers l'avenir, implique un présent dans lequel celui qui veut doit maîtriser les moyens, et si le présent est issu d'un devenir passé qui l'a fait ce qu'il est, alors n'y a-t-il pas un bon usage du passé?

Voir la psychanalyse, l'oubli comme refoulement qui infeste le présent => avoir un passé pour s'en libérer.

Accorder une fonction à l'histoire: scruter le passé pour reconnaître ce qui est modifiable et travailler courageusement à l'améliorer => Il ne faut pas effacer le passé pour construire l'avenir car on ne peut modifier que ce qui est modifiable: la mémoire est donc nécessaire pour distinguer la part d'invariance dans les comportements humains (nature) et la part transformable (culture). Si "En s'occupant du passé on décide de soi même" (E. Weil), en quoi, décider de soi même, c'est tracer le plan d'un avenir?

  • Est-il possible de "regarder" le passé, le comprendre pour s'en décharger et se tourner vers l'avenir?

  • En quel sens pouvons-nous choisir le passé comme notre avenir? (Nietzsche disait, les Grecs sont notre avenir..)

Dans "aide aux dissertations" utilisez les aides: 
- Dans quelle mesure peut-on parler d'un progrès de l'homme dans l'histoire?
- L'homme est-il prisonnier de son passé? 
- L'histoire est-elle inutile?
Sans oublier le cours sur l'histoire 

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